L’installation illégale de la plate-forme de forage Haiyang Shiyou-981 dans le plateau continental et en pleine zone économique exclusive du Vietnam et la mobilisation dans le même temp de navires de garde-côte, de surveillance, de patrouilles maritimes, d’avions de combat... harcelant les bateaux de pêche et navires du Vietnam en mission, illustrent l’essentiel d’une nouvelle tentative d’invasion de la Chine au Vietnam. C’est, en substance, les propos qu’a tenus l’ancien ambassadeur Nguyên Khac Huynh, un diplomate chevronné membre de la délégation des négociateurs vietnamiens des Accords de paix de Paris de 1973, lors d’une récente rencontre avec la presse.
Dans les eaux vietnamiennes où la Chine a implanté début mai illégalement sa plate-forme Haiyang Shiyou-981, un navire chinois harcèle un navire en mission du Vietnam. Photo : |
Pour forcer la Chine à retirer sa plate-forme des eaux vietnamiennes, le Vietnam doit se monter vaillant, sans compromis, et être prêt à une confrontation à long terme. «La lutte du Vietnam doit être déployée sur quatre aspects différents», affirme le diplomate. Le premier, selon lui, sur place, revient aux forces de la garde-côte, de la surveillance halieutique, des patrouilles de la Marine et des pêcheurs.
Le deuxième appartient au peuple, qui doit s’unir pour renforcer la solidarité et devenir un support solide du premier. Le troisième aspect, c’est le front de la diplomatie, qui vise directement les autorités chinoises. Le quatrième est de tirer profit des soutiens forts de l’opinion internationale en faveur du Vietnam.
Le danger des agissements de la Chine
De ce que constate l’ancien ambassadeur, les agissements éhontés de la Chine, qui bravent la loi internationale, ont été critiqués fortement et largement par les médias étrangers et l’opinion internationale. «Il faut voir qu’il s’agit d’une machination de l’expansion et de l’invasion à long terme de la Chine», souligne le diplomate.
Nguyên Khac Huynh considère l’essentiel de ces agissements comme la réplique de ce qui a eu lieu à deux reprises par le passé, à savoir le recours à la force pour attaquer et violer la souveraineté du Vietnam, d’abord à Hoàng Sa (Paracel) en 1974, puis à Truong Sa (Spratly) en 1988. «C’est une réalité qu’on ne peut pas interpréter autrement», insiste-t-il.
Le diplomate affirme que le niveau de danger que représente cette action fomentée par la Chine et les déroulements qui s’en sont suivis - avec les menaces et les attaques à l’encontre des bateaux de pêche et des navires en mission du Vietnam - est du plus élevé qui soit.
Il faut bien cerner la gravité de ces agissements car ils ne résultent pas d’un stratagème isolé du secteur pétrolier chinois, mais bien d’une politique des autorités chinoises. Et de pousser son raisonnement : «Il est clair qu’il s’agit d’une machination calculée de longue date par le pouvoir chinois. Cette machination vise à s’emparer des eaux vietnamiennes, concrétiser la revendication absurde sur la ligne des neuf tronçons de la Chine et envahir totalement la Mer Orientale».
«Si ce n’est pas une politique de l’État, pourquoi la Chine mobilise-t-elle des forces de l’armée maritime et aérienne qui, de surcroît, se renforcent chaque jour davantage et mènent des actions de plus en plus violentes ? Seul le pouvoir étatique peut être aux commandes», analyse-t-il.
Des meetings contre la Chine
Le peuple et l’État vietnamiens ont exprimé leurs forts engagements dans la protection de la souveraineté maritime. En particulier, les forces de l’ordre en mission et les pêcheurs vietnamiens en activité dans les eaux où la Chine a implanté sa plate-forme font preuve d’une vaillance et d’un héroïsme exemplaires pour protéger la souveraineté nationale.
Sur le plan global, la diaspora vietnamienne a organisé de nombreuses manifestations à travers le monde pour soutenir la lutte pour la juste cause du pays. De plus, le monde politique et les autorités de plusieurs pays ont élevé la voix pour protester contre la Chine.
L’ancien ambassadeur Nguyên Khac Huynh dit s’intéresser notamment aux actions du monde politique et des autorités américaines, qui continuent de s’exprimer sur cette question, mais aussi des amis du Vietnam, de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) ainsi que des pays impliqués dans les conflits avec la Chine en Mer Orientale. Tous ont pris position pour le Vietnam et pointent du doigt les agissements de la Chine. «La Chine a été à maintes reprises conspuée, mais cette fois-ci, elle a été condamnée largement et fortement», soutient-il.
«Je suis d’accord avec l’opinion internationale, qui constate que dans cette affaire, la Chine se retrouve isolée. La Chine va y perdre beaucoup. Je pense que le plus grave pour elle, c’est de perdre la confiance et son influence sur la scène internationale», conclut le diplomate.
Linh Thao/CVN