Les bracelets en élastiques colorés font un tabac en France

Les bracelets Rainbow Loom, petits élastiques colorés que l’on tisse pour en faire des bracelets, sont le nouveau phénomène, importé des États-Unis, qui fait fureur sur les plages cet été après avoir conquis les cours de récréation de nombreux pays.

Morgane Laurençon devant le kit distribué dans plus de 450 points de vente.
Photo : CTV/CVN

Numéro un des ventes de jouets en France, comme aux États-Unis, en Belgique, au Japon ou en Australie, les bracelets en élastique ont conquis les enfants avant de gagner les parents et même les stars : du pape François à Kate Middleton en passant par Julia Roberts.

À l’origine de ce nouveau dada : la famille Laurençon, qui réside aujourd’hui à Quimper (Finistère), au bout de la Bretagne. En 2012, Emmanuel, sa femme Morgane et leurs quatre enfants sont partis pour un an à Miami. «C’est notre fille, qui était en 6e, qui nous a ramené ça de l’école», explique Emmanuel, la quarantaine, lors d’un entretien dans les locaux de l’entreprise Creative Imports qui commercialise depuis moins d’un an les fameux élastiques.

«À chaque fois que de la famille ou des amis venaient de France, les filles du même âge que ma fille s’enfermaient dans la chambre pour faire des bracelets pendant des heures», raconte-t-il. À l’époque, le phénomène n’a pas encore explosé au pays de l’oncle Sam, «mais on se disait qu’il se passait quelque chose et qu’on n’avait pas envie de rentrer en France les mains vides».

Les droits exclusifs de commercialiser les produits Rainbow Loom, en France, en Belgique et en Suisse romande, seront négociés lors d’un voyage en camping-car à travers les États-Unis.

Le bracelet Rainbow loom rencontre un succès fou, aussi bien chez les filles que chez les garçons.

De retour en France, à la rentrée 2013, le garage de la maison familiale fait office d’entrepôt. Les époux Laurençon investissent 20.000 euros pour faire venir les huit premières palettes de Chine, puis démarchent les points de vente de la région, avant d’élargir leur rayon d’action et de contacter les grands distributeurs de jouets.

«Nous pensions que ça allait monter en puissance petit à petit, mais en fait c’est monté de manière exponentielle depuis que le phénomène a touché Paris en avril», se félicite Emmanuel, dont l’entreprise, où travaillent six personnes, est désormais installée au rez-de-chaussée d’un petit immeuble du centre de Quimper.

Rupture de stock

Au 30 juin, 350.000 kits contenant élastiques et métier à tisser pour près de 20 euros ont été vendus en France, ainsi qu’un million de sachets de recharges, alors que les adeptes se sont mis à fabriquer non seulement des bracelets mais aussi des figurines, des coques pour téléphone portable... Depuis début juillet, de nombreux points de vente sont en rupture de stock.

Le bracelet Rainbow loom rencontre un succès fou, aussi bien chez les filles que chez les garçons.

Victimes de leurs succès, les bracelets Loom ont suscité de nombreuses copies et contrefaçons, et l’on trouve désormais des recharges à partir de 1 euro.

«Ces bracelets nous permettent d’être comme les personnes auxquelles on s’identifie, mais à un coût complètement modique», explique Alexandra Balikdjian, psychologue de la consommation à l’Université libre de Bruxelles (ULB). Elle met aussi en avant l’importance de la communication, sur internet, dans la propagation du phénomène.

«C’est nouveau et tous mes copains en ont, j’en voulais moi aussi», explique Max, 7 ans. «J’aime beaucoup en faire», poursuit le garçon aux yeux verts, tout en restant concentré sur sa tâche.

«Les enfants en raffolent!», confirme Catherine Chanat, directrice d’un centre de loisirs à Arpajon (Essonne), qui a cependant interdit le jeu dans ses locaux. «Ça crée des jalousies et des frustrations pour ceux qui n’en ont pas», explique-t-elle. Mais «cela va faire partie de mon prochain budget fournitures pédagogiques!», ajoute-t-elle dans un clin d’œil.

Les époux Laurençon tablaient sur un chiffre d’affaires de 800.000 euros sur une année pleine, mais ils atteindront plutôt les 8 ou 9 millions d’euros. «C’est une histoire comme on n’en croise qu’une fois dans sa vie !», sourit Emmanuel Laurençon.

AFP/VNA/CVN

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