Crise politique en Irak : reprise des combats à Bagdad, 30 morts 

Les combats entre partisans de Moqtada Sadr et l'armée ont repris mardi matin 30 août dans la capitale irakienne. Une escalade où 30 partisans du leader chiite Moqtada Sadr ont été tués par balles depuis lundi 29 août et au moins 380 personnes blessées dans les violences dans la Zone Verte à Bagdad, selon un nouveau bilan fourni par une source médicale.

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Des partisans armés de Moqtada Sadr lors des combats dans la Zone Verte à Bagdad, le 30 août.
Photo : AFP/VNA/CVN

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Les violences qui font craindre un dérapage incontrôlable ont lieu dans la Zone Verte, un secteur où siègent les institutions gouvernementales et des ambassades occidentales.

Après une fin de nuit relativement calme, les violences ont repris malgré un couvre-feu d'une durée illimitée décrété dans tout le pays, où les différentes forces politiques ont été appelées à la retenue par la communauté internationale.

Depuis le matin, les tirs d'armes automatiques et de roquettes RPG résonnent dans tout Bagdad en provenance de la Zone Verte.

Les combats opposent les Brigades de la paix, un groupe armé aux ordres de Moqtada Sadr, à l'armée et aux hommes du Hachd al-Chaabi. Un fait très rare.

Selon un dernier bilan fourni par une source médicale, au moins 23 partisans de Moqtada Sadr ont été tués par balles depuis lundi 29 août et 380 personnes blessées dans la Zone Verte.

Des funérailles ont été organisées mardi 30 août dans la ville sainte chiite de Najaf au sud de Bagdad.

Blocage politique

Funérailles à Najaf des partisans du leader chiite Moqtada Sadr tués lors des manifestations dans la Zone Verte à Bagdad, le 30 août en Irak.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les violences ont éclaté après l'annonce surprise lundi 29 août par Moqtada Sadr de son "retrait" de la vie politique, dont il est pourtant un acteur incontournable.

Des milliers de ses partisans ont aussitôt envahi le palais de la République, où siège le Conseil des ministres dans la Zone Verte, malgré l'intervention des forces de l'ordre qui ont utilisé des gaz lacrymogènes.

Des témoins ont fait ensuite état d'échanges de tirs aux entrées de la Zone Verte entre sadristes et partisans du Cadre de coordination, alliance rivale de Moqtada Sadr qui regroupe des groupes dont celui du Hachd al-Chaabi.

Ailleurs en Irak, des sadristes ont envahi le siège du gouvernorat à Nassiriya (Sud) et occupé le siège du gouvernorat de Babylone (Centre) à Hilla.

Le Cadre de coordination a condamné l'"attaque contre les institutions de l'État" tout en appelant au "dialogue".

Les États-Unis, pays influent en Irak où ils déploient des soldats, ont appelé au calme, l'ONU et la France à la retenue.

L'Irak, pays riche en pétrole mais accablé par une grave crise économique et sociale, est plongé dans l'impasse politique depuis les élections législatives d'octobre 2021 remportées par Moqtada Sadr.

Les barons de la politique ne parviennent toujours pas à s'accorder sur le nom d'un nouveau Premier ministre. Et l'Irak n'a donc ni nouveau gouvernement ni nouveau président depuis le scrutin.

Pour sortir de la crise, Moqtada Sadr et le Cadre de coordination s'accordent sur un point : il faut de nouvelles élections. Mais si Moqtada Sadr insiste pour dissoudre le Parlement avant tout, ses rivaux veulent d'abord la formation d'un gouvernement.

"Ce qu'ils veulent"

Moqtada Sadr entretient des relations en dents de scie avec l'Iran chiite qui exerce une forte influence chez son voisin irakien. C'est là-bas qu'il vit la plupart du temps, mais balance souvent d'une ligne pro-iranienne à la défense d'une position clairement nationaliste.

Ces dernières semaines, le leader chiite irakien n'a cessé de faire monter les enchères car il sait qu'il peut compter sur l'appui d'une très large frange de la communauté chiite, majoritaire en Irak.

Depuis un mois, ses partisans campent aux abords du Parlement dans la Zone verte et ont même bloqué brièvement l'accès à la plus haute instance judiciaire du pays à Bagdad.

Lundi 29 août, dans un nouveau rebondissement, il a annoncé son "retrait définitif" de la politique et la fermeture d'institutions liées à sa famille.

Arrivé premier aux législatives avec 73 sièges (sur 329) mais incapable de former une majorité, il avait fait démissionner ses députés en juin, affirmant vouloir "réformer" le système et en finir avec la "corruption".

"Dans la tradition sadriste, on peut s'attendre à ce qu'il fasse marche arrière", souligne Hamzeh Hadad, chercheur invité au Conseil européen pour les relations internationales (ECFR).

Mais, "et c'est plus terrifiant, on peut penser qu'il donne à ses partisans le feu vert pour faire ce qu'ils veulent, en disant qu'il ne répond plus de leurs actions".

AFP/VNA/CVN

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