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Le Premier ministre Édouard Philippe s'exprime à l'ouverture de la Convention citoyenne pour le climat, le 4 octobre à Paris. |
Au troisième jour de leurs travaux dimanche 6 octobre, les 150 citoyens tirés au sort, qui devront remettre en janvier leurs propositions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, n'en sont pas encore à proposer des solutions, mais ils ont identifié trois "niveaux" de blocages freinant la lutte contre le changement climatique : "économiques, politiques et individuels".
De nombreux participants estiment que "l'obsession pour la croissance, les indicateurs de PIB et la logique des bénéfices est un frein à la transition" et que "l'intérêt financier prime sur l'intérêt commun", a ainsi déclaré Mohammed, du Mans, en rendant compte des travaux de la veille.
Tristan, de la Réunion, a lui souligné la "résistance consciente ou inconsciente au changement" des citoyens pris dans la "culture de consommation qui domine notre mode de vie". Tandis qu'Angela pointait du doigt le "manque de courage" des politiques.
D'ailleurs, le gouvernement voudrait-il que cette convention fasse revenir la hausse de la taxe carbone stoppé sous pression des "gilets jaunes", s'interroge un participant ?
"On n'est pas en train de vouloir se dédouaner, de dire +il y a des décisions courageuses, nous on ne sait pas les prendre et on compte sur vous+. Ce n'est pas ça", a assuré la ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne, répondant aux questions des citoyens en compagnie de représentants du monde économique, associatif et syndical.
"Il n'y pas de transition écologique qui peut se faire sans les citoyens. Il est d'autant plus important de dire ça qu'on a parfois été maladroit", a-t-elle ajouté, évoquant la crise des "gilets jaunes".
Quels financements ?
Les questions élaborées par petits groupes posées posées dimanche 6 octobre par les citoyens laissent entrevoir quelques thèmes centraux sur lesquels leurs travaux devraient se pencher.
Sans surprise, en vedette, les transports, responsables de 30% des émissions françaises de gaz à effet de serre.
Alors que l'heure est à l'encouragement de mobilités propres, "comment expliquez-vous que la SNCF ferme des petites lignes, et que le train soit plus cher ou aussi cher que l'avion", lance Brigitte, qui vient de Méditerranée.
Dans leur ligne de mire également, la rénovation des nombreux logements qualifiés de "passoires énergétiques" et la question des financements gigantesques de ces travaux et de la transition de manière générale.
"Comment expliquer que lors de la crise économique de 2008, les politiques ont trouvé les financements pour sauver les banques et les entreprises automobiles, et pour cette crise écologique ils ne trouvent pas les financements ?", accuse Gilles, de Normandie, sous les applaudissements.
C'est à cause de "notre rapport au temps", répond le PDG du gestionnaire des aéroports de Paris ADP, Augustin de Romanet, faisant une comparaison avec la dette publique grâce à laquelle "notre mode de vie sera payé par nos enfants".
"Collectivement, nous n'avons pas de sens de responsabilité vis-à-vis de la génération future assez développé", estime-t-il.
Malgré ces blocages, ces résistances, ces freins à la mise en œuvre d'une transition écologique sans laquelle il sera impossible de limiter les impacts dramatiques du dérèglement climatique, les 150 citoyens devront avoir le courage de proposer des mesures "plus fortes", a de son côté plaidé Anne Bringault, de l'ONG Réseau Action Climat.
"Il va falloir débattre de mesures qui ne font pas consensus (...), je vous incite à ne pas avoir peur de ces débats houleux entre vous et à rentrer dans ces mesures", a-t-elle insisté, ajoutant : "l'une des pires conclusions de cette Convention serait un consensus mou, qui ne fait pas avancer les choses".
AFP/VNA/CVN