COVID-19 : avec des indicateurs dans le rouge, la Tunisie a besoin d'aide

La Tunisie a le taux de mortalité lié au COVID-19 "le plus élevé" de la région, a alerté le représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), soulignant que la situation risque encore de s'aggraver dans ce pays qui a besoin d'aide et de vaccins.

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Une Tunisienne âgée infectée par le COVID-19 reçoit de l'oxygène à l'hôpital Ibn al-Jazzar à Kairouan, en Tunisie, le 4 juillet.

"La Tunisie est le pays qui a le plus fort taux de mortalité de tout le continent africain et de tout le monde arabe", souligne le Dr Yves Souteyrand. Elle enregistre "plus de 100 morts par jour" dans un pays de 12 millions d'habitants - "c'est vraiment beaucoup", indique-t-il.

Le pays, qui n'a connu qu'une cinquantaine de morts de mars à août 2020, en est actuellement à plus de 16.000 décès, avec des records de 194, 189 ou 144 nouveaux décès quotidiens enregistrés ces derniers jours.

La gravité de la situation est d'autant plus évidente que "la Tunisie est plus transparente dans ses données que beaucoup d'autres pays", explique-t-il : "le nombre de décès rapporté par la Tunisie est sans doute plus proche de la réalité".

Au delà de l'effet statistique, "la situation sanitaire est grave et tous les indicateurs sont au rouge", ajoute-t-il.

Le taux d'incidence est "très préoccupant", explique le représentant de l'OMS, et "le variant Delta, qui est très contagieux, est très présent" en Tunisie.

Des régions tunisiennes "sont dans une situation épidémiologique particulièrement préoccupante aujourd'hui. On avait Kairouan (Centre), Siliana (Centre), Béja (Nord-Ouest) maintenant s'ajoutent Tataouine (Sud) et Kasserine (Centre)".

"Jours difficiles" à venir

En mars 2020, la Tunisie a pris des mesures précoces et strictes, qui lui ont permis de circonscrire la pandémie - mais au prix d'un effort difficilement reconductible.

"Cela a eu un impact économique et social extrêmement élevé, ce qui fait que par la suite les autorités ont géré un équilibre entre la réponse sanitaire et la réponse socio-économique", souligne le Dr Souteyrand.

Depuis, les restrictions sont restées limitées.

En outre, "il n'y avait pas chez la population une préoccupation suffisante de l'épidémie", estime-t-il.

"Compte tenu du fait que le variant Delta se propage d'une manière large aujourd'hui, on peut penser qu'on n'est pas encore dans la phase de pic épidémique, on n'a pas encore atteint le sommet, ni en terme du nombre des cas ni en terme de décès", prévient l'expert.

La Tunisie "risque d'avoir encore des jours difficiles" durant lesquels "le système de santé va continuer à être très sollicité".

Une équipe médicale autour d'un malade du COVID-19 à l'hôpital Aghlabide de Kairouan, en Tunisie, le 4 juillet.

"Les ressources humaines qui travaillent dans les services COVID sont épuisées et en nombre insuffisant. Le manque de spécialités est particulièrement critique dans le système hospitalier public tunisien, notamment l'anesthésie et la réanimation", explique-t-il. "Le système n'est pas en mesure à répondre à l'importance de la demande de soins".

Pour le représentant de l'OMS, la Tunisie "devrait être aidée, particulièrement en vaccins", que le pays a du mal à se procurer en raison du "problème de disponibilité". Les pays développés se sont réservé une large part de la production mondiale, et des dons annoncés ne se sont pas concrétisés.

Seulement 11% de la population tunisienne a eu une dose, et 5% deux doses, ce qui est "loin de ce qu'il faudrait pour avoir un effet d'immunité collective", estime le Dr Souteyrand.

En terme de vaccination, la Tunisie est "largement au-dessous d'un pays comme le Maroc (...) mais elle ne se situe pas si mal que ça : moins bien que la Jordanie, équivalent au Liban, mieux que l'Égypte, l'Algérie et la Libye, et mieux que l'ensemble des pays du sud de l'Afrique". Mais le but est "de s'assurer qu'au moins 20% de la population aura accès au vaccin", souligne-t-il.

AFP/VNA/CVN

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