L'électricité ne cesse d'être coupée, la connexion Internet est parfois de mauvaise qualité et les haut-parleurs ne fonctionnent pas toujours mais Santosh sait que les élèves de ce village reculé, dans l'État défavorisé du Bihar, à l'Est de l'Inde, comptent sur lui.
Ce service qui offre gratuitement liaison téléphonique et visioconférence, permet à la classe de voir, via un rétroprojecteur, les travaux dirigés du maître, qui n'hésite pas à illustrer un cours d'algèbre ou sur le concept de l'infini par des fables imagées.
"La première fois que j'ai fait un cours, ils étaient vraiment excités par la technologie. Maintenant, ils n'y font plus attention, c'est devenu normal pour eux", témoigne cet ingénieur de 34 ans qui a grandi dans le même village, avant de réussir à intégrer un prestigieux institut de technologie.
"C'est difficile d'amener l'éducation dans les villages", souligne-t-il, se remémorant ses années d'adolescence, lorsqu'il devait parcourir 12 km à vélo pour se rendre au collège de la ville voisine.
C'est lors d'un retour dans leur village natal que son cousin, Chandrakant Singh, devenu comme lui un ingénieur au confortable salaire, décida un jour d'y monter une école pour les enfants âgés de 6 à 12 ans.
"Je voulais fournir une éducation de niveau international aux élèves vivant dans les coins les plus reculés de la planète", résume Chandrakant, qui se rappelle avoir dû étudier la nuit sous le faible halo d'une lampe à huile.
Passant outre le fait que le village de Chamampura n'a pas l'électricité et faisant fi du refus d'enseignants expérimentés de se rendre au Bihar, Singh a mis à contribution ses amis pour financer l'école privée Chaitanya Gurukul.
Il a installé deux générateurs électriques et organisé la formation de seize instituteurs locaux avant d'avoir l'idée d'utiliser Skype pour connecter les élèves avec des professionnels vivant dans tout le pays.
"Les plus grands enseignants du monde ne veulent pas venir ici, alors j'ai pensé que nous pourrions peut-être utiliser la technologie pour aider nos élèves à apprendre plus vite", dit-il.
L'école a ouvert ses portes en avril 2010 avec 500 élèves. Cinquante d'entre eux ont été acceptés gratuitement, tandis que les autres ont payé les frais d'inscription en fonction des possibilités de leurs parents.
Les leçons par Skype, obligatoires, ont lieu le week-end et tous les soirs après les cours traditionnels de la journée. Pour l'heure, six enseignants participent au programme Skype.
Santosh Kumar, qui explique vouloir donner aux élèves plus de "clarté" sur ce qu'ils ont appris en classe, fait partie de l'aventure depuis le début.
"Certains étaient curieux, d'autres intimidés. J'ai dû travailler avec eux pour leur ôter leurs craintes", se souvient-il, soulignant qu'un grand nombre d'élèves n'avait jamais vu d'ordinateur auparavant.
"Maintenant, c'est comme la télévision pour eux, cela les distrait et j'espère qu'ils apprennent aussi quelque chose", avance-t-il, regrettant toutefois la fréquence des problèmes techniques.
Lors de son cours de maths par Internet auquel l'AFP a assisté, certains élèves paraissaient absorbés par la vidéo, tandis que d'autres bavardaient en douce dans le fond de la classe.
Mais lors de la séance de questions, l'attention était totale et les élèves interrogés ont tous bien répondu.
"J'aime bien ces cours, ça m'aide à mieux comprendre", assurait Pragya Parashar, une fillette de 12 ans, interrogée par l'AFP via la connection Internet, depuis New Delhi. "Moi aussi je veux devenir ingénieur comme mon professeur".
AFP/VNA/CVN