>>L'Allemagne se prépare à de nouvelles restrictions
>>L'économie allemande entre résilience et inquiétudes pour 2021
>>Le trafic aérien en Allemagne tombe au niveau des années 1980
Des personnes âgées tout juste vaccinées contre le coronavirus attendent dans le centre de vaccination avant de repartir, pour parer d'éventuels effets secondaires, à Berlin le 18 janvier 2021. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Il a fallu près de huit heures de négociations entre Angela Merkel et les 16 États-régions pour tomber d'accord ce nouveau tour de vis. La réunion, prévue pour la semaine prochaine, avait été avancée en raison des craintes liées aux mutations du virus. "Les restrictions sévères que les gens respectent commencent à porter leurs fruits", a salué la chancelière. Mais "nous devons agir maintenant" contre les variants, en particulier britannique, a prévenu Mme Merkel. Restaurants, cafés, enceintes sportives et culturelles sont fermés depuis deux mois et demi et vont le rester jusqu'au 14 février au moins.
Merkel en colère
Les rassemblements privés restent aussi très limités, avec la possibilité de n'inviter qu'une personne issue d'un autre foyer. À cet arsenal de restrictions s'ajoutent de nouvelles mesures. Les masques médicaux, FFP2 ou chirurgicaux, seront ainsi désormais obligatoires dans les commerces, métros, bus, train et tramways. La Bavière a déjà imposé depuis lundi le port de masques FFP2 dans les transports.
Le télétravail va également s'imposer désormais "partout où cela est possible", au moins jusqu'au 15 mars, et le port de masques médicaux, fournis par l'employeur, quand la présence sur le lieu de travail est indispensable. Un grand nombre d'Allemands continuent en effet de se rendre sur leur lieu de travail, bien plus, selon le gouvernement, que lors de la première vague épidémique.
L'objectif est de réduire le nombre d'utilisateurs des transports en commun à un tiers du niveau habituel, selon le document de la chancellerie qui a servi de base de négociation. L'idée d'imposer un couvre-feu nocturne a par contre été repoussée. Une large part de la négociation a porté sur les écoles et crèches, fermées depuis mi-décembre.
Angela Merkel militait pour une prolongation généralisée des fermetures jusqu'à mi-février. Mais la chancelière, décrite comme étant "en colère" par plusieurs participants, s'est heurtée à l'opposition de dirigeants régionaux qui plaidaient pour plus de souplesse.
Un centre de vaccination contre le COVID-19 à Berlin (Allemagne), le 18 janvier 2021. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Un échange acerbe a ainsi opposé la ministre-présidente sociale-démocrate du Mecklembourg-Poméranie (nord), Manuela Schwesig, à Mme Merkel, selon les médias allemands. La première a reproché à la seconde un supposé manque d'empathie envers les élèves et employeurs. "Je ne me laisserai pas accuser de tourmenter les enfants ou de ne pas respecter les droits des travailleurs", a répliqué la chancelière. Après plusieurs interruptions et conciliabules téléphoniques, les participants ont finalement décidé de prolonger la fermeture des établissements jusqu'à mi-février.
Impatience
Motif d'espoir, les mesures draconiennes décrétées juste avant Noël pour ralentir la propagation du virus commencent néanmoins à faire effet. "Nous assistons en ce moment à un léger recul du nombre d'infections" et de patients hospitalisés dans les services de soins intensifs "à environ moins de 5.000", a souligné le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert.
Mais, sur le qui-vive, Berlin s'inquiète tout particulièrement de l'importation de variants du virus beaucoup plus contagieux, apparus en Grande-Bretagne et en Afrique du Sud. La chancelière a ainsi prévenu, à deux jours d'un conseil de l'UE consacré aux variants, qu'un rétablissement des contrôles entre pays de l'UE n'était pas exclu si la situation venait à se dégrader.
Mardi, l'institut de veille sanitaire Robert-Koch a annoncé 11.369 nouveaux cas en 24 heures, une baisse par rapport aux quelque 30.000 nouveaux cas recensés certains jours début janvier. La deuxième vague épidémique, à partir d'octobre, a cependant causé bien plus de ravages que la première en Allemagne. Le pays a recensé au total plus de deux millions de contaminations.
En outre, la grogne monte dans une population qui a fait preuve jusqu'ici d'"une grande discipline", selon la chancellerie, mais qui s'impatiente désormais. Sur le front économique, l'heure est aussi à l'inquiétude après une année 2020 marquée par une récession historique (recul de 5% du PIB), quoique moins abyssale qu'attendu.
Et si la campagne vaccinale s'est organisée en un temps record, les critiques fusent face à la lenteur supposée de sa mise en œuvre. Depuis la première injection le 26 décembre, quelque 1,14 million de personnes ont été vaccinées, soit 1,4% de la population.