>>Face-à-face, Liz Truss et Rishi Sunak s'opposent sur les taxes
>>Deux finalistes pour succéder au Premier ministre Boris Johnson
Liz Truss, candidate au poste de Premier ministre britannique, le 23 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les sondages la donnent largement en tête des intentions de vote : 32 points d'avance selon YouGov. Les membres du parti conservateur ont jusqu'au 2 septembre pour se prononcer et le résultat sera annoncé le 5.
La campagne a été violente entre les deux conservateurs candidats à la succession de Boris Johnson démissionnaire : Mme Truss, 47 ans, ministre aguerrie et déterminée, positionnée très à droite, et Rishi Sunak, 42 ans, ancien ministre des Finances à l'expérience politique limitée, qui a joué la carte d'une honnêteté didactique parfois mal reçue.
Dans un pays qui connaît la pire inflation des pays du G7, désormais à 10,1% et qui, selon la banque Citi, pourrait dépasser 18% en avril, chacun a accusé l'autre de répondre à la crise avec des propositions inadaptées, baisses d'impôts pour Liz Truss, aides directes pour M. Sunak.
Chacun a tiré à lui le manteau de Margaret Thatcher, même si la Dame de fer ne se reconnaîtrait pas forcément dans ces conservateurs 2022 plutôt lisses.
Rishi Sunak, petit-fils d'immigrés indiens, défenseur de l'orthodoxie budgétaire, a accusé Liz Truss de "promettre la Lune à tout le monde" et mis en avant son propre bilan de ministre des Finances durant la pandémie de COVID-19, comme preuve de sa capacité à surmonter les crises.
Mais Liz Truss, qui se veut optimiste, affirme que la récession n'est pas inévitable et qu'il est possible de "libérer des opportunités au Royaume-Uni". Elle veut revenir sur toutes les lois héritées de l'Union européenne, prêche la dérèglementation, le libre-échange et invite les conservateurs à être ambitieux.
Tous les autres sujets sont quasiment passés à la trappe durant la campagne.
Britanniques inquiets
Les deux derniers candidats en lice pour succéder au Premier ministre britannique Boris Johnson. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les Britanniques inquiets d'un hiver difficile avec la flambée des prix de l'énergie, la dégringolade de leur pouvoir d'achat et des grèves qui s'étendent, n'ont porté qu'un intérêt limité à ces deux candidats qui manquent du charisme de Boris Johnson.
Cependant, "dans un parti qui a évolué vers le populisme, elle (Liz Truss, ndlr) a su se présenter de manière plus authentique, plus ordinaire que Rishi Sunak qui se retrouve facilement assimilé à l'élite mondialisée", relève Tim Bale, professeur à l'université Queen Mary de Londres.
"Elle arrive facilement à porter des messages conservateurs traditionnels", ajoute John Curtice, politologue à l'université de Strathclyde.
Rishi Sunak, marié à une millionnaire indienne, a aussi souffert d'une image de traître ayant précipité la chute de Boris Johnson. Il avait démissionné début juillet, suivi par une soixantaine de membres du gouvernement lassés par les scandales à répétition. Mme Truss est restée.
Depuis sa démission le 7 juillet, Boris Johnson a géré les affaires courantes a minima, laissant les grandes décisions à son successeur.
Il est parti en vacances à deux reprises, en Slovénie puis en Grèce, et a commencé à déménager.
Mme Truss, députée depuis 2010 et de son propre aveu oratrice médiocre, a servi dans différents ministères sous trois Premiers ministres depuis 2012. Dans sa jeunesse, elle a milité chez les libéraux-démocrates (centre) avant de rejoindre les conservateurs. En 2016 elle était opposée au Brexit avant de rapidement devenir inflexible sur la question.
Le choix du nouveau Premier ministre est décidé par les seuls membres du Parti conservateur au pouvoir - moins de 200.000 personne -, la plupart des hommes blancs, âgés et aisés, dans un pays qui compte quelque 46 millions d'électeurs inscrits.
Si elle succède à Boris Johnson, Liz Truss deviendra la troisième femme à Downing Street, après Margaret Thatcher (1979-1990) et Theresa May (2016-2019).
Le Parti conservateur, fracturé entre divers courants, est au pouvoir depuis douze ans. Tous les sondages indiquent qu'il perdra face aux travaillistes lors des prochaines législatives prévues au plus tard en janvier 2025.
AFP/VNA/CVN