France
En Provence, l'espoir des femmes afghanes brodé dans un bouquet de tulipes rouges

C'est un bouquet de tulipes rouges brodées qui symbolise l'espoir des Afghanes. À Arles, en Provence, une exposition tisse des liens entre le Sud de la France, refuge d'artistes exilés, et l'Afghanistan meurtri où les femmes sont exclues de la vie publique.

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Textiles et broderies de la styliste afghane Zolaykha Sherzad et des femmes de son atelier, exposés à Arles (Bouches-du-Rhônes), le 27 octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Quels que soient les drames et le noir qui soudainement s'abattent sur le pays, les tulipes poussent et leur beauté illumine", écrit la designer afghane Zolaykha Sherzad, à l'origine de cette œuvre avec les femmes de la maison de couture "Zarif" (précieux en dari) qu'elle a fondée en 2005 à Kaboul.

"L'expérience de la beauté est source d'espoir et de renaissance", ajoute-t-elle auprès de l'AFP, un peu plus de deux ans après le retour au pouvoir des Talibans qui ont exclu les femmes de la plupart des établissements d'enseignement secondaire et des universités tout en leur interdisant l'accès aux parcs, jardins ou salles de sport.

Face aux "portes qui se sont refermées sur le pays", "au huis clos", à l'exil des artistes, l'exposition "Afghanistan, tisser l'horizon à l'infini, Regards croisés entre Kaboul et Arles" (jusqu'au 7 janvier) vise "à partager ensemble des œuvres pour ouvrir des horizons", souligne la commissaire Guilda Chahverdi.

Ancienne directrice de l'Institut français d'Afghanistan, cette comédienne soutient de manière infatigable les artistes afghans réfugiés en France.

Comme Mohsin Taasha, peintre formé aux règles de la miniature, qui raconte la mort semée par les attentats au sein de sa minorité hazara en utilisant le rouge comme couleur principale. Mais ce rouge, "c'est aussi le réveil", "une forme de renaissance", malgré tout, dit-il.

Latif Eshraq, peintre autodidacte qui sillonnait sa province à vélo pour organiser des expositions dans les écoles, travaille lui à "saisir la vie" de corps trop souvent voués à la mort en Afghanistan.

Détail de broderies exposées à Arles, le 27 octobre, réalisées par la styliste afghane Zolaykha Sherzad et les femmes de son atelier.
Photo : AFP/VNA/CVN

Sur l'affiche de l'exposition, une photo montre des enfants courant gaiement dans le blanc immaculé de sommets enneigés de ce pays d'Asie montagneux. Elle a été prise par un jeune photographe afghan, Naseer Turkmani, désormais exilé dans le Sud de la France.

Et c'est le parti pris de cette exposition, qui, sans occulter la violence ni l'enfermement, montre les espaces qui permettent encore, sur un tissu, une toile ou une photo, de célébrer la beauté de l'Afghanistan, les rêves et les espoirs.

"Les oiseaux sont libres"

La part belle est ainsi donnée aux créations textile de Zolaykha Sherzad et des femmes de son atelier créé "pour préserver les traditions des métiers autour du fil, du tissage et de la broderie mais avant tout pour redonner de la dignité, de la reconnaissance à ces femmes et artisans".

Sous les arches de la salle d'exposition du Méjan, au cœur d'Arles, ville connue pour son patrimoine romain et médiéval, des manteaux brodés en laine ou taffetas - l'un nommé "Envol de la paix" - habitent l'espace et une majestueuse robe en soie, "Éternel", rend hommage "à la femme afghane brimée", entre deux bouquets de tulipes brodées.

Une visiteuse à l'exposition "Afghanistan, tisser l'horizon à l'infini - Regards Croisés de Kaboul à Arles", à la Chapelle du Méjan, le 27 octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Malgré toutes les difficultés en ce moment, l’atelier Zarif continue ses activités, nous trouvons l'espoir dans notre pratique quotidienne, créative et artistique", explique Zolaykha Sherzad, à qui le musée Guimet à Paris a récemment consacré une exposition.

Des jeunes Afghanes privées de scolarité ont pu intégrer l'atelier, elles y apprennent couture, dessin, design, des savoirs qui leur permettront d'être plus indépendantes financièrement, y compris en travaillant chez elles.

Elles se familiarisent aussi avec le boutis, un travail sur textile piqué et brodé, qui prend ses origines dans les cotonnades d'Orient. Or ces étoffes arrivèrent en Provence il y a des siècles et le boutis est aussi appelé "broderie de Marseille".

C'est ce lien qui a intéressé Jean-Paul Capitani, aujourd'hui décédé, et Françoise Nyssen, figures du groupe d'édition arlésien Actes Sud et fondateurs du Méjan, pour accueillir cette exposition, en partenariat entre autres avec l'association Etoffe d'artistes qui aide les artisans afghans à sauver leur patrimoine et lutter contre la précarité.

Un film d'Oriane Zehra - "Les oiseaux sont libres de se rassembler ici" - présenté dans l'exposition laisse voir l'apprentissage au quotidien des Afghanes chez Zarif Design.

Une des jeunes femmes qui a brodé un oiseau confie : "J'espère qu'un jour nous serons libres comme de joyeux oiseaux".

AFP/VNA/CVN

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