Annoncée pour mardi par la directrice du PAM, Josette Sheeran, l'opération vers la capitale somalienne avait notamment été reportée pour des raisons d'autorisations douanières, selon l'agence.
Un premier appareil, avec à son bord dix tonnes de suppléments nutritionnels pour les enfants souffrant de malnutrition, a finalement rejoint Mogadiscio le 27 juillet après-midi. L'objectif est d'acheminer au total 100 tonnes par une dizaine de vols.
Le 27 juillet, le Bureau de coordination des Affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a aussi fait le point sur la situation en Somalie avec les ambassadeurs des pays donateurs à l'occasion d'une réunion technique de routine à Nairobi.
Présentée par le ministre français de l'Agriculture, Bruno Le Maire, comme une nouvelle conférence des donateurs après celle de Rome lundi, elle était en fait simplement destinée, selon des sources diplomatiques, à discuter du travail des agences en Somalie, de l'état des financements et des "différents signaux" envoyés par les insurgés islamistes shebab.
Face à la gravité de la sécheresse, les rebelles, qui se réclament d'Al-Qaïda, avaient promis début juillet de laisser travailler les agences humanitaires dans les zones qu'ils contrôlent si "leur intention (était) seulement d'aider ceux qui souffrent". Mais ils étaient en partie revenus la semaine dernière sur leur déclaration, rappelant que les agences humanitaires comme le PAM, bannies à partir de 2009, restaient interdites.
Selon une source diplomatique, les participants à la réunion d'OCHA du 27 juillet ont souligné la nécessité d'utiliser des "partenaires" déjà présents sur place, comme Médecins sans frontières (MSF) ou le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), pour renforcer l'aide aux victimes de la sécheresse, plutôt que d'ouvrir de nouveaux programmes du PAM. "Il y a eu pas mal de réserves sur la capacité du PAM à mettre en place rapidement des programmes de distribution dans les zones auxquelles il n'a pas encore accès," a expliqué cette source.
Le 20 juillet, l'ONU a déclaré en état de famine deux provinces du Sud somalien que contrôlent les shebab - le Sud de Bakool et Lower Shabelle. OCHA craint que cette famine ne s'étende d'ici un à deux mois aux huit provinces du Sud somalien, largement tenues par les insurgés, si "l'accès humanitaire" aux régions en crise n'est pas assuré.
Les zones sous contrôle islamiste n'ont pas été totalement désertées par les organisations humanitaires étrangères ces deux dernières années. Malgré de difficiles conditions de travail et le strict contrôle imposé par les rebelles, quelques ONG, comme MSF ou encore Action contre la faim (ACF), y ont maintenu des activités. Mais les contraintes auxquelles elles sont soumises -notamment l'absence d'expatriés sur place- ont fortement limité l'acheminement de l'aide et les sources de financement, les pays donateurs s'inquiétant des risques de détournement de l'aide.
Ces obstacles à l'aide et les conflits armés qui minent la Somalie aggravent les effets de la sécheresse et la population a fui le pays par dizaines de milliers ces derniers mois. "Il semblerait qu'il y ait un infléchissement des flux" de ces réfugiés Somaliens, mais cette baisse reste à chiffrer, a indiqué la source diplomatique après la réunion d'OCHA.
L'ONU estimait jusqu'ici à plus de 3.000 le nombre de personnes fuyant tous les jours la Somalie vers le Kenya et l'Éthiopie voisins, et à quelque 1.000 autres celles quittant des régions du Centre et du Sud pour Mogadiscio.
AFP/VNA/CVN