Depuis une décennie, le gouvernement a élaboré des politiques prioritaires pour protéger les constructeurs automobiles dans le pays. Pourtant, le Vietnam n'a toujours pas d'industrie automobile digne de ce nom et les consommateurs doivent acheter à des prix exorbitants des véhicules importés.
Si le gouvernement n'élabore pas de politiques homogènes encourageant la construction automobile, les constructeurs risquent à se transformer en importateurs, peut-on lire dans un message de la coentreprise Toyota Vietnam adressé au gouvernement, à l'Assemblée nationale et aux services compétents.
Selon les engagements du Vietnam dans le cadre du CEPT, la taxe d'importation des voitures sera ramenée de 60% en 2013 à zéro pour cent en 2018, indique Akito Tachibana, directeur général de Toyota Vietnam. Les véhicules assemblés dans le pays devront faire face alors à une concurrence féroce des voitures importées.
"Dans ce contexte, 2 scénarii sont envisageables", avertit Akito Tachibana. Le premier est optimiste : le pays détermine des produits stratégiques et encourage leur fabrication par des politiques prioritaires, alors les entreprises investiront dans le développement de leur production et l'augmentation du taux de pièces détachées fabriquées dans le pays. Et en 2018, ces produits pourraient concurrencer les voitures importées. Le second est catastrophique : en raison d'un manque d'orientation sur les lignes de produits stratégiques, le marché vietnamien resterait très morcelé avec les parts de marché des constructeurs implantés dans le pays très modestes. Ces derniers ne satisferaient pas les conditions requises pour abaisser leur coût de revient. Pris à la gorge, ils devraient se résoudre à devenir des importateurs. Dans ce scénario-là, le pays n'aurait jamais d'industrie automobile, accompagnée d'industries auxiliaires, sans oublier que cela renforcerait l'importation excédentaire. Selon le ministère de l'Industrie et du Commerce, la valeur des importations de voitures s'élèverait en 2015 à quelque 12 milliards de dollars.
Selon Toyota Vietnam, les véhicules de 6 à 9 places sont un bon choix stratégique. Déjà, ils occupent 65% de ses ventes. D'après ce constructeur, l'Innova serait le produit le plus adéquat car 37% de ses pièces détachées sont fabriquées au Vietnam. Il s'agit du taux le plus élevé pour les automobiles assemblées dans le pays. L'objectif est d’atteindre un taux de 50-60% en 2018, année où Toyota Vietnam espère écouler 50.000 véhicules.
Dialogue entre le ministère des Finances et Toyota Vietnam
Le ministère des Finances a eu récemment à Hanoi une séance de travail avec les représentants de Toyota Vietnam pour expliquer les politiques fiscales et le développement de la ligne de produits stratégiques. "Si l'on applique une baisse de la taxe de consommation spéciale sur les voitures, estime Vu Van Truong, chef du Département des politiques fiscales, relevant du ministère des Finances, les produits importés seront aussi bénéficiaires. Ainsi, l'objectif de doper les ventes de véhicules construits dans le pays sera difficile à atteindre". Le développement d'une ligne de véhicules stratégiques causerait aussi un déséquilibre dans les industries auxiliaires, remarque-t-il.
Pour aider les entreprises à surmonter leurs difficultés, une série de solutions ont été prises par l'État : réduction de moitié de la TVA sur les voitures, valable du 1er février au 31 décembre 2009 ; baisse de 50% des frais d'enregistrement des voitures moins de 10 places du 1er mai à fin décembre. Le ministère des Finances a promulgué une circulaire sur la réduction de la taxe d'importation sur plusieurs pièces détachées, valable depuis le 9 mars 2009.
Malgré des politiques prioritaires appliquées depuis plus de 10 ans, les constructeurs dans le pays n'arrivent pas à bâtir une industrie automobile digne de ce nom et se limitent à l'assemblage de véhicules à partir de pièces détachées importées. Le taux de pièces détachées made in Vietnam reste inférieur à 10% en moyenne.
Thê Linh/CVN