Cours d’éducation civique, de la théorie à la pratique

Les cours de sécurité routière, et plus globalement d’éducation à la citoyenneté, restent purement théoriques, avec pour effet de susciter un ennui profond chez les élèves. Il est temps de changer la donne, en reliant la théorie à la pratique.

L’éducation à la citoyenneté (dont la sensibilisation au respect du Code de la route) est un pan de l’éducation civique, un enseignement obligatoire dispensé au collège et lycée. Mais la plupart des élèves négligent cette matière, la considérant comme une discipline optionnelle. Avec un seul cours par semaine, aucun examen d’évaluation semestriel n’est au programme. Il n’existe quasiment aucun document d’appui et le contenu est «purement théorique».

Le parc de sécurité routière à l’école primaire de Quang Biên (commune de Quang Tiên, district de Trang Bom, province de Dông Nai).


L’enseignante Trân Phuong Linh, du collège de Nguyên Hiên (Hô Chi Minh-Ville), doit chercher elle-même des documents, photos pour enrichir ses cours d’éducation à la citoyenneté. Malgré ses efforts, elle reconnaît volontiers que «les élèves sont peu intéressés».
Outre les cours dispensés en classe, les écoles et Services municipaux (et provinciaux) de l’éducation et de la formation mettent actuellement en application une autre méthode d’éducation et de sensibilisation à la Loi par le biais des concours de connaissances ou des activités extrascolaires. Ainsi, durant l’année scolaire, les Services de l’éducation et de la formation organisent au moins trois tests de connaissances sur la sécurité routière. Les écoles reçoivent également l’aide du Comité national de sécurité routière, des Bureaux de police de la route des arrondissements et des districts pour organiser ces actions. Toutefois, ces concours ne réunissent qu’un nombre restreint de participants, sans parvenir à faire l’unanimité auprès des élèves, doux euphémisme. «Comme le calendrier des élèves est très chargé, nous n’avons que peu de temps à consacrer aux activités extrascolaires, qui ne sont pas d’une grande richesse...», reconnaît Anh Mai, directrice du lycée Vo Truong Toan (12e arrondissement, Hô Chi Minh-Ville). Cet établissement n’organise qu’une ou deux séances de ce type par an, avec l’intervention de personnes qualifiées (fonctionnaires du ministère de la Justice ou agents de police). Mais selon l’avis même des lycéens, ces séances sont peu intéressantes, avec peu de concret à se mettre sous la dent...
L’éducation par la «répression»

Des lycéens de Hanoi enfreignent le Code de la route (sans permis de conduire et sans casque).


Certains établissements toutefois ont déjà mis en place des mesures pratiques.
«L’éducation à la citoyenneté nécessite une méthode où la pratique a sa place», indique Vo Anh Dung, directeur du lycée Lê Hông Phong (5e arrondissement, Hô Chi Minh-Ville). Désormais, parallèlement à l’apprentissage des règles de sécurité routière, l’école doit demander aux responsables des parkings privés (qui se trouvent à proximité immédiate des écoles) de ne pas garder les motos conduites par les moins de 18 ans. L’école demande à la police de la circulation des quartiers de sanctionner les lycéens (moins de 18 ans) qui vont à l’école en moto. Si ces derniers enfreignent le Code de la route, la police doit l’annoncer à leur école pour décider de sanctions dissuasives. «Une façon de faire prendre conscience aux élèves qu’il faut respecter les règles de sécurité routière, au bénéfice de tous», conclut le directeur du lycée Lê Hông Phong.
Au lycée Lê Thi Hông Gâm (3e arrondissement), l’invité - un policier, investigateur de la Police de Hô Chi Minh-Ville - raconte une situation réelle. Rien de mieux pour capter l’attention de l’assistance. Illustration : un collégien nommé Nam (14 ans) demande à trois de ses camarades d’attraper et de passer à tabac Hoàng, un garçon de la même école, au motif que ce dernier a voulu séduire une de ses copines. Mais le groupe de Hoàng prend les devants et attaque Nam et ses copains à l’aide d’armes blanches. Résultat : Nam trouve la mort, poignardé par Hoàng...
Des cours interactifs

Le policier pose alors la question suivante : Hoàng doit-il être jugé pénalement responsable pour ses actes ? Ce cours de sensibilisation à la loi sous forme d’échanges par le biais de mises en situation inspirées de faits réels est apprécié par les jeunes. Grâce à cette méthode, les connaissances de base sur la loi - sujet aride par excellence - deviennent faciles à saisir. Nguyên Hoàng Nhân, du lycée Lê Thi Hông Gâm : «C’est la première fois que nous avons un cours si intéressant. Les explications du policier, ses conclusions, ses indications pour le règlement d’affaires qui se sont vraiment passées nous permettent de mieux cerner certains problèmes. Si nous comprenons la loi, les conséquences et les responsabilités de chacun, nous éviterons de l’enfreindre».
D’après l’enseignante Bùi Xuân Kim Sa, responsable des cours de l’éducation civique du lycée Lê Thi Hông Gâm, les cours de sensibilisation à la loi avec l’intervention des policiers du Service municipal de la police sont bien plus instructifs que les cours purement théoriques.

Hoàng Hoa/CVN

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