Coronavirus:
France : vigilance toujours de mise, Macron attendu

Timide accalmie sur le front du coronavirus : mais les Français doivent rester confinés après un week-end de Pâques sous cloche et avant une intervention lundi soir 13 avril d'Emmanuel Macron où il devrait annoncer une prolongation du confinement.

>>Retour du porte-avions français, 1.900 marins à répartir en isolement

>>Avec le confinement, le nombre de morts sur les routes baisse en France

Une banderole à l'entrée de la ville de La Grande-Motte, le 12 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Depuis samedi 11 avril, nous observons 220 entrées en réanimation et 255 sorties, a indiqué la Direction générale de la santé par communiqué, en l'absence de point presse du Pr Jérôme Salomon. Le solde (...) est pour le quatrième jour consécutif négatif, mais de 35 patients seulement, c’est donc une très légère baisse". Et le COVID-19 continue de tuer. Au total, 14.393 personnes sont mortes en France, soit 561 de plus en 24 heures, selon le dernier bilan officiel dimanche 12 avril.

"L'épidémie se poursuit dans notre pays de façon dynamique et continue à frapper durement, insiste la DGS. Nous constatons l’amorce d'un très haut plateau mais nous devons rester vigilants car les services hospitaliers et de réanimation prennent en charge de très nombreux patients. Il ne faut pas relâcher nos efforts et continuer à réduire chaque jour le nombre de contacts pour freiner tous ensemble la transmission du virus". Les modalités de confinement ont d'ailleurs été durcies dans plusieurs régions et 160.000 policiers et gendarmes ont été mobilisés ce week-end pour empêcher les indisciplinés de se déplacer. La pression sur les hôpitaux reste forte et la mobilisation de "plusieurs milliers de volontaires" va encore être nécessaire dans les mois à venir, a souligné le directeur général des hôpitaux de Paris, Martin Hirsch, dans Le Parisien.

À Toulon, l'Armée française a entamé une opération inédite de débarquement et de placement en isolement sanitaire de 1.900 marins, après l'accostage du porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle, de retour anticipé pour cause de coronavirus à bord.

Une logistique lourde de débarquement de tout l'équipage débute, selon la porte-parole de la préfecture maritime de Méditerranée, Christine Ribbe. Le défilé des bus et autres moyens de transports sera "cadencé, minuté", avec un objectif : "éviter que les marins ne se croisent", et réduire ainsi les risques de nouvelles contaminations. Jusqu'ici à bord, "selon mes dernières informations, il n'y avait pas d'aggravation" de l'état de santé des 50 militaires testés positifs au coronavirus, a précisé la porte-parole. Une contamination dont l'origine n'est pas encore connue.

Pour les croyants aussi, ce week-end pascal fut "bien difficile à vivre", s'est ému l'évêque auxiliaire de Lyon, Emmanuel Gobilliard. Il a célébré samedi 11 avril la vigile pascale devant une poignée de fidèles à la chapelle Saint-Irénée. Un livret avait été adressé aux fidèles "afin qu'ils puissent la vivre chez eux", "comme les premiers Chrétiens qui vivaient leur foi à la maison", a expliqué le prélat.

À Arles, il semble irréel le temps où la foule se pressait entre des paellas fumantes, le temps du flamenco. La ville de 52.000 habitants qui lançait sa saison touristique avec la féria de Pâques fréquentée en quatre jours par 180.000 à 200.000 personnes a dû l'annuler avec l'épidémie, tout comme Nîmes. Une "féria des confinés", rediffusion de corridas et courses taurines du passé, devait être accessible sur internet.

Esquisser la France d'après

La place principale du village d'Eguisheim déserte, le 11 avril dans le Haut-Rhin, au 26e jour de confinement instauré en France pour lutter contre l'épidémie de coronavirus.

Dans ce contexte, Emmanuel Macron, qui doit prendre la parole lors d'une allocution télévisée lundi soir 13 avril, après les traditionnels applaudissements de 20h00 aux balcons en soutien aux soignants, est notamment attendu sur la durée du confinement.

Selon plusieurs sources dans son entourage, le chef de l'État envisage sa prolongation au-delà du 10 mai. Une échéance "assez lointaine pour faire comprendre l'effort qui reste à faire, mais suffisamment proche pour esquisser la France d'après".

Emmanuel Macron est aussi attendu sur une méthode pour faire redémarrer le pays après le confinement, qui commence à produire des effets sur le nombre de cas graves. Il ne devrait pas s'avancer en revanche sur des décisions très concrètes, comme le port généralisé du masque, la méthode de test ou le traçage des malades, sur lesquelles il laisse généralement le Premier ministre Edouard Philippe ou le ministre de la Santé, Olivier Véran, intervenir. En attendant l'intervention présidentielle, la confiance des Français envers le gouvernement s'émousse: 38% des personnes interrogées (-6 points) lui font confiance en général pour combattre l'épidémie, selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche.

Polémique des masques

Après avoir martelé que les masques étaient inutiles quand on n'est pas malade, les discours ont évolué dans plusieurs pays. En France, l'Académie de médecine a plaidé début avril pour le port obligatoire d'un masque "grand public" ou "alternatif" aux masques médicaux en pleine pénurie, pendant le confinement et lors de sa levée. Une telle obligation du masque, encore contestée par de nombreux organismes scientifiques internationaux, est une "question ouverte" a pour sa part estimé le 7 avril Olivier Véran, confirmant la stratégie française de donner la priorité aux soignants et aux personnes particulièrement à risques.

Alors que quelque 1,6 milliard de masques ont été commandés par la France, elle en a reçu à ce jour 35 millions grâce au pont aérien avec la Chine, avait précisé samedi 11 avril le Pr Salomon. Afin de réduire le risque de transmission à domicile, l'Académie de médecine a par ailleurs recommandé dimanche que des établissements hôteliers (ou autres lieux assimilés) soient mis à la disposition des Agences Régionales de Santé pour accueillir "les patients atteints de formes simples ou modérées de COVID-19, ou convalescents de cette maladie sortant de l’hôpital, sur la base du volontariat".

AFP/VNA/CVN

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