Cuba conclut ses négociations avec l'UE avant de recevoir Obama

À quelques jours de la visite historique à La Havane du président américain Barack Obama, Cuba a franchi le 11 mars un pas supplémentaire vers la normalisation de ses relations avec les autres pays en signant un accord de dialogue politique avec l'Union européenne.

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Federica Mogherini (gauche) serre la main de Bruno Rodriguez, le 11 mars 2016 à La Havanne.

La validation de ce texte intervient à l'issue de près de deux ans d'intenses négociations entre les 28 et Cuba, seul pays latino-américain sans accord de coopération avec l'UE.

La haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini, a fait le déplacement pour l'occasion.

Pour sceller leur rapprochement, Bruxelles et La Havane négociaient depuis avril 2014 ce "cadre de dialogue politique" en trois chapitres : dialogue politique, coopération et commerce.

Sept sessions de négociations ont été nécessaires ces deux dernières années pour aboutir à ce texte final dont le contenu n'a pas été communiqué à la presse.

"C'est un pas historique (...) L'accord marquera le début d'une nouvelle phase des relations bilatérales", a déclaré Mme Mogherini, au côté du ministre cubain des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez.

Ce dernier a salué la conclusion d'"un processus dynamique qui n'a pas été exempt de complexité, un processus dans lequel persistent des différences sur certains sujets que nous pouvons régler d'un commun accord".

Si le volet commercial faisait déjà l'objet d'un accord, celui du dialogue politique, qui comprend la délicate question des droits de l'homme, était en attente de consensus.

Cuba souhaitait notamment que l'UE abandonne sa "position commune" qui, depuis 1996, conditionne la coopération européenne avec le régime communiste à des avancées démocratiques.

"Cet accord marque la fin de la +position commune+", a déclaré Federica Mogherini, anticipant que l'Union européenne allait de son côté "abroger formellement" ce texte, qui n'est plus appliqué depuis plusieurs années.

La haute représentante a rencontré Raul Castro le 11 mars et devait quitter la capitale cubaine en début de soirée.

Crédibilité

Grâce à cet accord, "Cuba gagne en crédibilité et l'UE s'enlève un poids parce qu'elle n'avait pratiquement rien obtenu avec la position commune", a commenté à l'AFP Joaquin Roy, directeur du Centre de l'Union européenne de l'Université de Miami.

En 2003, la coopération UE-Cuba avait été suspendue après l'incarcération par La Havane de 75 dissidents, libérés depuis. Après le départ officiel de Fidel Castro, en 2008, certaines restrictions avaient été levées.

De son côté, Bruxelles disait vouloir être en mesure de dialoguer de manière plus fluide avec La Havane. Les parties ont prévu de se retrouver dans les prochains mois à Cuba pour une nouvelle réunion consacrée aux droits de l'homme dans le but de "développer notre entente mutuelle et sonder les possibilités de coopération", a indiqué Mme Mogherini.

"Les relations entre Cuba et l'Union européenne se projettent ainsi vers leur consolidation à moyen et long termes, sur des bases de respect, de réciprocité et d'intérêts communs", soulignent les parties dans une déclaration commune.

Avec cet accord, qui devra encore être ratifié par les pays de l'UE avant d'entrer en vigueur, Cuba clôt le chapitre des dissensions avec le bloc européen, quelques jours avant de recevoir la visite de Barack Obama, la première d'un président américain en 88 ans.

Interrogé par l'AFP, le négociateur européen, Christian Leffler, s'est défendu de toute volonté de précipitation pour conclure les négociations avant ce déplacement historique, prévu du 20 au 22 mars dans la continuité du rapprochement engagé entre La Havane et Washington fin 2014.

"Nous sommes très heureux de pouvoir le faire maintenant. Cela coïncide", a assuré M. Leffler.

Avant son entrée en vigueur, l'accord sera soumis aux ministres des Affaires étrangères du bloc européen, probablement en avril, avant une ratification par les États dont les modalités restent à définir, a indiqué à l'AFP une source diplomatique à Bruxelles.

Ces dernières années, de nombreux États européens ont entretenu des relations bilatérales avec l'île et leurs échanges avec Cuba ont gagné en volume, faisant de l'UE le deuxième partenaire commercial de l'île après le Venezuela, avec 2,6 milliards d'euros en 2013, selon l'office européen de statistiques Eurostat.

La France, qui a fait de ses relations avec l’Amérique latine et les Caraïbes un des axes prioritaires de sa politique étrangère, a été, avec les Pays-Bas, le principal promoteur de cette détente.

AFP/VNA/CVN

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