Ils sont tous des élèves brillants des lycées réservés aux enfants doués en sciences naturelles de Hanoi.
Nous nous rendons à l'École polytechnique de France, les étudiants et doctorants vietnamiens se précipitent pour leurs cours. Certains d'entre eux, tout juste sortis des salles, nous accueillent avec une joie qui fait plaisir à voir, comme s'ils rencontraient leur grande sœur et leur grand frère après de longues années d'éloignement. D'autres étudiants nouvellement recrutés au sein de cette école comme Nguyên Viêt Anh, Dinh Trong Tuân et Trân Van Giai, ne peuvent dissimuler leur joie en exprimant leur fierté d'être étudiant de cette université, une des douze grandes écoles universitaires de Paris. Tous étaient des élèves brillants des lycées réservés aux enfants doués en sciences naturelles de Hanoi.
Bien qu'ils aient obtenu des prix lors des olympiades nationales ou internationales de physique, de mathématiques ou de chimie, ils se heurtaient à la plus grande difficulté : le faible niveau de français pour assimiler les connaissances. Car, seul l'anglais était au programme dans leurs lycées. C'est la raison pour laquelle avant de rentrer dans ce prestigieux établissement, tous les étudiants internationaux -les Vietnamiens ne dérogeant pas à la règle- doivent impérativement suivre des cours intensifs de français pendant quatre mois et être logés dans des familles d'accueil françaises. Ce qui leur permet d'améliorer rapidement leur niveau de langue et de s'intégrer sans tarder dans la communauté estudiantine.
Être recruté dans cette université constitue non seulement la fierté des jeunes de plusieurs générations des pays étrangers, mais encore le rêve de la jeunesse et des étudiants français. Il s'agit de l'école la plus prestigieuse de la région parisienne, voire de France, laquelle jouit d'une réputation internationale.
D'après Xavier Michel, directeur général de l'École polytechnique, dite également école ParisTech, cette université a 200 ans d'excellence scientifique et technique derrière elle et recense aujourd'hui environ 2.600 étudiants, avec 22 laboratoires. Les étudiants internationaux de l'école sont formés sont répartis en trois cursus : cycle d'ingénieur (20%), mastère (50%) et doctorat (30%).
ParisTech a signé 181 accords avec les universités étrangères les plus prestigieuses et fait partie du réseau international "The IDEA League". Ce type de formation est appliqué avec résultat au Vietnam depuis quelques années. Xavier Michel a souligné que les étudiants vietnamiens constituaient l'une des quatre nationalités étrangères recensées dans cette école. Le nombre d'étudiants vietnamiens ne cesse d'augmenter : deux personnes pour la promotion 1996, quatre pour les années scolaires 1997-1998 et 15 en 2001.
À présent, chaque année, l'école recrute une quarantaine d'étudiants. À la fin du cursus, 15 d'entre eux soutiennent leur thèse de doctorat et de mastère, sans compter les cinq - sept ingénieurs vietnamiens diplômés. D'ajouter que les étudiants et doctorants vietnamiens déploient toujours d'énormes efforts et sont ainsi capables de réussir dans leurs travaux après seulement quatre à six mois d'étude de la langue française.
Au cours des deux premières années, ils reçoivent une formation scientifique pluridisciplinaire. C'est seulement lors de la troisième qu'ils approfondissent une discipline parmi les huit enseignées : biologie, chimie, économie, informatique, mathématiques, mathématiques appliquées, mécanique et physique. Ils choisissent ensuite en 4e année une spécialisation professionnelle, qui se termine normalement par un stage de six mois.
Elisabeth Crépon, directrice des relations extérieures, a indiqué que l'école avait établi des relations de partenariat dans l'éducation et la formation avec le Vietnam depuis plusieurs années. En 2007, le directeur général a été invité à participer au programme de formation des ingénieurs d'élite de l'Université nationale de Hanoi. L'école cible un développement des relations de coopération avec des pays asiatiques, notamment le Vietnam, la Chine et l'Inde. Elle reçoit de temps à autre des délégations de cadres et de chercheurs vietnamiens voulant effectuer leur stage de courte durée (de quelques semaines à un an, en fonction des exigences de la thèse qu'ils préparent) ou soutenir leur thèse de mastère ou de doctorat. Un accord de coopération avec l'École polytechnique de Hanoi et l'Université nationale de Hô Chi Minh-Ville a été signé. Dans le cadre de ce document, des professeurs de ParisTech sont venus enseigner dans ces universités vietnamiennes. Des doctorants en mathématiques et en physique sont partis pour y réaliser leur stage.
Selon elle, un projet d'extension de la coopération avec l'Université des sciences et des technologies de Hanoi et certaines universités de Hô Chi Minh-Ville est actuellement en gestation. S'il aboutit, la formation en Mastère 2 et en doctorat sera élargie. Un programme de collaboration avec le Vietnam dans la formation à la carte des entreprises ou de docteur en mathématiques appliquées décentralisé à Hô Chi Minh-Ville devrait être dressé, sans oublier l'élaboration d'un autre programme de formation postuniversitaire de deux ans, soit au Vietnam, soit en France. Une attention particulière devra être prêtée à l'élaboration des autres programmes cotutelle dans la formation de l'enseignant-chercheur.
Luu Duy Hai, enseignant à l'Université des ponts et des chaussées de Hanoi, rédige à présent sa thèse de doctorat sur les sciences des matériaux Nano, une nouvelle discipline à laquelle la France voue un intérêt particulier. Il est le premier chercheur vietnamien à être formé dans ce domaine dans le cadre du programme de coopération franco-vietnamienne mis en place à l'Université des sciences et des technologies sur l'avenue Lang-Hoà Lac.
De plus, chaque année, environ 40 docteurs seront être formés dans plusieurs disciplines selon ce document, afin d'être ultérieurement membres de l'ossature de cette université partenariale.
Interrogée sur la capacité d'intégration des étudiants vietnamiens au sein de la communauté étudiante internationale et française tant pour leurs études que pour leurs recherches, Elisabeth Crépon précise que les étudiants vietnamiens sont toujours dynamiques et font preuve d'un esprit très créatif, qu'ils mettent à profit dans leur travail. Ils obtiennent toujours de bons résultats, arrivant même parfois en tête dans certaines disciplines.
Lê Hà/CVN