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Une photographie fournie par le Laboratoire Archéologie et Archéométrie, montrant des pièces retrouvées lors de fouilles à Cluny, en Saône-et-Loire, le 12 septembre |
Mi-septembre, l'équipe d'Anne Baud, enseignante-chercheure à Lyon-II et d'Anne Flammin, ingénieure au CNRS, creusait à la pelle mécanique pour reconnaître l'angle de l'ancienne infirmerie de l'abbaye quand des pièces ont commencé à tomber au fond du sondage.
"On pensait que c'était du bronze au début puis on a remarqué que c'était une monnaie ensuite on a vu un amas, un lot entier de monnaies, il y en avait énormément", a raconté Clarisse Couderc, étudiante en master 2 qui participait à la fouille, en marge d'une conférence de presse à Lyon. "La chance d'une vie" pour cette future archéologue.
Plus de 2.200 deniers et obole en argent, en majorité émises par l'abbaye de Cluny, ainsi que 21 dinars musulmans en or enfermés dans une peau tannée, étaient regroupés dans un sac en toile.
Il renfermait également une bague sigillaire en or marquée "Avete", une "parole de salutation dans un contexte religieux", une feuille d'or repliée de 24 grammes et une piécette en or.
Le délégué régional du CNRS Frédéric Faure s'est félicité de cette "découverte impressionnante tant scientifiquement que pour le grand public".
Une photographie fournie par l'Université Lyon II, montrant une bague retrouvée lors de fouilles à Cluny, en Saône-et-Loire, le 12 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Ce qui est assez rare, c'est que c'est un trésor de la première moitié du XIIe siècle, très homogène, nous l'avons dans sa globalité, nous avons ses contenants même s'ils subsistent à l'état de vestiges et nous savons où nous sommes dans l'abbaye, ça ouvre des perspectives énormes de recherche", s'est réjoui Anne Baud.
À qui appartenait-il ? "Les hypothèses sont les plus raisonnables et les plus folles", a-t-elle répondu.
"On entrevoit une petite histoire : celle d'un religieux qui a enfoui son pécule pour le cacher", a précisé Mme Flammin.
Pour le spécialiste des monnaies Vincent Borrel, la présence dans ce trésor de dinars en or en provenance d'Espagne et du Maroc s'explique notamment par l'existence en Espagne de prieurés clunysiens.
"La valeur globale de ce trésor pour l'époque est estimée entre trois et huit chevaux, l'équivalent des voitures de nos jours, mais à l'échelle de l'abbaye c'est assez faible car cela représentait environ six jours d'approvisionnement en pain et en vin", a-t-il ajouté.