En Argentine, un train-hôpital amène de l'espoir au cœur de la pauvreté

C'est une ambiance de fête au cœur de la pauvreté : à Lavalle, village de 2.200 habitants à Santiago del Estero, dans le Nord de l'Argentine, les enfants se pressent pour accueillir ce train-hôpital, seule occasion de l'année de voir un médecin.

"Au village, nous n'avons pas de spécialistes. Nous devons nous rendre à Frias, à 50 km d'ici et s'il est nécessaire d'y aller en ambulance on nous fait payer l'essence", dit Graciela Rodriguez de 39 ans, entourée de ses trois enfants.

Un peu plus loin, Nancy Lobo, 40 ans et déjà grand-mère, est visiblement émue. "Nous avons appris l'arrivée du train par la radio : j'ai ramené immédiatement mon petit-fils de trois ans pour qu'on puisse l'examiner", dit-elle en montrant les médicaments qu'on lui a remis gratuitement pour la bronchite de l'enfant.

Les trois wagons de la Fondation Alma viennent de s'arrêter : mères et enfants attendent leur tour sous un soleil de plomb. À l'intérieur, une équipe de neuf volontaires se met à l'œuvre : deux pédiatres, un généraliste, trois entristes, une infirmière, un radiologue et un laborantin. Ils ont mis cinq jours à parcourir les 1.000 km qui séparent Buenos Aires de Lavalle.

Au total, 514 enfants ont déjà pu être examinés à Tapso, autre village proche, et à Lavalle. En 30 ans et 150 voyages, ce train a permis d'examiner 75.000 enfants en Argentine, un pays où le taux de mortalité enfantine est de 12,1 pour mille.

"Nous retrouvons le plus souvent des cas de malnutrition qui nécessitent un suivi", dit Ana Lia Gil Cataldo, 32 ans, coordinatrice de la mission, en expliquant qu'ils doivent souvent quitter leurs wagons et se rendre dans des coins très reculés, pour convaincre les familles de leur amener leurs enfants. À Lavalle, où la plupart des adultes sont au chômage ou ont un emploi précaire, il y a bien un dispensaire. Mais, dans ce village battu par les vents, où la poussière est omniprésente, tout le monde s'en plaint.

"Ma fille a avalé une pièce d'un peso", raconte Elba Agüero en sortant du train. "Elle l'avait en pleine gorge et semblait sur le point de s'asphixier, mais les responsables du dispensaire ont refusé de l'examiner immédiatement. Il a fallu insister pour qu'on l'amène en ambulance à Santiago", dit-elle. Pour Elba, comme pour tant d'autres, l'arrivée de ce train est d'abord un immense soulagement.

"C'est une expérience merveilleuse que l'on partage pendant 15 jours avec des personnes que nous ne connaissions pas", dit l'une des pédiatres, Viviane Ramirez, Bolivienne de 28 ans. "Nous sommes présents dans des zones qui n'ont pas accès à la santé publique et nous parvenons à y assurer un véritable suivi médical", ajoute-t-elle.

L'enthousiasme de Viviane est à toute épreuve : à Rosario, deuxième ville du pays, le train a été cambriolé lors d'un arrêt. "On nous a pris la plupart des dons que nous transportions", dit-elle. Elle se console en regardant les enfants jouer, heureux, autour de cette sorte de cirque itinérant.

AFP/VNA/CVN

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