Dans la capitale de l'Union euro-péenne, 56.000 personnes selon la police, plus de 100.000 selon les syndicats, ont défilé au son des vuvuzelas et des pétards pour dire "non à l'austérité".
Les manifestants venaient surtout de Belgique et de France, mais aussi de Pologne, de Slovaquie ou d'Allemagne. "Il ne faut pas ajouter à la crise financière une crise sociale sans précédent dont les salariés paieraient le prix", a dénoncé le secrétaire général du syndicat français CGT, Bernard Thibault.
Face à l'accroissement de leurs déficits et de leurs dettes, la plupart des gouvernements mettent en oeuvre des mesures d'économies et des réformes difficiles, comme celles des retraites, pour inverser la tendance.
Dernière illustration en date : le gouvernement portugais a annoncé le 29 septembre soir une baisse de 5% de la masse salariale de la fonction publique ainsi qu'une hausse de deux points de la TVA, à 23%, pour le budget national 2011.
Toutes ces mesures "vont avoir un effet désastreux sur les individus et sur l'économie", a dénoncé John Monks, secrétaire général de la confédération européenne des syndicats (CES), qui a organisé la manifestation de Bruxelles. "Les travailleurs sont dans les rues aujourd'hui avec un message clair pour les dirigeants de l'Europe : il est encore temps de ne pas choisir l'austérité", a-t-il ajouté.
Pendant que les protestataires battaient le pavé à Bruxelles, la Commission européenne a présenté le 29 septembre des mesures pour punir au contraire les pays européens qui ne seraient pas assez disciplinés dans la gestion de leurs finances publiques, afin de tirer les leçons de la crise grecque. "Quand il faut payer les intérêts de la dette, on ne peut pas payer les politiques sociales", a fait valoir son président, José Manuel Barroso.
En parallèle le 29 septembre, l'Espagne a connu une journée de grève générale visant à protester contre une réforme du marché du travail qui facilite les licenciements.
L'un des deux principaux syndicats du pays, l'UGT, a assuré que la grève avait été suivie "à plus de 70%" et par plus de 10 millions de salariés dans le pays.
Des heurts à Barcelone entre policiers et militants d'extrême gauche se sont soldés par une voiture de police brûlée et 23 interpellations.
Au Perthus, sur la frontière, un rassemblement franco-espagnol a réuni selon les syndicats 2.000 personnes, et 1.200 selon les autorités.
Ailleurs, en France, à Lyon, Nantes et Toulouse environ 4.000 personnes au total ont défilé, selon les organisateurs, et 2.000 selon la police.
Plusieurs milliers de personnes ont également manifesté le 29 septembre à Varsovie, 4.000 à Bor en Serbie, 2.000 à Rome, un millier à Athènes et à Riga, quelques centaines à La Haye et Chypre.
Au Portugal, des milliers de personnes, d'après les médias locaux, ont défilé à Lisbonne et Porto contre la politique d'austérité du gouvernement socialiste.
En Irlande, la police a arrêté dans la matinée un homme ayant embouti l'entrée du parlement avec un camion-bétonnière sur lequel était inscrit "Toxic Anglo Bank", dans une allusion à la banque Anglo Irish dont le renflouement sur fonds publics fait polémique. Et les syndicats ne comptent pas en rester là. En France, où le gouvernement a présenté le 29 septembre un projet de budget prévoyant une réduction sans précédent des niches fiscales et sociales afin de réduire le déficit, ils ont déjà appelé à manifester à nouveau samedi contre une impopulaire réforme des retraites.
AFP/VNA/CVN