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Didier Conrad (gauche) pose avec Fabrice Caro (alias Fabcaro) lors de la présentation du 40e album d'Astérix, le 16 octobre à Vanves, près de Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'album sort jeudi 26 octobre, à deux mois de Noël comme tous les deux ans, à "plus de cinq millions d'exemplaires" selon les éditions Albert René, en 20 langues pour l'instant. D'autres suivront.
Pour le précédent, Astérix et le Griffon en 2021, il avait parié sur cinq millions et 17 langues. Résultat : 1,55 million de BD vendues rien qu'en France les deux premiers mois.
Astérix est aussi très bon exportateur. Les Allemands ou les Italiens l'adorent, les Espagnols le traduisent immédiatement dans plusieurs langues (le catalan, le basque, le galicien, et même le bable des Asturies), les Britanniques ou les Scandinaves le connaissent très bien.
Pour une série qui marchait déjà fort avec un scénariste moins connu du grand public, en la personne de Jean-Yves Ferri, faire venir une nouvelle plume, c'est comme resservir de la potion magique. Fabcaro, 50 ans, a en effet des fans très fidèles.
Un méchant "ambigu"
Cet admirateur revendiqué de René Goscinny et Albert Uderzo connaît par cœur l'univers des "irréductibles Gaulois". Avec une intrigue simple et efficace, et une cascade de gags, son humour doux-amer fonctionne très bien dans L'Iris blanc.
"Tous les personnages de ce village, c'est là le génie de Goscinny et Uderzo. Ils ont créé des jouets de luxe. Ils ont des caractères forts, tous. Ce sont de vraies trouvailles", explique le scénariste à l'AFP.
Les protagonistes de cette aventure sont le chef du village, Abraracourcix, et son épouse Bonemine - malgré eux, car ils se retrouvent séparés.
"J'avais envie de m'amuser avec eux. Ensemble, ils sont toujours en train de se disputer, elle lui fait beaucoup de reproches. Mais on sent qu'il y a beaucoup d'amour. Et j'ai voulu mettre un coup de projecteur là-dessus. C'est mon côté fleur bleue", confie Fabcaro.
Entre eux s'interpose le médecin-chef des armées de Jules César, Vicévertus. Cet adepte de la "pensée positive" instille auprès des garnisons romaines, puis des habitants du village d'Astérix, une philosophie et des façons de s'exprimer nouvelles. Bienveillance, empathie, vie saine, harmonie entre les êtres... Ce discours noble cache des buts qui le sont moins.
"C'est un méchant un petit peu ambigu, par rapport à d'autres méchants. Il a quand même un côté doux, séduisant, charismatique, mais (...) il a une mission. César l'envoie pour soumettre ces Gaulois", souligne le scénariste.
Lutèce caricaturée
Le dessinateur de BD français Didier Conrad pose à côté d'un dessin géant du personnage de BD Vicevertus lors d'une séance photo à la maison d'édition Hachette Livre à Vanves. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Ce Vicévertus, il a fallu le créer en évitant quelques écueils, raconte le dessinateur Didier Conrad, qui a repris le crayon d'Uderzo en 2013 : "On était parti sur des caricatures. On voyait que Dominique de Villepin fonctionnait bien". Sauf que cet ancien Premier ministre était trop marqué politiquement.
D'autres inspirations sont venues du philosophe Bernard-Henri Lévy et de l'écrivain Frédéric Lenoir. "Je ne connaissais pas, c'est très français", dit Didier Conrad, qui vit à Austin (Texas). "J'ai regardé des vidéos. Il ne dit rien mais il est très réconfortant, enrobant".
L'action se déplace à Lutèce (Paris de nos jours), où Obélix s'essaie à la trottinette. Dans cette capitale caricaturée, les habitants en prennent pour leur grade.
Pour les Romains, encore raté : ce n'est pas cette fois qu'ils annexeront ce petit bout de l'Armorique. Comme le constate amèrement Brutus au début de l'album: "On met des sesterces de dingue dans ce village gaulois qui résiste encore et toujours".
AFP/VNA/CVN