La Maison Blanche a condamné "dans les termes les plus forts" la publication "irresponsable et dangereuse" de ces documents, affirmant que l'initiative de WikiLeaks pourrait faire courir des risques mortels à des individus.Il s'agit "d'un quart de million de câbles diplomatiques américains confidentiels", écrit le New York Times, qui a eu accès aux documents de WikiLeaks, comme quatre titres de référence de la presse mondiale : Le Monde (France), The Guardian (Grande-Bretagne), El Pais (Espagne) et Der Spiegel (Allemagne).
Ces notes "offrent un panorama inédit des négociations d'arrière-salle telles que les pratiquent les ambassades à travers le monde", observe le quotidien américain.
WikiLeaks, qui a affirmé avoir été victime dans la journée d'une attaque informatique, précise sur son site internet (https://cablegate.wikileaks.org/) avoir commencé le 28 novembre la publication record de "251.287" câbles diplomatiques, couvrant une période allant de 1966 à février dernier.
Le site affirme avoir voulu souligner la "contradiction" entre la position officielle américaine et "ce qui se dit derrière les portes closes".
Les documents diffusés le 28 novembre étalent au grand jour les usages habituellement tenus secrets de la diplomatie américaine sur toute une série de dossiers, sensibles ou non.
Le Guardian indique par exemple que le roi Abdallah d'Arabie saoudite a appelé les États-Unis à attaquer l'Iran et à "couper la tête du serpent" pour mettre fin à son programme nucléaire.
À ce propos, les documents montrent qu'Israël a tenté de pousser les États-Unis à la fermeté, selon un document diffusé sur le site du Monde. Un télégramme américain relate ainsi une conversation entre Amos Gilad, un responsable israélien, et Ellen Tauscher, sous-secrétaire d'État américaine. La politique du président Barack Obama d'engagement stratégique avec l'Iran, "c'est une bonne idée, mais il est bien clair que cela ne marchera pas", y déclare M. Gilad.
Certains documents pourraient s'avérer gênants pour de futures rencontres entre les États-Unis et leurs partenaires.
Der Spiegel rapporte ainsi des propos peu amènes de diplomates américains à l'égard de la chancelière allemande Angela Merkel : "Elle craint le risque et fait rarement preuve d'imagination".
Quant au Premier ministre turc Tayyip Erdogan, les services américains croient savoir qu'il se méfie de tout le monde et "s'est entouré d'un cercle de conseillers qui le flattent mais le méprisent". D'autres dirigeants en prennent pour leur grade : le président français Nicolas Sarkozy est jugé "susceptible et autoritaire" et un câble décrit le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi comme "faible physiquement et politiquement".
Avant même la publication des documents, les autorités américaines avaient pris les devants en alertant plus d'une dizaine de pays.
Les premières fuites de WikiLeaks, en juillet sur l'Afghanistan, contenaient peu d'importantes révélations, et celles émanant d'Irak se concentraient en majorité sur des exactions commises entre différentes factions irakiennes.
AFP/VNA/CVN