Une situation paradoxale est constatée actuellement dans les zones rurales : un grand nombre de travailleurs quitte leur village natal pour gagner leur vie dans les centres urbains, tandis que les villages de métiers manquent de la main-d'oeuvre.
Hanoi compte actuellement 1.350 villages de métiers répartis dans 19 districts et chefs-lieux qui à eux seuls représentent 56% de l'ensemble de ces villages au plan national. Parmi ceux-ci, 272 ont été reconnus traditionnels correspondant à des dizaines de métiers tels que céramique, porcelaine, textile, habillement, cuir, chaussures, sculpture... Les villages de métiers de Hanoi emploient près d'un million de travailleurs, soit 64% des actifs de ces localités. La première préoccupation qui demeure cependant est la qualification des ressources humaines de ces villages, d'autant plus que la formation a révélé ses faiblesses. Plusieurs personnes n'ont pu trouver à l'issue de leur formation un emploi correspondant à leurs qualifications.
Nguyên Dinh Xung, chef du Bureau du travail, des invalides de guerre et des affaires sociales du district de Quôc Oai à Hanoi, explique que, ces derniers temps, plusieurs communes de ce district ont tenté en vain de développer la vannerie. Pourtant, elles rencontrent des difficultés en termes de matières premières, de débouchés...
Selon Luu Duy Dân, vice-président et secrétaire de l'Association des villages de métiers du Vietnam, c'est du fait d'une formation trop courte, de l'ordre de trois à six mois, que le personnel ne parvient pas à répondre aux exigences professionnelles en matière de production de marchandises destinées à l'expor- tation. En outre, beaucoup d'écoles d'apprentissage n'adaptent pas de manière adéquate leurs formations aux professions des villages de métiers...
À cela s'ajoutent de faibles profits dans plusieurs localités en raison de débouchés trop restreints. Une situation dont la conséquence pour nombre de travailleurs qualifiés est la nécessité de changer de métier ou de quitter leur village natal pour tenter la chance en zone urbaine, ce alors que les besoins de personnel des villages de métier demeurent tels qu'ils sont aujourd'hui : très importants...
Lors d'une récente formation au métier de fonte du cuivre dispensée à 40 paysans du quartier de Thuong Thanh, arrondissement de Long Biên (Hanoi), Nguyên Tân Chinh, directeur de la compagnie Phu My Lôc, souligne que la participation des entreprises dans l'apprentissage suivi par les paysans est essentielle. Il ne s'agit pas seulement pour ces dernières de financer des formations, mais aussi et surtout, d'accueillir des stagiaires qui, par la suite, auront une expérience professionnelle, ainsi que de créer un emploi stable pour eux... Une telle participation des entreprises présente un intérêt pour tous les acteurs que de telles formations impliquent : apprenant, centre de formation et entreprise.
L'administration de l'éducation et de la formation a demandé aux écoles d'apprentissage de privilégier la formation de personnel au sein des villages de métiers mêmes. Selon Luu Duy Dân, vice-président et secrétaire général de l'Association des villages de métier du Vietnam, cette dernière envisage de coopérer en 2011 avec 62 établissements et entreprises de 20 provinces et villes - dont Hanoi - dans l'organisation d'apprentissages professionnels pour 12.000 personnes avec 85 corps de métier différents.
Huong Linh/CVN