"Les effectifs actuels de secours nationaux et internationaux sont tristement inadéquats", a déclaré la directrice de l'OMS, Margaret Chan, selon un communiqué de l'organisation, lors de ce sommet à huis clos, qui s'est ouvert en fin de matinée.
Relevant la présence des présidents guinéen Alpha Condé sierra-léonais Ernest Bai Koroma et libérienne Ellen Johnson Sirleaf, outre la ministre ivoirienne de la Santé, Raymonde Goudou Coffie, le Dr Chan a souhaité que "cette rencontre marque un tournant dans la lutte contre l'épidémie".
"Cette épidémie avance plus vite que nos efforts pour la contrôler. Si la situation continue à se détériorer, les conséquences peuvent être catastrophiques en termes de vies perdues mais aussi de perturbations socio-économiques et de risque élevé de propagation à d'autres pays", a-t-elle prévenu.
La réunion vise à lancer un plan de 100 millions de dollars (75 millions d'euros) pour déployer des centaines de travailleurs humanitaires supplémentaires afin de renforcer les quelques centaines déjà sur le terrain, et améliorer la prévention et la détection de cette fièvre hémorragique.
"Les pays touchés ont fait des efforts extraordinaires et pris des mesures extraordinaires. Mais les besoins créés par Ebola en Afrique de l'Ouest dépassent vos capacités", a dit Mme Chan à l'intention des dirigeants régionaux présents.
"La situation en Afrique de l'Ouest est une préoccupation internationale", a insisté la directrice de l'OMS, annonçant la convocation d'une réunion d'urgence le 6 août pour "évaluer les implications internationales de l'épidémie".
Un jeune garçon dont la mère est morte du virus Ebola sort de quarantaine après son traitement à l’hôpital Elwa de Monrovia, le 27 juillet. |
"Malgré l'absence de vaccin ou de thérapie curative, les épidémies d'Ebola peuvent certainement être endiguées", a-t-elle ajouté, remarquant néanmoins qu'il s'agissait "de loin de la plus grande en près de 40 ans d'histoire de cette maladie", y compris en termes de bilan, "avec 1.323 cas, dont 729 mortels, signalés à ce jour".
"C'est la plus grande en termes de zones géographiques déjà touchées et d'autres en danger immédiat de propagation", a-t-elle indiqué, soulignant qu'elle "a prouvé sa capacité à se répandre par le transport aérien, contrairement aux précédentes".
Ebola, problème international
Face à la menace d'une propagation bien au-delà de l'Afrique de l'Ouest, la compagnie aérienne Émirates a décidé de suspendre à partir de samedi 2 août ses vols vers Conakry, invoquant "la sécurité des passagers et des équipages".
L'inquiétude d'une propagation mondiale a crû à la suite de la mort, le 25 juillet, du premier passager d'avion, un Libérien décédé à Lagos après avoir transité par Lomé.
Le Liban, dont plus 20.000 citoyens vivent dans les trois pays africains en proie à Ebola, a annoncé vendredi 1er août avoir pris des mesures de dépistage auprès des compagnies aériennes et de ses ambassades sur place, ainsi que la délivrance de permis de travail aux ressortissants sierra-léonais, guinéens et libériens.
"Ce n'est pas un problème libérien, ni sierra-léonais, ni guinéen. C'est un problème international", a déclaré sur CNN la présidente du Liberia.
Elle a jugé la situation dans son pays "très, très grave, on approche de la catastrophe", ajoutant que désormais les Libériens "savent que c'est mortel et commencent maintenant à réagir".
Au bout de sept mois d'une flambée de fièvre hémorragique la Sierra Leone et le Liberia ont fini par adopter de strictes mesures sanitaires.
Mme Sirleaf a mis "tout le personnel non essentiel" du secteur public "en congé obligatoire de 30 jours" et décidé que vendredi 1er août serait "chômé pour permettre la désinfection des bâtiments publics".
Elle a également ordonné la fermeture de "toutes les écoles" ainsi que de "tous les marchés dans les zones frontalières".
Des habitants de Monrovia au Liberia lisent une affiche d'information sur le virus Ebola le 31 juillet. |
Le président sierra-léonais a décrété jeudi 31 juillet "l'état d'urgence pour nous permettre de prendre des mesures plus fermes", sur une période de 60 à 90 jours, éventuellement reconductible.
M. Koroma a énuméré une batterie de dispositions, dont le placement en quarantaine des foyers d'Ebola, l'escorte des travailleurs sanitaires par les forces de sécurité et des perquisitions pour repérer les malades présumés.
Dans le Sud-Est du Nigeria, le corps d'un homme décédé au Liberia a été mis en quarantaine par précaution, bien qu'il n'existe pas de preuve que sa mort soit liée au virus, selon les autorités locales.
Le virus, contre lequel il n'existe pas de vaccin, provoque hémorragies, vomissements et diarrhées. Son taux de mortalité varie de 25 à 90%.
AFP/VNA/CVN