Deux semaines après les émeutes, l’Angleterre en mal de solutions

Deux semaines après les émeutes, l'Angleterre émerge du choc des pires violences urbaines dans le pays depuis 30 ans sans réponse claire, les politiques oscillant entre le "tout répressif" et le traitement social.

Dans l'immédiat, le Premier ministre a appelé à des "peines exemplaires". La police a travaillé sans relâche pour identifier les fauteurs de troubles.

Plusieurs milliers de personnes ont été interpellées et une centaine sont incarcérées chaque jour dans des prisons proches de la saturation. Les tribunaux ont siégé quasiment sans interruption, et les peines de prison infligées aux émeutiers sont en moyenne 25% plus longues qu'habituellement.

Plusieurs juristes se sont élevés contre des peines jugées disproportionnées, tels ces quatre ans de prison pour deux jeunes ayant incité sur Internet à des violences qui n'ont jamais eu lieu.

Le 19 août, une mère de deux enfants condamnée à cinq mois de prison pour recel de deux shorts volés a vu sa peine commuée en 75 heures de travail communautaire.

Le 21 août, le Premier ministre conservateur David Cameron a repris dans le dominical populaire Sunday Express le thème de l' "effondrement moral" de la société, responsable selon lui des émeutes, appelant à "restaurer la politesse, la discipline et le sens du devoir qui font de bons citoyens". Il a mis en cause "l'érosion du sens des responsabilités" dû à "l'État providence, qui ne récompense par le travail", et "une conception erronée des droits de l'homme".

Avec un discours centré sur la famille, et une sévérité sans faille vis-à-vis des délinquants, le Premier ministre joue sur du velours : 48% des Britanniques jugent les peine infligées "plutôt justes", 62% sont pour expulser les fauteurs de troubles de leurs logements sociaux et 68% sont d'accord pour qu'on leur retire leurs allocations, selon un sondage YouGov publié dans le Sunday Times.

D'abord critiqué pour son retour tardif de vacances, le Premier ministre ne semble pas avoir souffert de sa réaction aux émeutes : sa cote est stable à 34%, tandis que celle du leader de l'opposition Ed Miliband recule de trois points à 24% dans un sondage ComRes publié le 21 août.

En revanche, ses partenaires libéraux-démocrates dans la coalition renâclent devant ce discours du bâton. "On voit mal comment expulser les gens va aider les gens les plus vulnérables", a observé le député libéral Tom Brake.

Prenant le contre-pied de David Cameron, l'ancien Premier ministre travailliste Tony Blair ne croit pas à "un déclin moral général" et juge le 21 août dans The Observer que la "vraie cause des émeutes est un groupe de jeunes marginalisés, qui vivent en dehors de la société".

Pour Tony Blair, "la solution doit être spécifique et innovante". "Nous devons être prêts à aller littéralement dans chaque famille et à un stade précoce", soutient-il.

Même le très libéral The Economist juge "franchement bizarre" que David Cameron "semble nier que la pauvreté soit en toile de fond des émeutes". "Le Premier ministre a ressorti son vieux refrain de la +société cassée+ - mais pas de nouvelles idées", constate le magazine.

AFP/VNA/CVN

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