Face au rebond de la pandémie, la BCE se prépare à agir

La Banque centrale européenne (BCE) a clairement signifié jeudi 29 octobre qu'elle se préparait à muscler, d'ici la fin de l'année, ses mesures de soutien à l'économie dans un contexte de grande inquiétude liée à la deuxième vague de COVID-19 qui assombrit les espoirs de reprise.

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Christine Lagarde lors d'une conférence de presse de la BCE à Francfort, le 23 janvier.

Dans l'immédiat, l'institution de Francfort a opté pour le statu quo monétaire : le principal taux d'intérêt a été maintenu jeudi 29 octobre à zéro, tandis que les banques se verront appliquer un prélèvement de 0,50% sur une fraction des dépôts qu'elles confient à la banque centrale au lieu de les prêter à leurs clients.

Mais avec une conjoncture "orientée à la baisse", Christine Lagarde a explicitement signalé qu'il n'était pas question d'en rester là.

"Nous n'allons pas rester sans rien faire, nous utiliserons tous les instruments à notre disposition avec l'entière flexibilité dont nous disposons (...) pour faire face aux développements" sur le front de la pandémie, a insisté à plusieurs reprises la cheffe de l'institution, plus combative qu'à l'accoutumée lors de la conférence de presse suivant la réunion du Conseil des gouverneurs.

Élan perdu

Les équipes de la BCE chargées de proposer un "recalibrage" de la politique monétaire "sont déjà au travail" en vue d'annonces attendues lors de prochaine réunion du conseil des gouverneurs le 10 décembre, a souligné Mme Lagarde.

"Nous l'avons déjà fait pour la première vague (de COVID-19), nous le ferons pour la seconde".

Autrement dit, la BCE pourrait accroître la taille de ses programmes de rachat d'actifs voire encore baisser ses taux.

Les dernières décisions de l'institution présidée par Christine Lagarde datent de juin, lorsque la BCE avait ajouté une rallonge de 600 milliards d'euros au programme d'urgence de 750 milliards d'achat de dettes, le "PEPP", annoncé en mars, pour amortir le choc de la première vaque.

En décembre l'institution pourrait "augmenter le volume du PEPP de 500 milliards d'euros et le prolonger jusqu'à la fin de 2021", anticipe Uwe Burkert, de la banque LBBW.

D'autres mesures pourraient consister à accorder aux banques des prêts encore plus généreux, ou à étendre le système de taux négatif par palier, en exemptant davantage de liquidités des banques frappées par ce taux négatif par la BCE. Ces mesures sont plus probables qu'une nouvelle baisse des taux, selon les observateurs.

Unanimité

La résurgence de la pandémie en Europe a entraîné une rafale de nouvelles restrictions sur le continent, alarmantes pour les acteurs économiques.

Après l'Italie, l'Irlande ou les Pays-Bas, de nouvelles mesures drastiques ont été annoncées mercredi soir 28 octobre en France et en Allemagne. Dans la première économie de la zone euro, les cafés et restaurants, les équipements sportifs et culturels vont fermer durant tout le mois de novembre.

Si un rebond de la croissance est bien attendu au troisième trimestre, après le déconfinement de l'été, les chiffres du quatrième trimestre "seront orientés à la baisse", a souligné Christine Lagarde et l'épidémie fait souffler "un vent contraire" sur les perspectives à court terme.

Face à cette urgence, les divisions entre banquiers centraux sur le cap de la politique monétaire semblent être passées au second plan : c'est à l'unanimité que "tous" les membres du conseil des gouverneurs ont convenu jeudi 29 octobre de travailler à l'ajustement des mesures de soutien à l'économie, a insisté Mme Lagarde.

Arrivée à la tête de la BCE il y a un an, Christine Lagarde a trouvé l'institution divisée entre "faucons", partisans de resserrer les vannes du crédit, et "colombes", exhortant à poursuivre une politique accommodante.

La pression est d'autant plus forte sur la BCE que l'inflation en zone euro végète à un niveau très inférieur de celui proche de 2% visé par la banque, se retrouvant même en territoire négatif depuis août. Une faiblesse des prix qui devrait se prolonger jusque "début 2021", a souligné Mme Lagarde.

"La crise place de plus en plus la BCE devant deux défis majeurs: d'une part, se rapprocher de son objectif de stabilité des prix, alors que l'évolution des prix se rapproche dangereusement de la déflation. D'autre part, gérer les risques pour la stabilité financière", a commenté Marcel Fratzscher, président de l'institut berlinois DIW.


AFP/VNA/CVN

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