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Des avions de la compagnie portugaise TAP à Lisbonne. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nos arguments ont été bien reçus, le travail du gouvernement portugais est fait et les résultats sont bons", s'est félicité le ministre des Infrastructures, Pedro Nuno Santos. "On ne nous a pas imposé de nouveaux licenciements, de nouvelles coupes salariales ni une nouvelle réduction de la flotte" de TAP, a-t-il précisé lors d'une conférence de presse.
Lisbonne attendait avec impatience que Bruxelles approuve le plan de restructuration qui lui avait été soumis en décembre 2020, et qui prévoyait déjà d'importantes économies de la part du transporteur, dont les difficultés financières se sont accrues avec la crise sanitaire.
Ce plan "viendra mettre la compagnie sur la voie de sa viabilité à long terme", a considéré la commissaire européenne chargée de la Concurrence, Margrethe Vestager.
Concrètement, Bruxelles a accepté que le prêt d'urgence de 1,2 milliard d'euros accordé à TAP l'année dernière soit converti en capitaux propres. L'État portugais, qui redeviendra l'actionnaire unique de la compagnie, pourra ensuite faire une nouvelle injection de fonds publics de 990 millions d'euros et se porter garant d'un prêt de 360 millions d'euros.
"Sacrifices" des salariés
La Commission a également autorisé les versements de 107,1 millions et de 71,4 millions d'euros supplémentaires pour pertes provoquées par la pandémie de COVID-19 au second semestre 2020 et au premier semestre de cette année, alors que la compagnie avait déjà touché 462 millions d'euros à ce titre.
En contrepartie, TAP devra se séparer de sa filiale Portugalia, se défaire des activités d'entretien qu'elle détient au Brésil et encore céder les parts qu'elle détient dans le bagagiste Groundforce, qui a récemment déposé son bilan, puis dans une société de restauration.
En outre, la compagnie nationale devra libérer des créneaux de décollage et d'atterrissage à l'aéroport de Lisbonne à un concurrent qui sera choisi sur concours.
La décision de Bruxelles représente "une victoire de tous les travailleurs de TAP", a néanmoins réagi Henrique Moura Martins au nom du Syndicat du personnel de vol de l'aviation civile (SNPAC), en rappelant "tous les sacrifices qui ont été faits pour assurer l'avenir de la compagnie".
Depuis fin 2019, TAP a déjà licencié quelque 2.900 salariés et ceux qui sont restés subissent des coupes salariales de 25 à 50%.
Campagne électorale
À l'issue de ce plan de restructuration, TAP Air Portugal redeviendra à 100% publique car son actionnaire privé, qui détient par ailleurs le groupe de transport routier et ferroviaire Barraqueiro, ne conservera qu'une participation dans la holding TAP SGPS.
Privatisée à hauteur de 61% en 2015, sous un gouvernement de droite qui a mis en œuvre un vaste programme de rigueur budgétaire, TAP est repassée sous contrôle public dès que la gauche est arrivée au pouvoir l'année suivante.
La conclusion de ce dossier épineux arrive à point nommé pour l'exécutif du Premier ministre Antonio Costa, qui briguera un nouveau mandat lors des élections législatives anticipées prévues le 30 janvier.
Le feu vert de Bruxelles "témoigne de la confiance en l'avenir de notre compagnie nationale", a réagi sur Twitter le chef du gouvernement socialiste alors que son rival du centre droit, Rui Rio, cite souvent la gestion de TAP pour critiquer son bilan.
"C'est une mauvaise solution de fermer TAP après les montants élevés qui y ont été enterrés, et c'est une mauvaise solution de la conserver car il faut y mettre encore beaucoup d'argent", a déclaré M. Rio dimanche lors d'un discours qui a clôturé le congrès de son parti et marqué le coup d'envoi de sa campagne électorale.
De son côté, la compagnie à bas coût Ryanair qui conteste l'aide accordée à TAP, a critiqué la décision européenne. Son patron Michael O'Leary a appelé dans un communiqué à "ne plus accorder des aides d'État à des compagnies nationales sans avenir, mais plutôt à promouvoir la concurrence".
AFP/VNA/CVN