"Il est temps pour l'Europe de se réveiller", a lancé le Premier ministre grec Georges Papandréou dans une interview le 17 juillet au quotidien Kathimerini . Il a en même temps assuré être "en passe de parvenir à une solution pour donner un répit de long terme à la dette" de son pays, maillon le plus fragile de l'Union monétaire.
L'heure est grave. Troisième économie de la zone, l'Italie vient à son tour d'essuyer une semaine difficile sur les marchés, au moment où elle bouclait à une vitesse record un plan d'austérité de 48 milliards d'euros.
"Il faut éviter une contagion de la Grèce à l'Espagne et à l'Italie, et au reste de la zone euro", a averti le ministre belge des Finances, Didier Reynders, interrogé par La Libre Belgique : "Aider la Grèce, c'est aussi nous aider nous-mêmes en évitant que la zone euro toute entière soit dans la tourmente".
Le 17 juillet à Athènes, la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton a exprimé le soutien de son pays au gouvernement grec. Elle a comparé à une "chimiothérapie" ses efforts pour venir à bout du "cancer" de la dette.
Mais une nouvelle zone de turbulences pourrait rapidement se former au-dessus de la zone euro si ses dirigeants ne parviennent pas, le 21 juillet à Bruxelles, à mettre sur pied un deuxième plan d'aide à la Grèce, d'une ampleur similaire au premier plan de 110 milliards d'euros, décidé l'an dernier mais déjà insuffisant.
Les tractations portent principalement sur les modalités de la participation du secteur privé créancier de la Grèce au deuxième plan d'aide. L'Allemagne exige que les banques mettent cette fois la main au portefeuille, afin de faire passer la pilule à une opinion publique réticente à payer pour les autres.
La chancelière allemande Angela Merkel a prévenu le 17 juillet qu'elle ne se rendrait au sommet de Bruxelles "que s'il y a un résultat en vue", dans un entretien à l'ARD.
L'organisation qui regroupe les plus grandes banques du monde, l'Institut de la finance internationale (IIF), a fait état le 17 juillet de "progrès" lors des réunions entre créanciers de la Grèce et responsables européens à Rome en fin de semaine.
Une idée fait son chemin depuis plusieurs jours : donner à la Grèce les moyens, via le Fonds de secours de la zone euro (FESF), de racheter une partie de sa propre dette publique sur les marchés. Avantage : elle ne vaut plus aujourd'hui qu'un peu plus de la moitié de sa valeur d'origine.
Le ministère allemand des Finances estime qu'Athènes pourrait ainsi réduire sa dette de 20 milliards d'euros, affirme l'hebdomadaire Der Spiegel paru le 18 juillet.
Le risque, en forçant trop la main aux établissements financiers, est de placer de facto Athènes en défaut de paiement, une perspective qui effraie la Banque centrale européenne (BCE). Cette issue, toutefois, n'est plus taboue dans la zone euro.
Le chef de la banque centrale allemande Jens Weidmann reste sceptique.
"Même un allègement de la dette n'apportera pas de véritable amélioration" tant que la Grèce continuera à consommer plus qu'elle ne produit et ne résorbera pas ses déficits, a-t-il confié au journal allemand Bild am Sonntag , fustigeant au passage l'idée d'émettre, pour aider la Grèce, des euro-obligations garanties par les États de la zone euro.
Cette dernière devait suivre aussi avec anxiété le 18 juillet la réaction des marchés aux résultats des tests de résistance des banques européennes publiés vendredi dernier soir. Ils sont un peu meilleurs qu'anticipé mais ont un gros point faible : l'examen de passage n'a pas pris un compte le risque d'un défaut de paiement d'un pays.
AFP/VNA/CVN