Égypte : le procès des chefs des Frères musulmans fixé au 25 août

La justice égyptienne a fixé au 25 août le procès des principaux chefs des Frères musulmans, une annonce du 4 août qui pourrait mettre le feu aux poudres en pleines tractations entre les manifestants islamistes et le nouveau pouvoir qui a destitué le président Morsi.

Le guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie (droite), le 5 juillet au Caire.

Depuis plusieurs jours, le gouvernement intérimaire installé par l'armée qui a déposé et arrêté il y a un mois Mohamed Morsi, issu de la puissante confrérie, alterne déclarations martiales et appels au dialogue face aux pro-Morsi qui chaque jour font fi des avertissements officiels et appellent à plus de manifestations.

L'annonce de l'ouverture le 25 août du procès du Guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, et de ses deux adjoints, Khairat al-Chater et Rachad Bayoumi, pour "incitation au meurtre" de manifestants anti-Morsi, pourrait relancer leur mobilisation.

Alors que l'impasse politique perdure dans le pays depuis la destitution de M. Morsi le 3 juillet, à l'issue de manifestations monstres, le chef de l'armée et nouvel homme fort du pays, le général Abdel Fattah al-Sissi a pour la première fois officiellement rencontré des dirigeants islamistes leur assurant qu'il y avait "encore des chances pour une solution pacifique à la crise".

Si aucun représentant des Frères musulmans n'était présent, d'influents prédicateurs salafistes présents aux sit-in pro-Morsi au Caire ont participé aux discussions.

Cependant, a assuré Yasser Ali, un des porte-parole des manifestants, ces religieux "sont allés rencontrer le général Sissi sans avoir été mandatés" par la Coalition pro-Morsi pour discuter avec les autorités que les partisans du président déchu considèrent comme "illégitimes".

Nouvel appel à manifester

Nouvelle preuve de leur détermination, les islamistes ont appelé à des manifestations le soir du 4 août à l'occasion de la nuit du Destin, la plus sacrée du ramadan, après que de petites manifestations sporadiques ont eu lieu en journée.

Bien que le gouvernement ait menacé de disperser par la force les deux sit-in des pro-Morsi au Caire, peu avant la rupture du jeûne l'ambiance était joyeuse et festive sur la place Rabaa al-Adawiya, où se tient le plus important.

Les barricades de sacs de sable et des tas de pierres aux angles acérés dressés autour des milliers de manifestants venus avec femmes et enfants rappellent toutefois la tension qui règne dans le pays où plus de 250 personnes, en majorité des manifestants pro-Morsi, ont péri dans des violences depuis fin juin.

"La police ? Je n'ai pas peur", a lancé Nadia, jeune vendeuse coquette, les cheveux dissimulés sous un foulard. "On est ici pour défendre notre liberté, nous n'avons pas le choix. Mais que l'on meurt ou que l'on réussisse à restaurer notre légitimité, dans les deux cas nous aurons gagné".

Après les islamistes, le général Sissi a rencontré le secrétaire d'État américain adjoint William Burns, qui a plaidé pour que toutes les forces du pays soient associées à la feuille de route annoncée après le coup militaire, qui prévoit une nouvelle Constitution et des élections générales début 2014.

M. Burns avait auparavant rencontré le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), vitrine politique des Frères musulmans, visiblement sans parvenir à infléchir sa position, alors que la visite surprise de cet émissaire de Washington, principal bailleur de fonds de l'armée égyptienne, apparaissait comme l'une des dernières chances d'éviter la confrontation.

Les émissaires internationaux se succèdent au Caire ces derniers jours pour pousser gouvernement et opposition à un compromis, sans succès apparent jusqu'à présent. La communauté internationale redoute que la dispersion par la force des sit-in où les manifestants se sont barricadés avec femmes et enfants ne tourne au massacre.

La prix Nobel de la paix yéménite, Tawakkol Karman, qui devait se rendre sur la place Rabaa al-Adawiya selon les pro-Morsi, n'a pas pu entrer en Égypte dimanche pour des "raisons de sécurité", ont indiqué des responsables aéroportuaires.

Dans un récent entretien au Washington Post, Sissi a appelé Washington à user de son "influence sur les Frères musulmans" pour mettre fin à la crise. À défaut de règlement politique, "la police civile" et "pas les militaires", a insisté le général Sissi, "mettra un terme à ces sit-in et nettoiera ces places".

AFP/VNA/CVN

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