Les satellites comme moyen de lutte contre la déforestation pour les populations indigènes

Des patrouilles de populations indigènes équipées de smartphones et de données satellites ont permis de fortement réduire la déforestation illégale dans la forêt d'Amazonie au Pérou, selon les résultats d'une expérience publiée lundi 12 juillet.

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Des grumes prêtes à être découpées dans une scierie proche de Puerto Maldonado au Pérou, le 3 septembre 2019.

L'étude, apparue dans la revue Proceedings of the national academy of sciences (PNAS), démontre que la reconnaissance des droits des populations indigènes sur leur territoire peut constituer une puissante force contre la crise climatique, selon ses auteurs.

L'expérience en essai randomisé contrôlé a évalué l'impact de patrouilles indigènes dans les forêts sur la réduction de la déforestation lorsque ces patrouilles étaient équipées de matériel d'alertes par satellites.

Les résultats affichent une chute de 52% de la déforestation en 2018 et de 21% en 2019, dans les villages qui se sont vus attribuer au hasard matériel et formation, comparés à ceux non-équipés.

Les réductions étaient particulièrement importantes pour les villages faisant directement face aux menaces d'orpaillage illégal, d'abattage forestier illégal, et de plantation de cultures prohibées comme la plante à coca, utilisée dans la fabrication de la cocaïne.

L'étude a été réalisée par des chercheurs de l'université de New York et l'université Johns Hopkins, en collaboration avec la Rainforest Foundation US (RFUS) et l'Organisation des peuples indigènes de l'Amazonie orientale (ORPIO).

Menée dans 36 villages indigènes Shipibo de Patria Nueva et de Nueva Saposoa dans l'Amazonie péruvienne, l'étude a été appuyée par des photos fournies par le Pérou et son satellite SAT-1, lancé en 2016 et qui survole le pays 14 fois quotidiennement.

Trente-sept autres villages ont été assignés comme contrôle dans l'étude, sans changement dans leurs pratiques de gestion de la forêt.

Une fois par mois, des coursiers naviguaient sur l'Amazone et ses affluents pour délivrer des clés USB contenant des photos satellites et des informations GPS aux villages isolés.

Les personnes désignées pour la surveillance téléchargeaient ces informations sur des applications spécialisées sur smartphones qu'elles utilisaient pour guider les patrouilles jusqu'aux sites de potentielle déforestation.

Dans les cas où ils trouvaient de tels sites, les preuves étaient présentées à une assemblée de membres de la communauté.

À eux ensuite de décider quelle action prendre, soit repousser les auteurs des infractions hors des terres du village par leurs propres moyens, soit faire appel aux forces de l'ordre dans certains cas, comme lorsque des trafiquants de drogue étaient impliqués.

"Le but essentiel est de remettre les informations sur la déforestation dans les mains de ceux les plus touchés par ses conséquences, et qui peuvent agir contre", affirme Tom Bewick, directeur de la zone Pérou pour RFUS.

Au cours des deux ans que l'étude a duré, près de 456 ha de forêt tropicale ont été épargnés, permettant d'éviter de relâcher plus de 234.000 tonnes d'émissions de CO2.

"Les résultats représentent un argument fort pour accroître les investissements et reproduire le modèle", soutient Tom Bewick, ajoutant : "Ce serait bon pour le futur, pas seulement pour le Pérou mais pour notre planète".


AFP/VNA/CVN

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