Japon
Dix-huit morts dans un nouveau séisme

Des dizaines d'habitants étaient pris au piège samedi 16 avril après un nouveau tremblement de terre dans le Sud-Ouest du Japon, qui a tué au moins 18 personnes et provoqué destructions, incendies et glissement de terrain.

>>Plusieurs usines à l'arrêt après le tremblement de terre au Japon

Des urgentistes s'occupent d'un patient devant un hôpital à Kumamoto sur l'île de Kyushu dans le Sud-Ouest du Japon le 16 avril touchés par une série de séismes.

"Nous avons connaissance de nombreux endroits où des gens ont été ensevelis. La police, les pompiers et les soldats font tout leur possible pour les secourir", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga. Neuf personnes avaient déjà trouvé la mort dans un premier séisme d'une magnitude de 6,5 survenu jeudi soir 14 avril dans cette région située à quelque 900 km de Tokyo.

Ces nouvelles secousses ont endommagé ou fait basculer de nombreux bâtiments, dont un hôpital de la ville de Kumamoto et l'aéroport qui a été fermé. Elles ont aussi déclenché une impressionnante coulée de boue et de pierres, emportant des maisons, coupant une autoroute et isolant du reste du monde un millier d'habitants dans une zone montagneuse de l'île de Kyushu.

Vue aérienne fournie par les autorités japonaises du site du glissement de terrain dans la préfecture de Kumamoto (sud du Japon), le 16 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Seize personnes ont péri dans le deuxième séisme", a indiqué Mariko Kuramitsu, fonctionnaire de la préfecture de Kumamoto. Une université a par ailleurs annoncé la mort de deux de ses étudiants, qui avaient été bloqués avec une dizaine d'autres jeunes dans un immeuble d'habitation à Minami-Aso, près de l'éboulement.

65.000 habitants sans toit

"Nous devons avant tout sauver des vies. Nous devons agir vite", a lancé le Premier ministre Shinzo Abe qui a annulé sa visite dans la zone et convoqué un conseil de crise. "La météo devrait se dégrader, des pluies et du vent sont attendus et nous redoutons des glissements de terrain et autres désastres", a-t-il averti.

Le gouvernement va envoyer des renforts au cours du week-end, portant à 20.000 les effectifs sur place. "Des incendies ont éclaté" et de "graves dommages sont constatés dans de vastes zones", a relevé M. Suga. Un pont de 200 mètres effondré, des routes fissurées voire éventrées, un sanctuaire séculaire démoli : des images télévisées montraient des scènes de désolation.

Quelque 65.000 habitants, se retrouvant sans toit, ont trouvé refuge dans des centres d'accueil, tandis que des dizaines de milliers de foyers étaient toujours privés d'eau, d'électricité et de gaz. "Je n'ai rien à manger, rien à boire, je ne sais pas quoi faire", a confié à la presse Tomoko Goto, 67 ans.

Photo fournie par la Croix rouge internationale de secouristes japonais soignant des blessés après le tremblement de terre, le 16 avril à Kumamoto (Sud du Japon).

Le nouveau tremblement de terre, de magnitude 7,0, d'après l'Institut de géophysique américain (USGS), est survenu samedi 16 avril à 01h25 locale (16h25 GMT vendredi 15 avril) à une profondeur de 10 km seulement, suivi de multiples répliques. L'agence de météorologie japonaise l'a évalué à 7,3, précisant que celui de jeudi était en fait un choc "précurseur".

'Tellement peur'

Outre les répliques incessantes, les inquiétudes étaient alimentées par une petite éruption du volcan Aso, sur la même île de Kyushu, mais le niveau d'alerte n'a pas été élevé et le lien avec les séismes n'a pas été formellement établi.

"Nous sommes sorties de la maison à cause des secousses qui n'en finissaient pas", a raconté Hisako Ogata, 61 ans, évacuée avec sa fille dans un parc de Kumamoto où une cinquantaine de personnes étaient assises sur des bâches de plastique bleu. "On a eu tellement peur, mais heureusement nous sommes vivantes !". "J'ai été réveillé par le séisme. Mon corps rebondissait sur le lit. Le téléviseur est tombé", a témoigné un photographe de l'AFP.

Zoom sur l'île de Kyushu au Japon, théâtre d'un autre séisme de magnitude 7 (source USGS).

La première secousse dans la nuit de jeudi 14 avril à vendredi 15 avril, d'une violence inédite pour bien des riverains, avait endommagé le château de Kumamoto, vieux de 400 ans, et détruit de vétustes maisons dans la petite ville voisine de Mashiki. Les sauveteurs avaient sorti saine et sauve des décombres une fillette de huit mois, plus de six heures après le tremblement de terre.

Aucune anomalie n'a été relevée dans la centrale nucléaire de Sendai où se trouvent les deux seuls réacteurs du Japon en service, a assuré la compagnie Kyushu Electric Power. Situé à la jonction de quatre plaques tectoniques, l'archipel subit chaque année plus de 20% des séismes les plus forts recensés sur Terre.

Les Japonais sont encore plus sensibles aux risques depuis le tsunami de mars 2011, qui a tué quelque 18.500 personnes et provoqué la catastrophe nucléaire de Fukushima.

AFP/VNA/CVN

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