Côte d'Ivoire : le tambour parleur Djidji Ayôkwé déclassé des collections nationales en France

Volé il y a plus d'un siècle par la France, le tambour parleur Djidji Ayôkwé va retrouver la Côte d'Ivoire sous "un délai d'un an". Cet instrument sacré, restauré en 2022, est actuellement conservé au musée du quai Branly-Jacques Chirac à Paris.

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Le tambour parleur Djidji Ayôkwé volé par la France va être restitué à la Côte d'Ivoire. 
Photo : AFP/VNA/CVN

La France va restituer à la Côte d’Ivoire le tambour sacré Djidji Ayôkwé, premier objet d’une liste de 148 œuvres réclamées par le pays. Ce retour marque une étape symbolique et historique dans le processus de restitution du patrimoine africain.

Ce tambour, mesurant trois mètres de long et pesant 430 kg, appartenait à l’ethnie ébrié. Il était utilisé pour transmettre des messages rituels et pour alerter les villageois, notamment lors de périodes de troubles ou de recrutements forcés. Il fut saisi par les autorités coloniales en 1916, puis envoyé en France en 1929. Il fut successivement exposé au musée du Trocadéro et au musée du quai Branly.

La demande officielle de restitution par la Côte d’Ivoire a été formulée en 2019, mais les communautés locales en réclamaient le retour depuis l’indépendance. "C’est un symbole très fort", souligne Serge Alain Nhiang'O, fondateur de l’association Ivoire Black History Month. Il espère que ce retour ouvrira la voie à la restitution des autres œuvres de la liste ivoirienne.

Le 7 juillet, l’Assemblée nationale française a voté à l’unanimité le déclassement du tambour des collections nationales. La mesure a été officialisée le 17 juillet dans le Journal officiel. L’administration dispose désormais d’un an pour organiser le transfert effectif vers la Côte d’Ivoire. Le tambour doit être installé au Musée des civilisations à Abidjan, actuellement en travaux pour accueillir l’œuvre.

Cet acte s’inscrit dans la politique de restitution promise par Emmanuel Macron en 2021. Cependant, malgré quelques retours emblématiques comme les 26 trésors royaux du Bénin ou le sabre d’El Hadj Omar au Sénégal, le processus reste lent. Depuis une loi de 2020, seulement 27 œuvres ont été restituées à des pays africains.

La lenteur du processus français contraste avec d’autres pays, comme l’Allemagne, qui a entamé un véritable inventaire de ses collections coloniales. Selon l’anthropologue Saskia Cousin, la France souffre d’une "rétention d’informations" et d’un manque de transparence dans la gestion de ces restitutions. La pratique actuelle, faite de décisions au cas par cas ou de prêts à long terme, est critiquée pour son inefficacité.

Face à cette critique, le gouvernement français prévoit de présenter une loi-cadre d’ici fin juillet, destinée à faciliter les restitutions de biens culturels provenant d’Afrique. Deux lois similaires ont déjà été adoptées en 2023, l’une pour les restes humains, l’autre pour les biens spoliés par les nazis.

La restitution du tambour Djidji Ayôkwé est donc un geste important mais encore isolé. Elle pourrait cependant marquer un tournant si elle s’accompagne d’une réforme législative plus ambitieuse et d’un engagement concret de la France à réparer les injustices culturelles liées à la période coloniale.

AFP/VNA/CVN

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