Dakar inaugure son train express pour mettre fin aux bouchons tentaculaires

Le Sénégal inaugure lundi 27 décembre un train express régional (TER) à Dakar, lancé par le président Macky Sall pour moderniser les transports, ayant coûté plus d'un milliard d'euros et censé mettre fin aux bouchons monstres dans la métropole ouest-africaine.

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Le train express régional (TER) à la gare flambant neuve de Dakar, le 22 décembre censé révolutionner les transports en commun dans la métropole ouest-africaine.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le chef de l'État va présider lundi 27 décembre dans la nouvelle ville de Diamniadio, près de Dakar, la cérémonie de mise en service de la ligne, dont les travaux ont démarré il y a cinq ans, a-t-on appris auprès de ses services.

Le trafic passagers devrait prendre son rythme de croisière d'ici une dizaine de jours, après "un programme découverte" offert dans un premier temps aux usagers afin qu'ils puissent "s'approprier" ce nouveau moyen de transport, selon les mêmes sources.

Le TER doit relier en une vingtaine de minutes les 36 km séparant Dakar de Diamniadio, un tronçon sur lequel les usagers perdent habituellement des heures en voiture.

Les trains vont rouler à une vitesse de pointe de 160 km/h et pourront transporter 115.000 personnes par jour, de 05h00 à 22h00, selon les promoteurs. Les rotations seront effectuées par 15 rames de quatre voitures chacune, construites par le groupe français Alstom.

La construction du TER et de ses nouveaux rails a impliqué "une vingtaine d'entreprises" françaises dont Eiffage, Engie, Thales, SNCF mais aussi turques et sénégalaises. La mise en service a été plusieurs fois reportée depuis le lancement des travaux début 2017.

Des millions perdus 

Ils ont coûté 780 milliards de FCFA (plus de 1,1 milliard d'euros) financés surfonds propres et grâce à des prêts - notamment français - par l'Etat du Sénégal, "propriétaire de toute l'infrastructure", a affirmé Abdou Ndéné Sall, directeur général de la Senter, la société de patrimoine du TER détenue à 100% par l'État sénégalais.

Des agents du train express régional (TER) censé révolutionner les transports en commun dans la capitale sénégalaise Dakar, au centre de contrôle de Colobane, au Sénégal, le 22 décembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le délai "peut paraître long mais nous avons battu des records de vitesse dans la construction malgré la COVID-19. Le TER sera un des moyens de transport les plus modernes du monde", a déclaré à l'AFP Stéphane Volant, président du conseil d'administration de la Seter, société d'exploitation du TER et filiale de la Société publique française de transport ferroviaire (SNCF).

Le TER est un volet du Plan Sénégal Emergent (PSE), un programme de développement censé s'achever à l'horizon 2035 et initié par le président Sall, au pouvoir depuis 2012.

Il vise à désengorger Dakar, qui concentre sur 0,3 % du territoire le cinquième des 17 millions de Sénégalais et la quasi-totalité des activités économiques du pays. Les embouteillages coûtent officiellement à la ville 152 millions d'euros par an.

À côté d'une autoroute à péage fonctionnelle depuis dix ans, le TER sera combiné à des lignes de bus rapides devant prochainement circuler sur des voies réservées. Il doit, dans une seconde phase, permettre de rejoindre en 45 mn l'aéroport de Diass, sur 57 km.

Le transport à Dakar est actuellement assuré par des bus, des "cars rapides", des véhicules usagés et des taxis. Il ne permet pas "de répondre de manière satisfaisante aux besoins des déplacements estimés à 124.000 passagers en heure de pointe du matin", selon un document de la Banque africaine de développement, partenaire du projet TER.

"Pas une priorité" 

Le Sénégal a signé un "contrat de gestion, d'exploitation et de maintenance" du TER, de cinq ans renouvelable avec la filiale de la SNCF Seter, "le temps de transférer certaines compétences au personnel sénégalais", a précisé Abdou Ndéné Sall

Il est prévu que le Sénégal prenne 34% du capital de la Seter d'ici six mois, selon M. Volant. Le projet va employer 1.000 personnes dont 984 Sénégalais et 16 expatriés.

Les tarifs vont de 500 FCFA (moins d'un euro) à 1.500 FCFA (2,29 euros) jusqu'à Diamniadio en deuxième classe contre un tarif unique de 2.500 FCFA (environ 4 euros) en première classe.

Les partisans du pouvoir présentent le TER comme un succès du président Sall mais des milliers d'expropriés crient leur colère.

"Le TER nous a appauvris", affirme Amina Bayo, responsable d'un collectif d'expropriés dénonçant un "projet coûteux" et réclamant 76 millions d'euros d'indemnisation à l'État, qui dit avoir satisfait à ses obligations sans préciser le montant des sommes accordées.

"L'argent investi dans le TER aurait pu servir à réhabiliter le réseau ferroviaire sénégalais. Le TER n'était pas une priorité", affirme l'économiste sénégalais Demba Moussa Dembélé.


AFP/VNA/CVN

 

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