"L'aspect le plus important de notre tâche au cours des deux prochains jours sera de résoudre la crise financière ici en Europe", a déclaré le 3 novembre le président américain Barack Obama peu avant le sommet des principaux pays riches et émergents, qui s'est ouvert à la mi-journée et se poursuivra jusqu'au le 4 novembre. Il a dit attendre davantage de "détails" de la part des Européens.
"C'est surtout à l'Europe de régler le problème de la dette européenne", avait déjà prévenu le 2 novembre au soir le président chinois Hu Jintao lors d'un dîner avec son homologue français Nicolas Sarkozy, douchant les espoirs d'un coup de pouce immédiat de la deuxième puissance économique mondiale.
Paris et Berlin ont lancé le 2 novembre au soir un ultimatum à Athènes, sommée de décider lors de son référendum controversé prévu dans un mois si elle veut abandonner la monnaie commune ou pas. Une hypothèse longtemps taboue à laquelle les Européens semblaient le 3 novembre presque résignés.
L'Union monétaire peut "se passer" de la Grèce, a ainsi tranché le ministre français des Affaires européennes, Jean Leonetti. Mais à Bruxelles, la Commission européenne a dramatisé les enjeux, prévenant qu'en l'état des traités, une sortie de la zone euro n'est pas possible "sans sortie de l'Union européenne" tout entière.
Un règlement de la crise de la zone euro
La réunion de Cannes devait consacrer le retour de la confiance, grâce au plan de sortie de crise mis au point la semaine dernière par la zone euro et à la perspective d'une contribution des grands pays émergents pour arrêter le ralentissement de l'économie mondiale.
Ce bel échafaudage s'est effondré le 31 octobre avec la décision surprise d'Athènes de soumettre l'accord européen à un référendum à l'issue plus qu'incertaine.
Pékin a prévenu que son aide à la zone euro dépendait justement de sa capacité à mettre en œuvre cet accord. Le soutien chinois peut atteindre 100 milliards de dollars, a expliqué un haut responsable de la Banque centrale de Chine, Li Daokui, mais à condition d'avoir la preuve de l'efficacité du Fonds européen de stabilité financière (FESF).
Or le renforcement de ce fonds censé servir de pare-feu pour prévenir la propagation de la crise de la dette à l'Italie et, au-delà, à toute l'économie mondiale, fait partie du plan européen remis en question par le référendum grec.
Convoqué le 2 novembre au soir à Cannes par Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel, les principaux dirigeants de l'UE et la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde, très remontés contre son initiative, le Premier ministre grec Georges Papandréou a fait, du bout des lèvres, deux concessions.
D'abord, le référendum pourrait avoir lieu le 4 décembre et non pas en janvier comme envisagé. Ensuite, son "enjeu" sera "clairement" l'appartenance de la Grèce à la zone euro, a-t-il reconnu.
Le couple franco-allemand avait exigé que la consultation porte là-dessus, et pas sur le plan de sauvetage européen.
"La Grèce veut-elle rester ou non dans le zone euro?", a demandé M. Sarkozy, promettant de ne pas "verser le moindre centime" à Athènes dans l'attente d'une réponse.
De concert avec le FMI, l'UE a ainsi coupé les vivres à la Grèce en faisant dépendre de l'issue du référendum le versement d'un prêt de 8 milliards d'euros, dont elle a un besoin vital pour éviter la faillite. Athènes peut tenir sans argent frais jusqu'à début ou mi-décembre, selon les sources.
Mais dès la nuit du 2 au 3 novembre, le compromis bancal arraché à Cannes a été remis en cause par deux ténors du gouvernement grec, dont le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos, qui a pourtant participé à la réunion sur la Côte d'Azur. Le gouvernement de Georges Papandréou, qui ne dispose plus sur le papier d'une majorité au parlement où un vote de confiance crucial est pourtant prévu le 4 novembre, ne tenait plus qu'à un fil. M. Papandréou a toutefois exclu de démissionner, selon la télévision publique grecque.
Face à cette crise politique qui s'ajoute à la crise financière, l'opposition de droite grecque a appelé à la formation d'un gouvernement de transition pour "garantir" le plan de sauvetage "inévitable". La perspective d'un cabinet d'union nationale semblait se dessiner.
Déboussolées par ces nouvelles, les places boursières européennes ont finalement monté en flèche le 3 novembre en début d'après-midi, essentiellement grâce à une baisse des taux de 0,25 point, à 1,25%, décidée par la Banque centrale européenne (BCE).
Les principales puissances émergentes du groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) se sont réunies dans la matinée pour accorder leurs violons avant le sommet et accentuer leur influence au G20.
AFP/VNA/CVN