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La scientifique en chef de l'Organisation mondiale de la santé Soumya Swaminathan durant un entretien avec l'AFP, le 8 mai à Genève. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pour la première fois samedi 8 mai, l'Inde a enregistré la mort de plus de 4.000 personnes due au COVID-19 en 24 heures et plus de 400.000 nouvelles contaminations, mais les experts estiment que les chiffres officiels sont largement sous-évalués.
Dans un entretien avec l'AFP, Mme Swaminathan, une pédiatre indienne et chercheuse, a déclaré que le variant B.1.617, qui a été détecté pour la première fois en Inde en octobre, était indiscutablement un facteur d'accélération de l'épidémie devenue hors contrôle dans le pays.
Ce variant pourrait être classé par l'OMS dans la liste des variants considérés comme plus dangereux que la version originelle du virus en raison de leur plus grande contagiosité, leur capacité à surmonter les défenses que procure la vaccination et le taux de mortalité des patients atteints, a estimé la scientifique.
Le variant B.1.617 "présente des mutations qui augmentent les transmissions, et qui peuvent aussi potentiellement le rendre résistant aux anticorps qui se sont développés grâce à la vaccination ou à une contamination naturelle", a-t-elle expliqué.
Mais le variant seul ne peut pas être incriminé pour la hausse spectaculaire de cas en Inde, qui semble avoir baissé la garde trop tôt, avec de "grands rassemblements de masse", a-t-elle relevé.
Dans un vaste pays comme l'Inde, les contaminations peuvent se poursuivre sans faire de bruit pendant des mois. "Ces premiers signes ont été manqués jusqu'à ce que (les transmissions) aient atteint un point où le décollage a été vertical".
Pour le moment, il est très difficile de lutter contre le virus "car l'épidémie concerne des milliers de personnes et il se multiplie à une vitesse qu'il est très difficile d'enrayer", a encore dit Mme Swaminathan, avertissant que la vaccination seule ne serait pas suffisante pour reprendre le contrôle de la situation.
L'Inde, qui est le plus grand producteur mondial de vaccins, n'a jusqu'à présent administré deux doses qu'à 2% de sa population de 1,3 milliard d'habitants.
"Cela va prendre des mois, si ce n'est des années, pour atteindre un taux de 70 à 80 %" de la population immunisée, selon la chercheuse.
Dans un avenir proche, il faudra compter sur les mesures sociales et sanitaires déjà testées et éprouvées pour juguler l'épidémie, a-t-elle prévenu.
Et l'ampleur de l'épidémie en Inde augmente le risque d'apparition de nouveaux variants encore plus dangereux.
"Plus le virus se réplique, se diffuse et se transmet, plus le risque de mutations et d'adaptation" augmente, a souligné la scientifique. "Les variants qui accumulent un grand nombre de mutations peuvent finalement devenir résistants aux vaccins dont nous disposons actuellement".
"Ce sera un problème pour le monde entier", a souligné Soumya Swaminathan.
AFP/VNA/CVN