FMI : les Européens font un pas en direction des pays émergents

L'Europe s'est dite prête le 1e octobre à réexaminer son poids jugé excessif à la tête du Fonds monétaire international (FMI) au profit des nations émergentes, un geste calculé avant la réunion annuelle de l'institution et une série de sommets avec les pays d'Asie la semaine prochaine.

À l'issue d'une réunion à Bruxelles, les ministres européens des Finances se sont mis d'accord pour "commencer des discussions" avec leurs partenaires sur la question épineuse de la répartition des sièges au sein du conseil d'administration du FMI, l'instance dirigeante.

L'Union européenne veut étudier "comment il est possible d'organiser" un rééquilibrage de la représentation "en faveur des pays émergents, des pays sous-représentés", dans une institution dominée depuis sa création par les États-Unis et les Européens.

Afin de leur donner davantage voix au chapitre, les 27 se sont dits "d'accord pour réduire la représentation européenne de jusqu'à deux sièges", indique un document résumant leur position. Les sièges européens, actuellement au nombre de neuf sur 24 (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Italie, Danemark et Suisse, qui elle ne fait pas partie de l'UE), passeraient ainsi à sept, grâce à un système de "rotation" entre pays européens et émergents au sein du conseil d'administration.

De quoi répondre en partie à une demande des États-Unis, qui veulent moins d'Européens autour de la table de l'instance de décision du Fonds, chargé de garantir la stabilité financière mondiale. Mais les Européens veulent des contreparties. Ils veulent notamment "rester avec 24 membres dans le conseil d'administration", a martelé la présidence belge de l'UE, alors que les États-Unis, eux, voudraient réduire le nombre.

Par ailleurs, l'Europe demande "plus de compétences au niveau au politique" et veut discuter de "la possibilité d'évoluer concernant le droit de veto" des États-Unis, sans qui rien ne peut se faire au FMI.

Ces demandes ont peu de chances d'être bien accueillies à Washington. L'organisation Oxfam International a, elle, immédiatement jugé insuffisante l'offre européenne de rotation de certains de ses sièges via un partage avec des pays émergents, au lieu d'un abandon pur et simple de certains fauteuils pour faire de la place.

"Les pays européens ne comprennent pas que le monde a changé et que les pays en développement devraient aussi être assis à la table. Cette vision à court terme affaiblit le rôle de l'Europe sur la scène internationale", a réagi une représentante d'Oxfam, Pamela Gomez.

Depuis des années, les pays émergents d'Asie ou d'Amérique latine frappent de plus en plus fort à la porte du FMI. Ils demandent que leur poids économique grandissant y trouvent une traduction politique.

Or l'instance dirigeante du FMI doit renouveler sa composition avant le 1er novembre.

Il y a 24 sièges aujourd'hui en son sein, mais le conseil d'administration doit être renouvelé tous les deux ans par vote, sinon le nombre de fauteuils descend à 20 automatiquement. Dans un tel cas, quatre sièges disparaîtraient : ceux du Brésil, de l'Inde, de l'Argentine et du Rwanda.

Le temps est donc compté. L'annonce des Européens intervient juste avant l'assemblée annuelle du FMI, du 8 au 10 octobre à Washington, et avant une série de sommets entre l'UE et des pays d'Asie à Bruxelles la semaine prochaine.

Les Européens espèrent à cette occasion mettre aussi leurs propositions pour une meilleure représentation des pays émergents dans la balance afin d'obtenir de la Chine qu'elle laisse s'apprécier sa monnaie, selon des diplomates.

AFP/VNA/CVN

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