Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault quitte un bureau de vote à Nantes, le 23 mars. Photo : AFP/VNA/CVN |
Le parti de Marine Le Pen a, semble-t-il, surfé sur une abstention record et les effets délétères des affaires qui ont secoué la classe politique ces dernières semaines (Buisson, écoutes Sarkozy, et mise en cause du patron de l'UMP, Jean-François Copé).
La gauche a subi de plein fouet un exécutif au plus bas dans les sondages, François Hollande restant, au bout de deux ans de mandat, le président de plus impopulaire de la Ve République.
À Perpignan, Avignon, Forbach, Béziers et Fréjus, le FN est arrivé en tête du premier tour. Il est en mesure d'enregistrer d'autres victoires après celle d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) où Steeve Briois l'a emporté dimanche 23 mars. C'est la première fois de son histoire que le parti d'extrême droite gagne dès le premier tour une ville de plus de 10.000 habitants.
"C'était inespéré", a salué Le Pen, qualifiant ce scrutin de "cru exceptionnel" marquant "la fin de la bipolarisation de la vie politique".
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a appelé "les forces démocratiques et républicaines" à faire barrage au FN au second tour, alors que l'inquiétude, la déception, voire la colère, étaient perceptibles dans les rangs de la gauche.
Le porte-parole du PS, David Assouline, a reconnu une hausse "inquiétante" du parti d'extrême droite, tandis que Pierre Laurent (PCF) parlait d'"une alerte pour la gauche tout entière" et Olivier Besancenot (NPA) d"un système politicien carbonisé".
"La +gifle+ attendue est bien arrivée pour la gauche", a commenté le directeur de BVA, Gaël Sliman. Il y a un "tassement incontestable mais pas l'effondrement que la droite espérait", a relativisé Thierry Mandon, porte-parole des députés PS.
Résultat spectaculaire : Niort a basculé à droite après près de 60 ans de gouvernance de la gauche, tandis que les sorts de Strasbourg et Toulouse, que le PS avait enlevé à la droite en 2008, sont très incertains.
À Paris, la candidate UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet, a fait mentir les pronostics en se classant en pole position sur l'ensemble de la capitale devant Anne Hidalgo (PS), selon les estimations concordantes de deux instituts. NKM a jugé "le changement possible", "tout proche" après deux mandats de Bertrand Delanoë (PS). Certes, elle est en mesure de gagner le IXe voire le IVe arrondissement mais la bataille s'annonce difficile dans les plus stratégiques XIIe et XIVe.
À Limoges, le maire sortant PS, Alain Rodet, subit un séisme politique en s'effondrant à 30%, ce qui le contraindra à affronter un second tour pour la première fois depuis 1995, alors que le FN perce à près de 17%.
Carte de France des points chauds aux élections municipales. |
Le président de l'UMP, Jean-François Copé, réélu dès dimanche 23 mars à Meaux, a appelé les électeurs du FN à reporter leurs voix sur les candidats de son parti au second tour, estimant que "les conditions d'une grande victoire" de la droite étaient réunies.
L'UMP reste fidèle au "ni-ni"
La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a d'ores et déjà prévenu que la majorité ferait "tout pour empêcher qu'un candidat FN emporte une municipalité".
Le chef de file des sénateurs écologistes, Jean-Vincent Placé, a, lui aussi, défendu le front républicain pour contrer le FN.
Mais l'UMP restera fidèle à sa ligne depuis 2011, le "ni PS, ni FN". "Nous nous sommes tous mis d'accord à l'UMP pour refuser toute alliance avec le Front national et refuser le front républicain", a annoncé Henri Guaino, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy et député des Yvelines.
L'ex-Premier ministre UMP François Fillon a confirmé : "Aucun désistement" en faveur de la gauche, ni "alliance" avec le FN.
La vice-présidente de l'UDI, Rama Yade, fidèle au mot d'ordre de son parti, a préconisé le front républicain dans les villes où le FN arrive en tête.
À Pau, le président du MoDem, François Bayrou, arrive nettement en tête avec près de 42% des voix dans cette ville qu'il tente de conquérir pour la troisième fois. Son bras droit, Marielle de Sarnez, est élue dès le premier tour conseillère de Paris sur la liste du maire UMP du VIe.
Les écologistes ont des raisons de se réjouir, ayant franchi les 10% dans plusieurs grandes villes (Annecy, Valence etc.) et surtout devançant à Grenoble le dauphin désigné du maire sortant PS.
AFP/VNA/CVN