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Ebola : la Banque mondiale s'inquiète du "facteur peur"

La Banque mondiale s'est inquiétée mercredi 17 septembre du "facteur peur" lié à Ebola, qui menace les pays touchés par l'épidémie d'un impact économique "catastrophique" après avoir déjà sévi lors de précédentes pandémies mondiales (Sras, grippe aviaire..).

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"Si le virus continue de se propager dans les trois pays les plus durement affectés (Guinée, Liberia, Sierra Leone), son impact économique pourrait être multiplié par huit, infligeant un choc catastrophique à des États déjà fragiles", indique un rapport de l'institution.

Deux personnes ayant contracté le virus Ebola arrivent à l'hôpital de Monrovia, au Liberia, le 12 septembre.

Selon les calculs de la BM, le produit intérieur brut cumulé de ces trois pays pourrait être amputé de 359 millions de dollars en 2014 et de 809 millions en 2015 si l'épidémie n'est pas contenue.

Dans ce scénario catastrophe, la croissance économique chuterait l'année prochaine de 11,7 point de pourcentage au Liberia et de 8,9 point en Sierra Leone, au risque de faire plonger ces deux pays pauvres en récession.

Face à cette crise, le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé qu'il étudierait "début octobre" l'octroi d'une aide supplémentaire de 127 millions de dollars aux trois pays foyers de l'épidémie, qui bénéficient déjà de programmes d'assistance de l'institution.

"La flambée d’Ebola est une grave crise humaine, sociale et économique qui exige une réponse déterminée de la communauté internationale", a commenté la patronne du FMI, Christine Lagarde, citée dans un communiqué.

Dans son rapport, la Banque mondiale souligne, elle, que les coûts économiques d'Ebola tiennent principalement à un "facteur peur" difficilement maîtrisable parce que partiellement irrationnel.

"L'impact économique le plus important de la crise ne résulte pas de ses coûts directs (mortalité, morbidité, soins de santé, pertes des jours de travail) mais de réactions de répulsion alimentées par la peur de la contagion", indique la Banque mondiale.

Ce "facteur peur" a des traductions bien concrètes, selon l'institution : il conduit à la fermeture de lieux de travail et à la perte d'emplois, perturbe les transports et a incité des gouvernements à fermer des ports et des aéroports.

Mises sous quarantaine

La crise de l'Ebola a déjà poussé plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest dont le Sénégal, le Cameroun ou la Côte d'Ivoire à fermer certaines de leurs frontières par crainte d'une contagion.

Au Sénégal, des villageois ont refoulé des Guinéens hors de leur territoire après la découverte d'un premier cas d'Ebola tandis que des zones entières de l'Afrique de l'Ouest ont été mises sous quarantaine.

L'Afrique du Sud ou le Kenya ont eux interdit l'entrée sur leur territoire de voyageurs en provenance de Sierra Leone, Liberia et Guinée.

"Appliqué à un pays tout entier, des mesures de mise en quarantaine vont l'empêcher de recevoir l'aide dont il a besoin pour combattre l'épidémie et vont, en alarmant les partenaires commerciaux, économiques et touristiques, exacerber les réactions de répulsion et l'impact économique de la maladie", selon le rapport.

Des réactions de "panique" se sont également traduites par une hausse des achats de nourriture, faisant grimper les prix au risque de provoquer une crise alimentaire, note la Banque mondiale.

Selon l'institution, ce "facteur peur" a déjà fonctionné à plein lors de deux récentes pandémies mondiales, le Syndrome respiratoire aigu sévère (Sras) qui a sévi en Asie en 2002-2004 ou le virus de la grippe aviaire H1N1 qui s'est propagé en 2009.

"Les analyses montrent que les réactions de répulsion ont été responsables pour 80 à 90% des dommages économiques causés par (ces) épidémies", affirme la Banque mondiale.

AFP/VNA/CVN

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