Enquête sur des abus de biens sociaux de Ghosn : Renault se constitue partie civile

Le constructeur automobile français Renault a annoncé lundi 24 février qu'il se constituait partie civile dans le cadre de l'enquête judiciaire en France pour abus de bien sociaux visant son ex-patron Carlos Ghosn.

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L'ancien patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, lors d'une conférence de presse, le 8 janvier à Beyrouth, quelques jours après son évasion du Japon.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'ancien patron de l'alliance Renault-Nissan est soupçonné d'avoir organisé deux soirées d'ordre privé au Château de Versailles, en échange d'une convention de mécénat signée entre la marque au losange et l'établissement qui gère le château. "La société Renault SAS s'est constituée partie civile afin de faire valoir ses droits" et "se réserve (...) la possibilité de solliciter des dommages et intérêts en fonction de l'issue des investigations en cours", a déclaré le groupe dans un communiqué.

Une information judiciaire, confiée à plusieurs juges d'instruction du pôle économique et financier du tribunal de Nanterre en région parisienne, a notamment été ouverte "pour abus de biens sociaux, abus de confiance aggravés, faux et usage, blanchiment aggravé d'abus de biens sociaux (...)" pour des faits commis entre 2009 et 2020, avait annoncé jeudi le parquet.

"Quand on voit qu'il y a un litige portant sur des fonds dus par Renault à Carlos Ghosn (dans une procédure distincte, ce dernier réclame notamment à son ancien employeur le versement d'une indemnité de départ à la retraite de 250.000 euros NDLR), on peut se dire que c'est un peu peut-être une façon de rééquilibrer les choses, la réponse du berger à la bergère. Est-ce que c'est pour autant prouvé ? On verra", a réagi lundi 24 février l'avocat de l'ex-patron de Renault, Jean-Yves Le Borgne. L'annonce de Renault de se constituer partie civile correspond "à une sorte de comportement qui n'est pas nouveau", a-t-il encore jugé, ajoutant qu'il en percevait "le caractère accusatoire".

Soirée à 530.000 euros

La justice soupçonne une première fête à Versailles, organisée le 9 mars 2014, d'avoir eu lieu en l'honneur des 60 ans du patron déchu et non pour célébrer les quinze ans de l'alliance Renault-Nissan. Les images de cette soirée fastueuse à 530.000 euros avec musiciens, figurants en costumes d'époque et feu d'artifice, avaient fait polémique lorsqu'elles avaient été révélées par le site de L'Obs.

D'après un audit interne commandé par Renault, 94 des 154 invités à ce banquet supervisé par le chef Alain Ducasse étaient des proches de l'homme d'affaires (enfants, sœurs, cousins, amis...), essentiellement d'origine libanaise. Lors de sa conférence de presse du 8 janvier à Beyrouth, M. Ghosn a maintenu qu'il s'agissait d'une soirée à but strictement professionnel, malgré le présence de nombreux proches et l'absence des dirigeants de Nissan.

L'autre soirée dans le viseur de la justice est la location du Grand Trianon, dans le parc du château, pour l'organisation en octobre 2016 de son mariage avec Carole Ghosn, une prestation évaluée à 50.000 euros. Une autre information judiciaire est en cours, à Paris, pour des faits d'"abus de biens sociaux" et de "corruption passive". Elle porte sur des contrats signés par RNBV, la filiale néerlandaise à 50-50 entre Nissan et Renault censée incarner l'alliance, lorsque Carlos Ghosn en était le PDG.

La candidate à la mairie de Paris Rachida Dati et le criminologue Alain Bauer ont touché environ un million d'euros chacun pour des missions de conseil dont aucune trace n'a été retrouvée. Carlos Ghosn fait aussi l'objet de quatre inculpations par la justice japonaise, notamment pour abus de confiance et détournements de fonds.

Il y a quelques jours, Nissan annonçait porter plainte devant un tribunal civil au Japon pour lui réclamer 83,4 millions d'euros de dommages et intérêts. Carlos Ghosn poursuit lui-même le constructeur automobile nippon pour rupture abusive de son contrat. M. Ghosn s'est enfui au Liban fin décembre, alors qu'il avait été libéré sous caution et préparait son procès au Japon où il avait été arrêté en novembre 2018.


AFP/VNA/CVN

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