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Un pompier tente d'éteindre un incendie le 16 octobre à Cabanoes, près de Louzan au Portugal. |
La campagne de sensibilisation lancée la semaine dernière dans la presse écrite et les médias audiovisuels publics, a été étendue lundi 13 novembre aux écrans des distributeurs de billets à travers le pays, a expliqué un porte-parole du ministère de l'Environnement.
Concrètement, le gouvernement demande à tous les Portugais d'éviter de gaspiller de l'eau pendant une minute par jour pour économiser environ 12 litres d'eau. Si la consigne est suivie par les 10 millions d'habitants que compte le pays, cela permettrait de subvenir aux besoins fondamentaux quotidiens d'un million de personnes.
"Cette campagne est destinée à ceux qui ne ressentent pas encore les effets de la sécheresse. Les agriculteurs sont ceux qui en consomment le plus (d'eau), mais ils sont aussi les plus touchés", a expliqué le ministre de l'Environnement, Joao Pedro Matos Fernandes.
En ce qui concerne l'approvisionnement des populations, la situation la plus critique concerne la ville de Viseu, capitale régionale située à près de 300 km au nord de Lisbonne.
Les autorités ont ainsi décidé de doubler les livraisons d'eau par camion-citerne à cette commune de près de 100.000 habitants, afin d'atteindre les 10.000 mètres cubes par jour, soit environ deux tiers de ses besoins.
Les réservoirs du réseau de distribution de la ville sont déjà alimentés depuis le début du mois par une vingtaine de ces camions-citernes, venus pallier le niveau anormalement bas du barrage de Fagilde, tombé à entre 10 et 15% de sa capacité.
Le réservoir de Fagilde a notamment été utilisé cet été pour lutter contre les feux de forêts les plus meurtriers de l'histoire portugaise.
"La situation de Fagilde est la plus préoccupante, car il n'y a de l'eau que pour un mois de consommation, mais le Portugal ne se retrouvera pas sans eau", a assuré le ministre de l'Environnement.
D'autres bassins au niveau alarmant, notamment celui de Monte da Rocha près d'Ourique (Sud), disposent de réserves pour au moins un an de consommation, a expliqué M. Matos Fernandes.
Chaleur record
Alors que l'ensemble du territoire continental portugais est déjà frappé par une sécheresse "sévère" ou "extrême", la probabilité d'un retour de la pluie était très basse au moins jusqu'au 21 novembre, selon les prévisions de l'Institut météorologique portugais (IPMA).
"Le pays n'avait jamais connu une sécheresse comme celle-ci dans la mesure où elle s'est nettement aggravée pendant le mois d'octobre, une période de l'année où normalement la situation s'améliore", a déclaré Fatima Espirito Santo, climatologue à l'IPMA.
Le Portugal a connu le mois d'octobre le plus chaud depuis 1931, date des premières données comparables. "Les températures enregistrées depuis le printemps ont été très élevées et, pendant l'été, il a plu environ le tiers de la moyenne pour la saison", a détaillé la spécialiste.
Face à ce scénario, le gouvernement portugais souhaite renégocier avec l'Espagne voisine l'accord encadrant les débits minimums des fleuves qui traversent les deux pays, pour qu'ils soient désormais calculés de façon quotidienne, et non plus hebdomadaire.
"C'est vraiment important d'avoir un flux plus régulier de l'eau qui arrive au Portugal en provenance de l'Espagne", a souligné le ministre de l'Environnement.
La sécheresse qui frappe le Portugal a grandement contribué à l'année noire qu'a connu le pays sur le front des incendies, qui ont ravagé 442.000 hectares de végétation entre début janvier et fin octobre, établissant un nouveau record historique.
Mais l'année 2017 restera surtout marquée par les feux de forêt qui ont fait 64 morts en juin dans la région de Pedrogao Grande (Centre), puis 45 victimes en octobre dans plusieurs districts du centre et du nord du Portugal.
AFP/VNA/CVN