En Russie, les airs s'ouvrent à des enfants handicapés

Démarche incertaine et grand sourire aux lèvres, Marian Dolik, 13 ans, entre dans un simulateur de chute libre et se balance quelques secondes plus tard entre ciel et terre, laissant derrière lui les limites dues à sa paralysie cérébrale.

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Marian Dolik, 13 ans, qui souffre d'une paralysie cérébrale, en pleine apesanteur dans un simulateur de chute libre à Moscou, le 23 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

Marian est l'un des 120 enfants sélectionnés pour participer au projet russe "Vole avec moi", qui permet aux enfants handicapés de retrouver une liberté de mouvement en volant dans ces souffleries, grâce à un puissant flux d'air vertical.

Equipé d'un casque et d'une combinaison, chacun de ses mouvements dans les airs est suivi par un entraîneur, qui lui dicte la marche à suivre.

"Ces vols m'aident à mieux marcher et être plus stable. J'ai appris à mieux contrôler mon corps", se réjouit auprès de l'AFP ce garçon blond et svelte qui s'entraîne une fois par semaine à Saint-Pétersbourg, deuxième ville de Russie, ou Moscou et rêve de sauter en parachute.

Sa mère, Irina Dolik, dit aussi avoir remarqué qu'après trois mois d'entraînement dans ce simulateur, "la gamme de mouvements qu'il est capable de faire a augmenté et sa coordination s'est améliorée".

Les enfants sélectionnés ont entre 5 et 14 ans et viennent de Saint-Pétersbourg, de l'Oural ou de la région de la Volga pour ce projet financé par des fonds de la présidence russe et soutenu par le mouvement pro-Kremlin Front Populaire, qui s'occupe de thématiques sociales.

Ekaterina Inozemtseva, qui dirige le projet, est elle-même mère d'une fillette souffrant de paralysie cérébrale. Pour s'assurer du soutien financier de l'État, elle a interrompu un discours du président Vladimir Poutine lors d'une vidéoconférence en décembre consacrée aux problèmes des handicapés.

Selon les chiffres officiels, la Russie compte quelque 85.000 enfants souffrant de paralysie cérébrale, qui entrave les mouvements et activités motrices.

La prise en charge des handicapés dans le pays reste elle encore très limité, avec des centres publics souvent vétustes.

La médecin Valida Issanova, spécialiste de la rééducation physique, relève que les actes médicaux utilisées en Russie pour traiter les enfants souffrant de paralysie cérébrales sont dépassées.

"La culture physique médicalisée et les massages traditionnellement employés pour les enfants souffrant de paralysie cérébrale ne fonctionnent pas pour leur permettre de bouger. Ces méthodes sont datées", explique-t-elle

Les vols en soufflerie, eux, "font travailler les muscles et les articulations qui ne sont pas activés dans la vie ordinaire", relève-elle.

Des enfants souffrant de paralysie cérébrale, parmi lesquels Marian Dolik (gauche), 13 ans, participent à un championnat de simulation de chute libre à Moscou, le 23 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

La spécialiste admet toutefois que cette méthode doit encore être étudiée pour donner une "base scientifique" au projet.

Sauter en parachute

Les vols dans des simulateurs de chute libre jouissent d'une popularité croissante en Russie, mais coûtent cher : près de 30.000 roubles l'heure (330 euros). Et sans soutien financier, peu de familles peuvent se le permettre.

Ces simulateurs sont déjà utilisés en Europe et aux États-Unis pour aider les enfants handicapés, mais en Russie cette pratique est nouvelle, explique le docteur Ekaterina Inozemtseva.

Son projet, gratuit pour les enfants sélectionnés, comprend également des exercices physiques deux fois par semaine et une séance de chute de six minutes par semaine.

"Nous avons dans notre équipe un réhabilitologue et un orthopédiste qui décident si un enfant peut participer aux vols. Chaque mouvement est effectué sous contrôle des entraîneurs", raconte Ekaterina, qui espère que le projet pourra s'étendre à d'autres régions russes.

"Les enfants ont la possibilité de s'entraîner comme de vrais sportifs et pourront même à l'avenir sauter en un parachute. Le ciel s'ouvre désormais à eux", se félicite l'un des entraîneurs, Rouslan Savitski.

Selon lui, de tels exercices "permettent de stimuler le système vestibulaire", situé dans l'oreille interne "et améliorent les fonctions motrices et l'état psychologique et émotionnel des enfants".

Fin avril, Marian Dolik et sept autres enfants souffrant de paralysie cérébrale ont pour la première fois participé à un championnat de simulation de chute libre à Moscou, une première pour des enfants souffrant de ce handicap, selon le vice-président de la Fédération russe de parachutisme, Denis Sviridov.


AFP/VNA/CVN

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