Le nouveau Premier ministre Enrico Letta prend la parole au parlement le 29 avril à Rome. |
Les députés ont voté à une large majorité, 453 "oui" alors que la majorité requise était de 303 voix, tandis que les sénateurs voteront le 30 avril la confiance au gouvernement.
Au lendemain de sa prestation de serment, M. Letta a assuré dans son premier discours devant les députés qu'il souhaite des résultats "dans 18 mois" pour les réformes économiques, sociales et politiques qu'il va engager. "Si en revanche tout s'enlise, j'en tirerai les conséquences", a-t-il dit avec fermeté.
"Osons faire de grandes choses", a lancé ce chrétien-démocrate de gauche, en citant des propos récents du pape François, dans son intervention qui précédait un débat puis un vote de confiance attendu dans la soirée et qui ne devrait pas poser de problème.
Après deux mois de blocage politique, il a été choisi pour diriger le premier gouvernement d'union gauche-droite de l'après-guerre.
Soulignant vouloir user d'un "langage de vérité", M. Letta a estimé que "l'Italie se meurt par la faute de la seule austérité. Les politiques en faveur de la relance ne peuvent plus attendre".
Son discours était très attendu des marchés, inquiets de voir la troisième économie européenne s'enfoncer dans sa pire récession de l'après-guerre, et par les partenaires étrangers.
Tout en se disant "européen et européiste (favorable à une fédération européenne, ndlr)" et en annonçant des déplacements imminents à Berlin, Bruxelles et Paris, M. Letta a critiqué une Union européenne "en crise de légitimité au moment où les citoyens en ont le plus besoin". "L'Europe comme elle fonctionne actuellement a besoin de changements significatifs", selon lui.
L'Italie "respectera les engagements" pris mais elle voudrait une "marge de manoeuvre" plus ample pour relancer son économie.
Plan ambitieux
La priorité de M. Letta qui, à 46 ans, est l'un des plus jeunes dirigeants européens, sera de s'attaquer "à la situation d'urgence" qui règne sur le marché italien du travail avec 12% de chômeurs (35% des jeunes) et au "cauchemar de l'appauvrissement".
Pour soulager la classe moyenne, M. Letta a décidé de mettre un terme au paiement prévu en juin de la deuxième quote-part annuelle de la taxe foncière (IMU) très impopulaire sur la résidence principale.
Pour garantir davantage d'"équité", le gouvernement mènera une "lutte sans merci contre l'évasion fiscale tout en garantissant un fisc compréhensif qui ne donne pas des frissons aux citoyens", a assuré le nouveau Premier ministre en promettant aussi "moins de bureaucratie".
M. Letta a évoqué un revenu minimum pour "les familles démunies", l'extension des aides sociales aux travailleurs précaires, le développement de l'apprentissage, des aides aux PME et des investissements dans la recherche, l'innovation ainsi que le tourisme.
Autre front ouvert par le gouvernement Letta : la moralisation de la vie publique et la réduction des coûts de la politique, avec l'objectif évident de contrecarrer le Mouvement 5 Etoiles (M5S) anti-partis de l'ex-humoriste Beppe Grillo, qui a canalisé 25% des voix aux législatives.
"Pour donner l'exemple", M. Letta a annoncé sans en avoir préalablement averti ses collègues la suppression des émoluments des ministres pour ceux qui sont également parlementaires.
M. Letta a estimé que pour redonner de la crédibilité à la politique, "il fallait revenir à la gestion d'un bon père de famille".
Le financement public des partis politiques sera également "révolutionné" et il faudra aller, selon lui, vers la "suppression définitive" des départements.
AFP/VNA/CVN