Conservateurs d’ouvrages confucéens de père en fils

Le confucianisme, une doctrine originaire de Chine a eu, pendant les années féodales, de profondes influences sur la société vietnamienne. La famille Nguyên Thê à Thai Binh, conserve les préceptes de cette doctrine qui tend à disparaître en ces temps modernes.

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Nguyên Thê Anh présente plusieurs des livres anciens de sa lignée.
Photo : DSPL/CVN

Le confucianisme est à la base des institutions sociales et familiales qui régissent la société vietnamienne depuis XXe siècles. Selon Confucius, son théoricien, l’homme ne peut exister en dehors de la communauté. Le confucéen se doit de servir son roi, d’honorer ses parents et de gérer sa famille. Au Vietnam, si le confucianisme a été la doctrine officielle des concours de mandarinat, il n’est plus en odeur de sainteté chez les Vietnamiens, et est en train de disparaître. On lui reproche en effet de maintenir l’homme - en particulier les femmes - dans un assujettissement permanent.

Aujourd’hui, les ouvrages sur la morale et les préceptes confucéens ne sont disponibles que dans les archives des bibliothèques. Et il est rare de voir les Vietnamiens avoir encore un lien avec cette doctrine, en particulier chez les jeunes générations. Mais dans la province de Thai Binh (Nord), la lignée de la famille Nguyên Thê conserve encore une collection d’une centaine de livres traitant du confucianisme. Deux de ses descendants, Nguyên Thê Anh et Nguyên Thê Dông, en sont les plus grands gardiens.

La maison des deux frères Thê Anh et Thê Dông, 4e génération de descendants de la lignée de la famille Nguyên Thê, se trouve dans le village de Bich Doài, l’un des villages anciens de la commune de Thai Nguyên, district de Thai Thuy, province de Thai Binh.

Chaque jour, Nguyên Thê Dông cherche à acquérir des connaissances sur le feng shui dans des ouvrages en han et nôm. Photo : PL/CVN

Grands connaisseurs du feng shui

Vivant de l’agriculture et de l’installation du feng shui pour les clients dans les grandes villes, ces deux frères mènent une vie assez simple dans la maison léguée par leurs ancêtres et privée de toutes décorations tape-à-l’œil. Mais ces deux «lettrés solitaires», comme les appellent les villageois, ont un trésor qui force le respect : une centaine d’ouvrages sur la morale confucéenne, la poésie, le feng shui, l’horoscope et les recettes médicales traditionnelles. Tous sont soit en han (écriture démotique chinoise), soit en nôm (écriture démotique vietnamisée). «J’entends encore mes grands-parents raconter que notre lignée possède une collection de milliers de livres de ce genre. Ces ouvrages sont soit sous forme de manuscrits, soit de xylographies. Les hommes de notre lignée les ont utilisés comme manuels scolaires, ce dès l’âge de 3-4 ans», partage Nguyên Thê Anh.

D’après lui, faute de temps, la moitié de la collection a été perdue. La cinquantaine d’ouvrages restants a été distribuée aux familles de la lignée à des fins de conservation. «C’est grâce aux connaissances acquises dans ces livres que mon grand frère et moi-même officions en qualité de conseillers des villageois. Nous avons emmagasiné un vrai savoir en matière de feng shui, d’astronomie, de géographie, et de bien d’autres domaines», affirme Nguyên Thê Dông.

À propos de la réputation de la lignée Nguyên Thê, le chef du village de Bich Doài, Bùi Van Khuong, précise, l’air fier, que Nguyên Mâu - un lettré confu-céen de renom sous l’époque des Lê antérieurs (1428-1527) - est le mandarin qui a fait briller cette famille.

Le registre généalogique de la lignée de la famille Nguyên Thê.

Selon le registre généalogique de cette lignée, Nguyên Mâu a obtenu le titre de docteur lors du concours royal de mandarinat en 1448 sous le règne du roi Lê Nhân Tông (1441-1459). Il a servi le roi jusqu’à l’âge de 66 ans. Libéré de ses fonctions, il a ensuite regagné son village natal de Bich Doài pour donner des cours d’enseignement du confucianisme à domicile. Bon nombre de ses élèves ont réussi aux concours royaux de mandarinat «Après son décès, les villageois ont bâti un temple à sa mémoire. Une manière également de le reconnaître en tant que fondateur du village confucéen de Bich Doài. Son nom apparaît aussi sur les stèles de docteurs au Temple de la Littérature à Hanoi», informe M. Khuong.

Et les frères Thê Anh et Thê Dông d’ajouter qu’après Nguyên Mâu, plusieurs de ses descendants ont brillé lors des concours de mandarinat et sont devenus d’illustres personnes à l’époque. À savoir Nguyên Thê Lac, spécialisé dans la médecine traditionnelle et son fils Nguyên Thê Lôi, réputé pour la traduction des documents anciens en han. Ou encore Nguyên Thê Sông, très versé dans l’astronomie et le feng shui.

Linh Thao/CVN

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