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| Luong Thung s’occupe de ses «bébés». |
Luong Thung est né et a grandi dans le village maritime de Dông Tác, dans la ville de Tuy Hòa, chef-lieu de la province de Phú Yên. C’est un lieu connu depuis longtemps pour la construction de bateaux traditionnels. À 85 ans, l’artisan conserve encore une santé de fer.
Luong Thung a commencé à s’engager dans la construction navale dès l’âge de 25 ans. Il a travaillé sur des chantiers navals de Long Huong, Xóm Dông, Cà Ná (province de Bình Thuân) et Nha Trang (Khánh Hòa). Après avoir acquis de l’expérience professionnelle, il est retourné à 35 ans dans sa province pour ouvrir son propre chantier. Très vite, il a reçu des commandes des pêcheurs locaux.
M. Thung ne se souvient pas exactement du nombre de bateaux qu’il a construits, la plupart pour pêcher le thon au large. Généralement, ces derniers font 16-17 m de long et développent une puissance de plus de 90 CV. Chacun coûte entre 1,5 et 2 milliards de dôngs. “Ce sont des bateaux de haute mer, il est donc indispensable de choisir le meilleur bois, des clous et boulons de bonne qualité. Il faut veiller à la longévité du matériel mais aussi à la sécurité des pêcheurs”, explique-t-il.
En dehors de la construction navale, notre homme s’occupe aussi de la réparation d’anciens cargos.
Succession assure
Depuis une soixantaine d’années, la construction et la réparation de bateaux lui collent à la peau. Aujourd’hui, malgré son grand âge, il ne peut quitter le travail auquel il est attaché depuis si longtemps. Presque tous les jours, il est présent au chantier naval de sa famille pour conseiller ses enfants. Quand il est chez lui, il ne quitte pas son téléphone portable de manière à répondre aux questions de ses fils et ouvriers à n’importe quel moment. D’après lui, cette profession est difficile et peu le suivent. Il exige de l’artisan bonne santé, créativité et savoir-faire.
Héritant de la passion du métier et du caractère laborieux de leur père, la plupart des enfants de M. Thung lui ont succédé. “J’ai cinq fils dont quatre qui m’ont suivi. Je leur ai passé mon chantier. Chaque jour, j’y vais pour les aider”, informe-t-il.
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| Des maquettes de barques à voiles construites par M. Thung. |
Ses bateaux ont acquis leurs lettres de noblesse auprès des pêcheurs locaux. Ses fils suivent ses pas. Quand ils prennent leurs outils (scie, rabot, ciseau…), ils agissent comme des ingénieurs professionnels.
Actuellement, le chantier naval est le plus grand du village côtier de Dông Tác. Une joie et une fierté pour M. Thung, car cela représente le résultat de toute une vie d’efforts.
Maquettes : une autre passion
Mais notre héros a une autre passion, celle de la construction de maquettes, de bateaux bien sûr. Il a dépensé des dizaines de millions de dôngs pour construire ces modèles, avec comme seul objectif de… se distraire et de les admirer. “Pour chaque maquette, j’ai dépensé trois ou quatre millions de dôngs, pour les outils, les clous en inox ou en cuivre, les boulons… Elles peuvent être conservées des dizaines voire des centaines d’années”, assure-t-il.
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| Le chantier naval de ses «enfants». |
Ces trois dernières années, l’artisan octogénaire a construit cinq grands bateaux miniatures, dont deux jonques traditionnels de son village, deux barques à voiles, un thonier, ainsi que six maquettes plus petites. “Malheureusement, aujourd’hui, ils sont remplacés par des machines et les jeunes ne s’y intéressent guère. Même mes quatre fils connaissent seulement la construction de canots. C’est pourquoi je m’investis pleinement dans cette activité”, confie-t-il.
Luong Luân, président de la corporation de la pêche du quartier de Phú Dông, souligne qu’“il y a actuellement une dizaine d’artisans dans le village qui construisent des thoniers. Cependant, en dehors de Luong Thung, personne ne sait plus comment construire des jonques traditionnels”.
Texte et photos : Dang Huong/CVN