Climat : l'ONU met en garde contre les investissements dans les énergies fossiles

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a mis en garde mercredi 15 novembre contre la poursuite des investissements dans les énergies fossiles qui promettent "un avenir insoutenable", à la tribune de la 23e conférence climat à Bonn.

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Des visiteurs passent devant un écran géant durant la Cop 23 à Bonn (Allemagne) le 8 novembre

"Les marchés doivent être réorientés loin de ce qui est contre-productif", a-t-il déclaré devant de nombreux responsables politiques, à l'ouverture de la séquence ministérielle de la COP23, présidée par les îles Fidji.

"En 2016, un montant estimé à 825 milliards de dollars a été investi dans les énergies fossiles et les secteurs générant des émissions élevées (de gaz à effet de serre). Nous devons cesser de parier sur un futur insoutenable mettant en danger économies et sociétés", a souligné M. Guterres. "Le changement climatique est la menace déterminante de notre temps".

À la tribune, le président français Emmanuel Macron a appelé l'Europe à compenser le manque de financements du Groupe d'experts du climat de l'ONU, lié au retrait de Washington.

Le GIEC, chargé de produire une synthèse régulière des connaissances, "est menacé par la décision des États-Unis de ne pas garantir les financements", a dit M. Macron. "Je souhaite que l'Europe se substitue aux Américains et je veux vous dire que la France sera au rendez-vous".

En 2016 encore, les États-Unis avaient versé de près de deux millions de dollars au GIEC (sur un budget total d'environ cinq millions).

Angela Merkel a quant à elle salué "l'importance de l'action climatique" de villes et d'entreprises américaines "dans de vastes zones aux États-Unis, en dépit de la décision du président (Donald) Trump de quitter l'accord de Paris".

Mais la chancelière allemande, qui fut par le passé ministre de l'Environnement et qui présida la 1ère COP à Berlin en 1995, a admis ses propres difficultés à régler la question du recours allemand au charbon, l'énergie fossile la plus polluante.

"Cette question joue un rôle central dans les pourparlers actuels sur la constitution d'un gouvernement (de coalition en Allemagne). (...) Il s'agit aussi de questions sociales et d'emplois, lorsque par exemple il est question de réduire le charbon", a-t-elle dit.

"Que pouvez-vous faire ?"

Avant le début des interventions, un Fidjien de 12 ans, Timoci Naulusala, dont le village a été dévasté en 2016 par un cyclone majeur, était venu interpeller le monde.

"Mesdames et messieurs, que pouvez-vous faire ? Je m'asseois, chez moi, je regarde les informations et je vois la mer avaler des villages, grignoter les côtes, déplacer notre peuple (...) Pourquoi ? Que faire ? Le changement climatique va rester, à moins que vous fassiez quelque chose", a-t-il plaidé, très applaudi.

Plus de 150 ministres et responsables gouvernementaux - dont 25 chefs d'État ou de gouvernement - doivent se succéder en deux jours à la tribune de la COP23, réunie jusqu'à vendredi 17 novembre.

Cette séquence politique se déroule après plus d'une semaine de discussions techniques menées par les négociateurs des différents pays, sur la mise en application de l'accord de Paris.

Adopté par la communauté internationale en décembre 2015, ce texte vise à contenir le réchauffement planétaire bien en-dessous de 2°C par rapport à la période préindustrielle.

Dans une lettre ouverte, 18 ONG environnementales avaient appelé Mme Merkel et M. Macron à faire de la transition écologique en Europe leur "priorité". Après les discours, le ton était à la déception.

"Nous attendons toujours un plan concret et commun (des deux pays) pour que l'Europe soit plus volontariste sur le climat", souligne la Fondation pour la nature et l'Homme. "Or la Chancelière n'a pas annoncé de plan de sortie du charbon et le président n'a pas fait d'annonce nouvelle pour accélérer la transition écologique de la France".

"La crédibilité du leadership climatique allemand est dans la balance", a souligné Greenpeace : "Mme Merkel a parlé de confiance et de fiabilité, mais où est sa propre fiabilité ?"

D'ici à 2100, largement à cause du retrait des États-Unis de l'accord de Paris annoncé en juin, la hausse de la température mondiale atteindra 3,2°C par rapport à l'ère préindustrielle, contre 2,8°C s'ils respectaient leurs engagements initiaux de réduction des GES, selon une étude du groupe de recherche Climate Action Tracker publiée mercredi 15 novembre.

La représentante des États-Unis doit s'exprimer jeudi après-midi 16 novembre. Il s'agit de Judith Garber, secrétaire d'État adjointe aux océans et aux affaires scientifiques et environnementales, qui a dû remplacer au dernier moment le sous-secrétaire d'État aux Affaires politiques Thomas Shannon, retenu par "une urgence familiale" selon le département d'État.

AFP/VNA/CVN

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