Dix millions de sans abri, l'une des pires crises humanitaires au Pakistan

Au moins 10 millions de personnes sont sans abri au Pakistan, en proie à des inondations dévastatrices depuis un mois et demi, selon une nouvelle estimation de l'Organisation des Nations unies (ONU) qui évoque "l'une des plus graves crises humanitaires" que le monde ait connues en nombre de personnes à assister.

Le précédent chiffre évoqué par l'ONU faisait état de 4,8 millions de sans-abri.

"Au moins 10 millions de personnes sont pour l'heure sans abri, selon une nouvelle estimation après les dernières inondations dans la province du Sind (Sud)", a déclaré à l'AFP, Maurizio Giuliano, le porte-parole à Islamabad du Bureau de coordination de l'ONU pour les affaires humanitaires (Ocha).

"Et cela ne tient pas compte des gens qui ont reçu un abri temporaire d'urgence ou sont hébergés dans des écoles", a poursuivi M. Giuliano. L'ONU a fourni pour l'heure des tentes et des bâches à 1,83 million de sinistrés et environ un demi-million est hébergé dans des écoles, selon lui.

"C'est l'une des plus grandes crises humanitaires que le monde ait connues", a commenté à son arrivée à Islamabad mardi Valerie Amos, nouvelle secrétaire générale adjointe et coordinatrice des secours d'urgence de l'ONU, selon un communiqué de l'Ocha.

"C'est l'une des plus graves crises humanitaires de l'histoire de l'ONU en termes de nombre de personnes à assister et de territoire à couvrir pour leur porter secours", a renchérit M. Giuliano.

Pour l'heure, le gouvernement pakistanais fait état d'un bilan de 1.760 morts depuis le début des inondations fin juillet. Mais il n'a pratiquement pas révisé son bilan depuis un mois et les experts s'attendent à ce qu'il s'alourdisse au fil des découvertes macabres quand les eaux se seront retirées et que la malnutrition et les éventuelles épidémies vont sévir.

À la suite de pluies exceptionnellement torrentielles de la mousson, qui ont gonflé les rivières et fleuves jusqu'à 40 fois leur volume normal, plus de 20% du territoire pakistanais a été inondé, soit l'équivalent de la surface de la Grande-Bretagne, et plus de 21 millions de personnes ont été affectées à divers degrés, soit près de 13% des quelque 170 millions de Pakistanais, selon l'ONU.

Dans les régions inondées dès le début des pluies, dans le Nord, l'Est et le Centre, les eaux se sont retirées, laissant, à la place d'une multitude de villages et bourgs de maisons en terre séchée et de millions d'hectares de cultures, de vastes champs de boue.

Mais dans la province méridionale du Sind, dans la basse vallée de l'Indus, les crues terribles de ce fleuve continuent de menacer des villes de centaines de milliers d'habitants qui sont évacuées une à une depuis 2 semaines.

Au-delà de l'aide d'urgence pour sauver les gens de la noyade et leur apporter les denrées élémentaires à leur survie dans le court terme, le Pakistan, dont l'économie était déjà au bord du gouffre, sera confronté à des mois, voire des années de crise humanitaire et de besoins de reconstruction, estiment le gouvernement et les ONG.

Dans un pays où la grande majorité de la population vit des revenus agricoles, 3,6 millions d'hectares de cultures ont été englouties par les eaux, selon l'ONU.

Mi-août, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait évoqué un "tsunami au ralenti", pour décrire l'ampleur de la catastrophe et les risques à venir sur le plus long terme.

Mais, à ce jour, seuls 64% des 460 millions de dollars que l'ONU a réclamés à la communauté internationale le 11 août pour financer seulement son aide d'urgence au Pakistan ont été satisfaits. Et les représentants de l'ONU se plaignent de la faiblesse et de la lenteur de la réaction des pays donateurs.

AFP/VNA/CVN

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