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Surnommé "l'ennemi public numéro un" après les attentats qui ont fait 130 morts le 13 novembre, Salah Abdeslam, 26 ans, Français d'origine marocaine, a été blessé à la jambe et était hospitalisé dans la soirée, selon le parquet fédéral belge.
Un policier bloque une rue à Bruxelles où le suspect-clé des attentats de Paris Salah Abdeslam a été arrêté le 18 mars 2016 dans la commune de Molenbeek Saint-Jean. |
"J'ai une pensée pour les victimes des attentats (...) à Paris et à Saint-Denis parce que Salah Abdeslam est directement lié à la préparation, à l'organisation et hélas la perpétration de ces attentats", a réagi le président François Hollande, lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre belge Charles Michel.
M. Hollande, qui se trouvait à Bruxelles pour un sommet européen, a dit s'attendre à ce "que les autorités belges répondront le plus favorablement possible, le plus rapidement possible" à une demande d'extradition qui ne manquera pas d'être faite par la justice française.
"C'est normal (...) que Salah soit extradé et que la justice française traite le cas", a estimé le ministre belge de l'Intérieur, Jan Jambon.
Un complice, dont les empreintes avaient été retrouvées dans l'une des planques des commandos du 13 novembre à Auvelais (Sud de la Belgique), a également été appréhendé après avoir été légèrement blessé, a précisé le parquet. Il avait utilisé ces derniers mois un faux passeport syrien, au nom de Monir Ahmed Alaaj, et une fausse carte d'identité belge, au nom d'Amine Choukri. Par ailleurs, trois "membres de la famille qui hébergeait" Abdeslam à Molenbeek ont été interpellés.
Soupçonnant qu'elle abritait le fugitif, la police a donné l'assaut vendredi 18 mars après-midi contre une maison de la rue des Quatre Vents à Molenbeek, commune devenue célèbre après les attaques de Paris pour avoir hébergé plusieurs kamikazes. Charles Michel avait alors précipitamment quitté le sommet européen avec la Turquie.
Dès la fin du sommet, M. Hollande l'a rejoint. Ce spectaculaire dénouement a montré que "tous ceux qui ont permis, organisé ou facilité" les attentats de Paris étaient "beaucoup plus nombreux que ce que nous avions pu à un moment penser", a expliqué le président français, annonçant la réunion d'un Conseil de défense à l'Elysée samedi matin 19 mars.
'Empreintes'
Photo d'Abdelslam Salah sur l'appel à témoin diffusé le 15 novembre 2015 par la police nationale française. |
Salah Abdeslam, petit délinquant radicalisé qui n'a jamais combattu en Syrie, est soupçonné d'avoir eu au moins un rôle-clé de logisticien dans les attentats du 13 novembre, revendiqués par l'État islamique. Quelques jours avant les attentats, il avait loué des voitures et plusieurs logements en région parisienne pour le commando.
Le soir du 13, il convoie sans doute les kamikazes du Stade de France. Il est géolocalisé dans Paris, abandonne une ceinture explosive au sud de la capitale, appelle à la rescousse deux amis bruxellois et échappe à trois barrages policiers sur la route du retour vers Bruxelles.
Aucune certitude sur son parcours après le 14 novembre lorsque des complices le déposent dans la commune bruxelloise de Schaerbeek. Selon des informations de presse, il y aurait passé trois semaines, caché dans un appartement où les enquêteurs ont retrouvé son empreinte en décembre.
Vendredi 18 mars, "après les sommations d'usage, l'assaut a été donné par la police", a décrit un élu local de Molenbeek, sous couvert d'anonymat. Un homme "jeune, de petite taille à casquette, s'est enfui (...) Il a été touché par la police et emmené en ambulance".
La traque de Salah Abdeslam s'est brutalement accélérée cette semaine après que des policiers ont débusqué, au détour d'une perquisition de routine, trois hommes lourdement armés qui se cachaient dans un appartement sans eau ni électricité de la commune bruxelloise de Forest, mitoyenne de Molenbeek.
Ces hommes ont tiré sans hésiter sur les policiers, à la kalachnikov et au fusil anti-émeutes, blessant légèrement quatre d'entre eux. L'un d'eux sera abattu par un tireur d'élite, mais ses deux complices ont réussi à prendre la fuite et étaient "activement recherchés", selon le parquet.
La police découvre rapidement "les empreintes" de Salah Abdeslam dans l'appartement. Et les autorités réaliseront rapidement que l'homme abattu, l'Algérien Mohamed Belkaïd, était "plus que vraisemblablement", selon le parquet, un homme recherché pour le soutien logistique qu'il a apporté aux auteurs des attentats de Paris sous la fausse identité de Samir Bouzid.
Dans l'appartement, la police avait notamment trouvé un drapeau de l'organisation Etat islamique (EI), onze chargeurs de kalachnikov et de nombreuses munitions.
Fausses identités
C'est sous le faux nom de Samir Bouzid que l'homme tué avait notamment transféré 750 euros depuis Bruxelles à Hasna Aïtboulahcen, la cousine d'un des lieutenants des attentats, le jihadiste belge Abdelhamid Abaaoud. Abaaoud et sa cousine sont morts le 18 novembre lors de l'assaut policier contre leur planque à Saint-Denis (nord de Paris).
Salah Abdeslam a sillonné l'Europe sans relâche en septembre et octobre. Il sera ainsi contrôlé avec le faux Samir Bouzid à la frontière austro-hongroise le 9 septembre 2015 et avec le faux Amine Chokri le 3 octobre à Ulm en Allemagne.
Un certain Soufiane Kayal, qui avait lui aussi présenté une fausse carte d'identité lors du contrôle du 9 septembre, court toujours, tout comme Mohamed Abrini (30 ans), filmé le 11 novembre dans une station service sur l'autoroute entre Paris et Bruxelles en compagnie de Salah Abdeslam. Une opération d'envergure pour tenter d'appréhender Salah Abdeslam avait été montée à Molenbeek trois jours après les attentats de Paris.
C'est dans cette commune bruxelloise à forte population immigrée que plusieurs membres des commandos qui ont semé la mort à Paris ont grandi --comme Abaaoud et les frères Abdeslam, des amis d'enfance-- ou séjourné.
Le frère de Salah, Brahim, fait partie du trio qui a ensanglanté plusieurs terrasses parisiennes le 13 novembre. Il s'était ensuite fait exploser devant une brasserie. Sa famille l'a inhumé jeudi 17 mars dans le carré musulman d'un cimetière du Nord de Bruxelles.
AFP/VNA/CVN