La figure de proue du «xâm au tram»

Après le décès de la nonagénaire Hà Thi Câu, «patrimoine vivant» de l’art du hát xâm, Mai Tuyêt Hoa a repris le flambeau. Aujourd’hui, elle pousse régulièrement la chansonnette sur une petite scène improvisée devant le marché nocturne de Dông Xuân, à Hanoi.

Mai Tuyêt Hoa est une femme jeune, jolie et pleine d’avenir. Mais pourquoi s’est-elle donc prise de passion pour le hát xâm (chant des aveugles), un art vocal quasi disparu, qui n’était pour beaucoup d’habitants que le gagne-pain des mendiants, et qui ne fait guère rêver les jeunes artistes ? Faisant fi des quolibets, elle est devenue la figure de proue du «xâm tàu điên» (xâm au tram - du nom d’un ancien mode de transport à Hanoi, le tramway), un genre de hát xâm.

Un instrument trop marginalisé

Mai Tuyêt Hoa n’est pas issue d’une famille de chanteurs comme beaucoup d’autres artistes. À 8 ans, elle a réussi le concours d’entrée à l’École des arts de Hanoi pour apprendre le đàn nhi. Une fois diplômée, elle a été admise au Département des instruments traditionnels du Conservatoire de Hanoi (Académie de musique du Vietnam).

Mai Tuyêt Hoa, dernière représentante du «xâm au tram».

Bien qu’attachée à la musique traditionnelle, Mai Tuyêt Hoa a longtemps pensé que le hát xâm n’était que le moyen de subsistance des mendiants d’autrefois, et ne s’y intéressait guère. Ce n’est que lorsqu’elle a intégré l’Institut de musique du Vietnam qu’elle a reconnu son «erreur». Elle a alors commencé à écouter d’anciens chanteurs, à s’intéresser à cet instrument, et a pris conscience de la valeur de cet héritage conséquent, pourtant soigneusement rangé dans des tiroirs poussiéreux : le xâm est composé de huit airs principaux et de plus de 400 chansons, dont la majeure partie sont des poèmes mis en musique. Elle a donc poursuivi ses recherches et s’est mise en quête de trouver d’anciens morceaux. Elle a rencontré des chanteurs, soutenue par l’artiste Hà Thi Câu et d’autres interprètes connus de la rue Khâm Thiên (Hanoi) comme Trùm Nguyên, Thân Duc Chinh, et l’«Artiste du Peuple» Xuân Hoach.

Depuis sept ans, chaque week-end, les habitants de la capitale peuvent venir assister aux représentations de hát xâm données sur une petite scène improvisée, devant le marché nocturne de Dông Xuân. Mai Tuyêt Hoa y vient régulièrement. «Cet instrument mérite bien mieux. J’espère que la ville nous ouvrira d’autres espaces culturels, comme les temples Bà Kiêu et Bach Ma», indique-t-elle.

La dernière voix du «xâm au tram»

Mai Tuyêt Hoa accorde une grande attention au «xâm au tram», qui reste relativement populaire. Certains disent d’elle qu’elle en est la dernière représentante.

Concert de «xâm au tram» à Hanoi.

Lorsque Hà Thi Câu, qui avait contribué à la renaissance du hát xâm, s’est éteinte en mars dernier à l’âge de 96 ans, Mai Tuyêt Hoa est devenue la seule artiste capable de chanter le hát xâm tout en jouant du đàn nhi (viole à deux cordes). «Elle a suffisamment de talent pour reprendre le flambeau de Hà Thi Câu», estime Dang Hoành Loan, ancien directeur adjoint de l’Académie de musique.

Mai Tuyêt Hoa a eu l’honneur de présenter le hát xâm lors d’un festival international des arts, en février 2010 à Tokyo (Japon). Et de nombreux députés vietnamiens se sont déclarés très fiers de sa représentation au siège de l’Assemblée nationale. Sa voix a gagné aussi les cœurs des membres du Comité de pilotage des 1.000 ans de Thang Long - Hanoi.

Quê Anh/CVN

 

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