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Évolution de l'espérance de vie en France depuis 1990. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pendant la première année de l'épidémie, 667.000 personnes sont décédées en France - toutes causes confondues -, soit 9% de plus qu'en 2019, selon le bilan démographique 2020 publié mardi 19 janvier par l'Insee. Cet excédent de mortalité, particulièrement marqué lors des deux vagues épidémiques en avril-mai puis à partir d'octobre, a certes été moins net que dans d'autres pays européens (il a atteint +70% en Espagne pendant la première vague et +47% en Italie, contre +28% en France), mais il a eu malgré tout un impact notable sur l'espérance de vie à la naissance.
Celle-ci s'est établie à 85,2 ans pour les femmes (en baisse de quasiment cinq mois) et 79,2 ans pour les hommes (en baisse de six mois), soit un recul bien plus fort que celui observé en 2015, année d'une forte grippe hivernale. Autre conséquence de la pandémie : le nombre de mariages s'est effondré de 34% en 2020, ces célébrations ayant été interdites pendant le premier confinement, puis autorisées mais avec une stricte limitation du nombre d'invités. "Il n'y a eu presque aucun mariage en avril-mai, et nettement moins que les années précédentes en juin-juillet", note l'Insee.
Une évolution démographique majeure n'a, en revanche, rien à voir avec le COVID : seuls 740.000 bébés sont nés en France en 2020 (-1,8% en un an), un nombre qui n'avait jamais été aussi bas depuis 1945.
Effet sur la formation des couples ?
Le nombre de femmes entre 20 et 40 ans (âge où elles sont le plus susceptibles d'avoir des enfants) étant globalement stable depuis 2016, cette baisse constante des naissances, année après année, s'explique surtout par la baisse de la fécondité, à 1,84 enfant par femme en 2020 contre 1,86 en 2019. Cet indice oscillait encore autour de 2 entre 2006 et 2014.
Une femme âgée se promène dans le jardin d'un Ehpad, en Bretagne, en juillet 2020. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Au niveau de l'Union européenne, la France reste toutefois la championne de la fécondité, avec 1,87 enfant par femme en 2018 (dernier comparatif possible), devant la Suède et la Roumanie (1,76), puis l'Irlande (1,75). Naissances en baisse, décès en hausse : logiquement, cette conjonction a entraîné un solde naturel très bas, à 82.000 contre 140.000 en 2019. C'est le solde naturel le plus faible depuis 1945.
Si l'épidémie n'a pas pu avoir d'effet sur les naissances en 2020, elle pourrait en revanche entraîner une nouvelle baisse de la natalité en 2021, a mis en garde le démographe Gérard-François Dumont, dans une interview parue mardi dans La Croix.
Certains couples pourraient, dans un proche avenir, renoncer à avoir des enfants à cause du "sentiment d'insécurité" lié à la pandémie, ou à ses conséquences économiques, estime ce spécialiste. En outre, "il ne faut pas sous-estimer l'impact des mesures de confinement, et de fermeture des lieux de sociabilité sur la formation des couples", selon M. Dumont : "cela influencera à terme le nombre des naissances, car il faut bien que les futurs parents commencent par se rencontrer".
La semaine dernière, l'Union nationale des associations familiales avait commenté par anticipation le mauvais chiffre des naissances, en appelant les pouvoirs publics à renforcer leur politique familiale, pour mieux répondre à des "désirs d'enfant contrariés".
"Si les familles ont moins d'enfants, ce n'est (...) pas parce qu'elles en veulent moins", avait affirmé ce collectif associatif. Selon une récente étude réalisée par l'institut Kantar pour l'Unaf, les Français veulent ou auraient voulu en moyenne 2,39 enfants, soit bien plus que la fécondité réelle. Parmi les personnes interrogées, les deux tiers de celles n'ayant eu qu'un seul enfant en voudraient, ou en auraient voulu au moins deux.
AFP/VNA/CVN