Les affrontements se sont produits dans plusieurs villes, en marge de manifestations islamistes organisées à l'appel de l'Alliance contre le coup d'État, une coalition pro-Morsi chapeautée par les Frères musulmans, dont est issu le président destitué début juillet.
Les spectacles de la rue après les heurts entre policiers et islamistes en Égypte, le 17 janvier. |
Un homme de 23 ans a été tué à Fayyoum, à 100 km au sud du Caire, et deux autres dans la capitale, selon le ministère de la Santé.
À Alf Maskan, au Caire, des manifestants ont tiré des feux d'artifice sur la police qui, après avoir entendu des tirs d'armes automatiques, s'est repliée. Un policier a tiré au fusil d'assaut en direction des protestataires.
Le ministère de l'Intérieur a indiqué le 17 janvier que 123 personnes avaient été interpellées au Caire et dans les autres villes du pays.
Ces accrochages interviennent après la tenue des 14 et 15 janviers d'un référendum constitutionnel, première étape de la "transition démocratique" promise par l'armée qui doit se poursuivre avec des législatives et une présidentielle. L'annonce des résultats est prévue le 18 janvier en fin de journée.
La victoire du "oui" --avec 98% des voix selon le quotidien gouvernemental Al-Ahram-- ne faisait aucun doute avant même la tenue du référendum.
C'est donc la participation qui est scrutée à la loupe, d'autant qu'un proche du très populaire chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, véritable homme fort du pays, a laissé entendre qu'elle servirait d'"indicateur" à ce dernier à l'approche de la présidentielle.
Les Frères musulmans, qui avaient remporté toutes les élections depuis la révolte de 2011 et sont violemment réprimés depuis cet été, avaient appelé à boycotter le scrutin.
Pour Democracy International, un des groupes qui a observé le référendum, "les opposants à la +feuille de route+ du gouvernement et au projet constitutionnel n'ont pas eu de possibilité réelle d'exprimer leur désaccord".
L'Alliance contre le coup d'État a appelé à une "semaine révolutionnaire pacifique", alors que les manifestations dégénèrent régulièrement en violences. Pendant les deux jours du scrutin, dix personnes ont péri en marge de ces défilés.
Les pro-Morsi peinent cependant à mobiliser massivement face à la répression qui a fait plus de 1.000 morts et des milliers d'arrestations dans leurs rangs. En outre, depuis que les Frères musulmans ont été déclarés "organisation terroriste", leurs dirigeants encourent la peine de mort, et les participants à leurs manifestations cinq années de prison.
Le ministère de l'Intérieur a ainsi fait état de l'arrestation de 123 personnes le 17 janvier à travers le pays.
«Référendum sur le 30 juin»
Trois jours avant le référendum, le général Sissi, également ministre de la Défense et vice-Premier ministre, a déclaré qu'il se porterait candidat à la présidentielle si le peuple "le réclam(ait)" et si l'armée l'appuyait.
Les Égyptiens ont voté le 15 janvier à Cairo la nouvelle Constitution. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le 3 juillet, il avait lui-même annoncé l'éviction de M. Morsi, assurant répondre au souhait de millions de manifestants ayant réclamé le 30 juin le départ du chef d'État.
C'est sur cet épisode que les autorités attendaient les électeurs, dont la plupart n'ont pas lu la nouvelle Constitution --révision à la marge de celle adoptée sous Morsi en 2012.
Le scrutin était "aussi un référendum sur le 30 juin", a expliqué Hani Salah, porte-parole du gouvernement intérimaire. Les autorités misent sur un taux de participation supérieur aux 32,9% enregistrés lors du référendum constitutionnel de 2012.
Le porte-parole de la Haute commission électorale a pour sa part assuré que la participation comme le score du "oui" étaient "plus élevés qu'en 2012". Selon l'agence Mena, elle a été de 39% dans 20 des 27 provinces.
À l'approche du troisième anniversaire de la révolte lancée le 25 janvier 2011 et ayant chassé Hosni Moubarak du pouvoir, la journée de commémoration s'annonce sous haute tension.
"Préparez-vous à ce qui va arriver bientôt, rendez-vous le 25 janvier", ont prévenu les Frères musulmans, tandis que le ministre de l'Intérieur a appelé les partisans des nouvelles autorités à manifester en masse ce jour-là pour contrer "le plan des Frères musulmans pour semer le chaos".
Signe de l'insécurité persistante : dans le Sinaï, où les attaques se sont multipliées depuis la destitution de M. Morsi, des insurgés ont fait exploser le 16 janvier un gazoduc, sans faire de blessé, pour la deuxième fois en moins d'un mois.
AFP/VNA/CVN