* Matthew Powell, directeur à Hanoi de la société de l'immobilier Savills Vietnam
Cette année, après la fermeture des centres de transactions de l'or, bon nombre d'investisseurs, professionnels ou non, boudent le métal jaune pour se tourner vers le marché de l'immobilier. Les investisseurs commencent à fixer leurs objectifs à long terme. Néanmoins, sur le marché, alors que l'offre est bien prévue, la demande est toujours impossible à prévoir. Plutôt que d'essayer de trouver une estimation précise de la demande, les investisseurs doivent déterminer clairement leur objectif ainsi que les goûts des clients. Je pense qu'il ne faudrait pas prendre la décision d'investir au moment où le marché explose. L'important, c'est que l'investisseur a suffisamment de flair pour saisir correctement le marché et que le marché se stabilise dans la durée.
* Dang Hùng Vo, conseiller auprès du ministère des Ressources naturelles et de l'Environnement
Cette année, le marché de l'immobilier connaîtrait un essor malgré plusieurs phénomènes de fièvre qui se produisent localement, notamment en ce qui concerne les terrains aménagés pour les projets ou aux appartements. Elles seront plus visibles à Hanoi qu'à Hô Chi Minh-Ville. Cette année, les Hanoiens ne se ruent pas vers les projets en centre-ville. Ils lorgnent davantage ceux des alentours. Le problème est qu'en général, le marché de l'immobilier du Vietnam souffre d'un manque de transparence qui se traduit par un certain nombre de risques lors des transactions. Si l'on veut que le marché se stabilise, il faudrait mettre en oeuvre des politiques efficaces.
* Pham Thanh Hung, directeur général de la Compagnie d'évaluation des prix Thê ky :
Il est difficile de prévoir comment se comportera le marché de l'immobilier de l'année 2010. Néanmoins, cette année, les prix pourraient baisser, notamment pour les logements haut de gamme. Un nouveau tarif sera établi au cours des premiers mois de l'année et pourrait entraîner une flambée des transactions. Entre le Nord et le Sud, il y a toujours des différences. À Hô Chi Minh-Ville, le marché connaitraît une fluctuation et des variations de prix plus rapides qu'à Hanoi. Mais d'un autre côté, les informations sont assez transparentes. De plus, dans la mégapole du Sud, les emprunts en faveur des transactions immobilières sont plus élevés qu'à Hanoi.
Je remarque une chose : le marché de l'immobilier est devenu progressivement "sensible" aux politiques de l'État. Au cours de ces 2 dernières années, bon nombre de politiques promulguées ont eu des répercussions sur le marché notamment l'impôt sur le revenu, le transfert de droits de l'utilisation, etc. Néanmoins, plusieurs nouvelles politiques ayant été promulguées sans guide détaillé à propos de leur mise en oeuvre embarrassent les investisseurs et influencent négativement le marché.
* Richard Leech, directeur exécutif de la société de l'immobilier CB Richard Ellis Vietnam :
Le Vietnam a fini sa décennie avec une croissance forte au cours du dernier trimestre. En 2009, le fait que le PIB de Hanoi ait atteint 6,67%, soit un chiffre supérieur à l'objectif fixé, est un bon signe. Cette année, la croissance du PIB de la capitale devrait être à 2 chiffres. Ce qui créera des conditions favorables à l'essor du marché de l'immobilier.
Actuellement, l'offre en appartements de Hanoi ne répond pas suffisamment à la demande. Le prix du logement n'augmentant pas de manière vertigineuse, comme à Hô Chi Minh-Ville et dans plusieurs pays de la région, constitue une occasion pour que le marché se développe en 2010. L'an passé, l'investissement direct étranger (IDE) inscrit dans ce secteur était de 500 millions de dollars alors que le montant décaissé s'est élevé à plus de 650 millions de dollars. Dans la conjoncture difficile de l'économie, il s'agit d'un chiffre prometteur car le fonds décaissé est supérieur à celui inscrit.
Hanoi compte de nombreux projets qui attirent les investisseurs étrangers. En voici l'illustration la plus significative. Elle concerne 2 grands projets lancés en 2009. Le premier est Canal Park dans l'arrondissement de Long Biên, dont l'investisseur est le groupe malaisien Berjaya, et le second, Mulberry Lane initié par le groupe singapourien CapitaLand. Cette année, les investisseurs ont une stratégie claire pour leurs projets, ce qui fait que les prix ne devraient pas trop bouger, se négociant autour de 1.000 dollars le mètre carré. Si lors du 4e trimestre 2009, plus de 6.500 appartements étaient à vendre, représentant 40% du total des offres de 2009, cette année, l'offre sera plus abondante à condition que le marché maintienne les signes positifs qu'ils montrent actuellement.
* Trân Vu Anh, directeur exécutif chargé de la gestion du groupe VinaCapital
Ces dernières années, le marché de l'immobilier a reçu une source importante de fonds étranger. Néanmoins, je pense qu'il ne faudrait pas trop attendre des fonds d'IDE et de ceux envoyés par les Vietnamiens d'outre-mer pour 2010, en raison de la conjoncture économique mondiale difficile et de la menace du chômage qui pèse sur les épaules des Viêt kiêu. Cette année, on espère que les politiques financières pourront permettre d'améliorer le marché boursier, afin de dynamiser le marché de l'immobilier. L'ouverture du marché boursier, en 2006-2007, a été un facteur actif en faveur du développement de l'immobilier. Par ailleurs, les milliards de dollars que le gouvernement prévoit d'injecter dans les projets d'infrastructures devraient eux aussi favoriser le développement de ce marché.
Linh Thao/CVN