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Les entreprises du Nord de l'Italie tentent de s'adapter à l'épidémie du nouveau coronavirus en développant pour celles qui le peuvent le télétravail. |
Les entreprises du Nord de l'Italie tentent de s'adapter à l'épidémie du nouveau coronavirus en développant pour celles qui le peuvent le télétravail. |
Depuis la semaine passée, la péninsule a connu une explosion des contaminations, en faisant le pays européen le plus touché. Mercredi 26 février, le bilan s'élevait à 374 cas, dont 12 morts : la grande majorité (271) se trouve en Lombardie, région de la capitale économique Milan, suivie de la Vénétie (71).
Or, à elles seules, ces deux régions représentent environ 30% du PIB italien.
Alors que le gouvernement a pris des mesures draconiennes, dont la mise en quarantaine de 11 villes du Nord, et que la crainte d'une contagion est forte, les entreprises ont dû s'adapter rapidement.
"Elles ont deux préoccupations: la santé de leurs salariés d'abord et l'évolution de leur activité, avec les difficultés pour faire déplacer leurs commerciaux ou employés, et la crainte d'une baisse de leur production", explique Alessia Forte, présidente de la société de consultants en sécurité, Forte Secur Group.
"Pour bien analyser les risques et faire en sorte de les réduire, nous avons conseillé à nos clients de constituer des tables rondes de crise, avec tous les interlocuteurs clés de l'entreprise : médecin, sécurité, DRH, production, logistique", explique-t-elle.
Nombre d'entreprises ont mis en place du télétravail dans les zones touchées ou proches, comme le groupe pétrolier Eni, le géant de l'énergie Enel, le maroquinier de luxe Tod's ou UniCredit.
Déplacements suspendus
Le siège de cette grande banque à Milan, une grande tour où travaillent habituellement 4.000 personnes, est ainsi quasi vide.
Mais, souligne un porte-parole, "cela n'a aucun impact sur le fonctionnement opérationnel de la banque. Nous faisons du +smartworking+ depuis 2013, un jour par semaine, là c'est seulement pour une période prolongée".
"Dans notre entreprise et chez nos clients, la mise en place du télétravail s'est faite très rapidement et s'est très bien passée, avec des salariés très disponibles. Ceci grâce à la transformation numérique survenue ces deux dernières années", note Paul Renda, du groupe de consultants Miller, dont un des sièges est situé près de Lodi, zone foyer de l'épidémie.
Des habitants de Casalpusterlengo (Nord de l'Italie) le 23 février. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dans certaines usines ou entreprises (UniCredit, groupes de téléphonie, logistique...), un contrôle de température est effectué à l'entrée. Au-delà d'une certaine température (entre 37,2 et 37,5 selon les groupes), la personne, fournisseur ou employé, ne peut pas entrer.
C'est le cas dans l'entreprise de fabrication de robinets Rubinetterie Bresciane (500 employés), basée en Lombardie, qui a pris une série de mesures.
"Nous avons fermé notre salle de sports et à la cantine, les gens ne peuvent pas manger face à face. Les déplacements des employés sont aussi interdits, sauf autorisation expresse de la direction, ce qui a conduit à développer la vidéo-conférence", détaille son PDG, Aldo Bonomi.
Usines Armani fermées
Le géant de l'aéronautique Leonardo a aussi suspendu les déplacements nationaux et internationaux de ses employés tandis qu'Enel et Unicredit n'autorisent que les voyages jugés indispensables.
Parmi les autres mesures prises dans certaines entreprises : l'usage de masques aux contrôles de sécurité ou l'aménagement de la réception avec l'installation d'une vitre, détaille Mme Forte.
La maison de mode Armani, qui avait déjà décidé de défiler sans public lors de la Semaine de la mode, a fait un choix encore plus radical, fermant pour la semaine ses ateliers de production du Nord.
Malgré leur bonne réactivité, certaines entreprises sont néanmoins inquiètes car l'épidémie devrait entraîner une récession en Italie au premier semestre.
Plusieurs grands salons professionnels milanais, comme le Mido, rendez-vous international de la lunetterie, ou le Salon du meuble et du design ont été repoussés, ce qui engendre des craintes car ce sont des moments clés pour rencontrer des clients et emmagasiner des commandes.
Il y a aussi l'impact de la psychose. "Au niveau international, la question est vécue de manière très forte. Dans les relations avec les interlocuteurs étrangers, il commence à y avoir des problèmes concrets, avec des commandes moindres ou des rencontres à l'étranger annulées", par peur d'une contagion, souligne M. Renda.
AFP/VNA/CVN